En coulisse

Quatre raisons pour lesquelles « Pluto » pourrait devenir l’anime de l’année

Kevin Hofer
19/10/2023

« Pluto » mélange « Blade Runner » avec « Monster », « Seven » et « The Boys ». Le mélange fonctionne parfaitement en tant que manga. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle le prochain anime Netflix a le potentiel pour devenir un grand succès.

Si vous êtes fan d’anime, marquez le 26 octobre d’une pierre blanche dans votre calendrier. L’anime de science-fiction Pluto, basé sur le manga du même nom, sera diffusé sur Netflix. Ce dernier a été écrit par Naoki Urasawa, l’auteur de Monster, anime sur lequel j’ai récemment écrit un article. Mais l’auteur n’est qu’une des raisons pour lesquelles Pluto a le potentiel de devenir un succès.

1. Le modèle

Pour Pluto, Naoki Urasawa s’inspire d’une grande, si ce n’est la plus grande œuvre manga : Astro, le petit robot. Ce manga a été publié entre 1952 et 1968 et a été dessiné par Osamu Tezuka, surnommé le « dieu du manga ». Au Japon, l’œuvre s’appelait à l’origine Tetsuwan Atomu.

Tetsuwan Atomu, est un robot à énergie nucléaire qui, au fil de ses aventures, en apprend toujours plus sur l’humanité. En tant que superhéros, il sauve toujours l’humanité. Le manga est également une réaction d’Osamu Tezuka aux ravages de la Seconde Guerre mondiale et aux bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Avec Atom, il oppose quelque chose de positif à la force de destruction nucléaire : l’espoir et le renouveau. Atom est donc un personnage légendaire comme Superman.

Astro ou Tetsuwan Atomu était et est toujours si populaire qu’il est apparu plusieurs fois sur des timbres.
Astro ou Tetsuwan Atomu était et est toujours si populaire qu’il est apparu plusieurs fois sur des timbres.
Source : Shutterstock / rook76

Le point de départ de Pluto est l’arc narratif de « Le robot le plus fort du monde » du manga Astro, le petit robot. Dans celui-ci, un sultan construit un robot appelé Pluto. Il doit devenir le roi de tous les robots, c’est pourquoi le sultan l’envoie détruire les sept robots les plus puissants du monde. Outre ce point de départ, Naoki Urasawa reprend également la plupart des personnages et de nombreux lieux de l’œuvre originale.

Les descendants de Makoto Tezuka sont stricts quant à son œuvre. Le fils de Makoto Tezuka a insisté pour que Naoki Urasawa fasse sa propre interprétation de l’histoire avec son style. Un simple hommage ou une copie n’étaient pas souhaités. Naoki Urasawa a eu l’idée de transformer Astro, le petit robot en une histoire de détective. Le personnage principal ne devrait plus être Atom, mais un inspecteur. L’idée a été bien accueillie.

2. L’œuvre

Dans Pluto, une série de meurtres tient le monde en haleine. Tous les cas portent la signature de l’agresseur ou de l’agresseuse : des cornes sur le crâne des victimes. L’absence de traces médico-légales laisse supposer qu’il s’agit d’un robot. Cela devrait toutefois être impossible, car les robots sont programmés pour ne pas faire de mal aux humains.

Le manga « Pluto » est paru en huit volumes.
Le manga « Pluto » est paru en huit volumes.
Source : Kevin Hofer

L’enquêteur d’Europol « Gesicht », basé à Düsseldorf, est chargé de l’enquête. Gesicht est l’un des sept robots les plus avancés du monde. Il rappelle le protagoniste typique d’un film noir : fatigué de son travail et avec un passé tragique.
Au cours de son enquête, il s’avère que les sept robots les plus puissants et certains scientifiques sont les cibles des meurtres. Au cours de l’histoire, Gesicht rencontre également Atom et les autres sept grands robots.

Trois ans avant l’histoire principale, la 39e guerre d’Asie Centrale prend fin. Dans cette dernière, les États-Unis de Thrace ont envahi la Perse. Sous le prétexte que cette dernière détenait illégalement des armes de destruction massive ; ce qui n’était pas le cas.

Les faits qui précèdent l’histoire de Pluto présentent des parallèles évidents avec la réalité. Pluto voit le jour entre 2003 et 2009. Une époque où le monde est toujours plus exposé à la menace des armes de destruction massive. L’œuvre prend pour modèle l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Dans Pluto, les prétendues armes de destruction massive sont des robots. C’est d’ailleurs eux qui, dans l’œuvre, font la différence pendant la guerre.

Lors de la 39e guerre d’Asie Centrale, les robots Mont Blanc (à gauche) et Brando (à droite) ont tué beaucoup de leurs congénères.
Lors de la 39e guerre d’Asie Centrale, les robots Mont Blanc (à gauche) et Brando (à droite) ont tué beaucoup de leurs congénères.
Source : VIZ Media

Les sept grands robots ont eu, d’une manière ou d’une autre, une influence sur la 39e guerre d’Asie Centrale. Soit ils se sont battus comme Gesicht et ont eu beaucoup de leurs camarades robots sur la conscience, soit ils ont été utilisés comme propagande, à l’instar d’Atom. Ils souffrent de leur influence et des rôles qu’ils ont joués pendant la guerre. Les sept grands robots sont vénérés par l’humanité comme des superhéros, mais au fond d’eux-mêmes, ce sont des personnages profondément divisés, avec des failles.

