Valentin Oberholzer
Point de vue

Le deuxième écran gâche le jeu

Valentin Oberholzer
25/1/2025
Traduction : Martin Grande

Au moindre écran de chargement, mes yeux se détournent vers mon deuxième écran. Mon expérience de jeu et mon niveau de gaming en pâtissent.

Mon cerveau de singe est impatient. À la moindre interruption ou cinématique, mon cerveau scanne mon champ de vision à la recherche de nouvelles images. C’est la raison pour laquelle je ne lis pas les astuces du jeu qui s’affichent pendant l’écran de chargement, je ne suis pas les dialogues des cinématiques et je ne prends pas part aux discussions stratégiques avec mes partenaires de jeu entre les parties.

Je me laisse distraire et c’est flagrant dans les jeux multijoueurs. Quand le deuxième moniteur est allumé, je suis moins concentré et je fais plus d’erreurs. Même pas besoin de lancer des vidéos. Les images du Net faites pour attirer mon attention (clickbait images en anglais) m’éloignent de mon écran principal, et mon équipe en fait les frais.

Un cercle vicieux s’installe. Je vous donne un exemple : dans Smite, mon personnage met jusqu’à une minute à respawn, selon la phase de jeu. Je pourrais profiter de ce temps pour acheter des objets, analyser le style de jeu de mes coéquipiers et de mes adversaires et repérer les objectifs à sécuriser sur la carte. Vous l’aurez deviné...

À ma résurrection, je m’élance sans but sur la map, je me laisse embarquer dans un combat sans espoir et peu de temps après, je me demande pourquoi je suis de nouveau mort. Ce qui me ramène à mes petites vidéos rigolotes, loin de mes déboires en jeu et de mon équipe qui commence à m’insulter (à raison) dans le chat. Et c’est ainsi que je sombre dans une spirale infernale pavée de ma propre futilité.

La camisole de force

Le pire, c’est que je suis conscient qu’en plus de passer à côté de ma propre partie, je gâche aussi celle de mon équipe. Je ne peux pas m’empêcher de regarder l’autre écran.

C’est la raison pour laquelle j’ai recours à des mesures de plus en plus radicales. Pour me concentrer, j’éteins le deuxième écran. La seule chose plus ennuyeuse qu’un écran de chargement est un écran complètement noir. Si j’y arrive, je range aussi mon téléphone portable hors me ma portée afin de ne pas succomber à la terrible tentation de cet autre écran, non moins redoutable.

Ce comportement me permet de rester présent physiquement et mentalement. Au lieu de m’instruire sur le dernier résultat de votation en Suisse, j’en apprends un peu plus sur la politique de l’univers Warhammer. Je préfère consacrer toute mon attention à un seul média plutôt que de la répartir sur plusieurs et de ne pouvoir vraiment en apprécier aucun. Tout compte fait, je crois que mon cerveau de singe est trop bête pour faire du multitâche.

Photo d’en-tête : Valentin Oberholzer

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Mes refuges portent des noms comme la Terre du Milieu, Skyrim et Azeroth. Si je dois les quitter en raison d'obligations de la vie réelle, leurs bandes-son épiques m'accompagnent au quotidien, à la LAN party ou à la session D&D.


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