Le personnage mignon et parfait d’Astro, le petit robot apparaît sous un autre jour dans Pluto. Atom, dans le récit de Tezuka, est censé donner de l’espoir aux gens de l’après-guerre en tant que personnage intouchable. Naoki Urasawa lui donne plus de profondeur et le rend plus accessible. Je m’identifie davantage au personnage vulnérable et plein de défauts qu’au personnage Atom d’Osamu Tezuka.

Les thèmes centraux de l’œuvre sont l’horreur de la guerre, la xénophobie et le racisme. Pour ce faire, comme dans Monster, des questions d’identité et ce qu’être humain signifie sont posés. Les structures étatiques et l’exploitation du pouvoir sont examinées de manière critique. Mais je ne veux pas vous en dire plus sur l’histoire. Car comme toutes les œuvres de Naoki Urasawa, Pluto vous laisse de la place pour vos propres interprétations.

3. Le mangaka

Naoki Urasawa est l’un des mangakas les plus renommés de notre époque. Il a été récompensé par divers prix, dont le Tezuka Osamu Cultural Prize. Naoki Urasawa est un maître de la narration. Il s’aventure dans divers genres. Alors que Monster s’inspire du monde réel, Pluto se déroule dans un monde futuriste. Sa dernière œuvre, Asadora, mêle télénovelas japonaises, kaijū et histoire alternative.

Naoki Urasawa ne se consacre pas à un genre particulier.
Naoki Urasawa ne se consacre pas à un genre particulier.
Source : Yves Tennevin / CC BY-SA 3.0

Le style de dessin de Naoki Urasawa se caractérise par des lignes claires et sans fioritures. Ses arrière-plans regorgent de détails. Les visages et les expressions faciales sont au cœur des personnages. Chez Naoki Urasawa vous ne trouverez pas de personnages hypersexualisés. Malgré des thèmes parfois mystiques et futuristes, les planches et les histoires sont épurées et réalistes.

4. Le studio

Un créateur de génie et un bon modèle ne sont pas garants de succès. Un dernier point laisse toutefois supposer que Pluto aura la transposition en anime qu’il mérite. Cela dépend du studio qui se chargera de la production.

Derrière ce projet se trouve nul autre que Masao Murayama. Ce dernier commence sa carrière chez Mushi Production, où il travaille pour le créateur d’Astro, le petit robot, Osamu Tezuka. Il quitte le studio en 1972 et fonde le studio Madhouse avec des collègues. Ici, il est responsable de la production. Dans cette fonction, il produit certains des meilleurs animes jamais réalisés. Parmi eux, les films légendaires de Satoshi Kon comme Perfect Blue ou Tokyo Godfathers. Des séries comme Ninja Scroll ou Monster sont également issues du studio Madhouse.

Masao Murayama a travaillé pour deux des plus grands studios d’animation : Madhouse et Mappa.
Masao Murayama a travaillé pour deux des plus grands studios d’animation : Madhouse et Mappa.
Source : Kevin Hofer

Murayama prouve à partir de 2011 qu’il n’est pas seulement capable de produire des films tranquilles. Il quitte ensuite Madhouse et fonde un autre studio qui va bouleverser la scène dans les années à venir : Mappa. Le studio est responsable, du moins en partie, de la réalisation d’Attack on Titan ou de Vinland Saga. Comme si cela ne suffisait pas, Mappa réalise également les animes à partir de shōnen mangas : Jujutsu Kaisen, Hell’s Paradise et Chainsaw Man.

Entre-temps, Masao Murayama n’est plus président de Mappa ; mais pas par ce qu’il est à la retraite. Non, en 2016, il fonde un autre studio : M2. Ce dernier est désormais responsable de la mise en œuvre de Pluto.

Le style de Masao Murayama est clairement visible dans la bande-annonce de Pluto. Ce faisant, l’anime semble également rester fidèle au manga et au style de Naoki Urasawa. Certaines planches sont réalisées une par une, comme vous pouvez le voir dans la vidéo suivante. L’histoire semble également suivre le modèle.

Pluto réussit à réunir divers genres : cyberpunk et histoires policières. Thriller et histoire de superhéros. Mais les héros ne sont pas si super que ça. Ils ont des défauts ; même « Astro », qui a inspiré l’histoire.

J’ai hâte de voir Pluto. Je suis en train de lire le manga pour la deuxième fois, pour me préparer à la sortie du 26 octobre. Sur la base des quatre points mentionnés, je suis convaincu que l’anime sera un succès et peut-être même le meilleur de l’année 2023.

Photo d’en-tête : Netflix

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