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American Nightmare 5 : Sans Limites. L’effondrement créatif d’une franchise

« American Nightmare 5 : Sans Limites » promet de la violence et de la satire. Sauf que le deuxième point est absent du long métrage parce que le créateur de la série « American Nightmare » a perdu son propre concept et ne souhaite pas sortir de sa zone de confort.

Cela devait être une nuit où tout était légal : crimes, meurtres, viols, vols, absolument tout. Mais le peuple états-unien de 2030 en a gros. La Purge, comme cette nuit est appelée, doit continuer ad vitam æternam.

Voilà donc le synopsis de « American Nightmare 5 : Sans Limites », cinquième opus de la saga « American Nightmare », qui sort aujourd’hui dans les salles de cinéma.

Le film est un bide monumental. Et ce pour plusieurs raisons. À moins que vous ne soyez un irréductible aficionado de la série et d’être sûr à 100 % qu’un tueur en série cherche à vous zigouiller ; si vous n’allez pas au cinéma... évitez ce long métrage.

La satire : tout repose sur les personnages

Le scénario de ce film, mais aussi des quatre précédents de la série, a été écrit par James DeMonaco. Il a même tourné certains d'entre eux. Les films peuvent donc être vus comme une sorte de chronique. À intervalle irrégulier, une nouvelle chronique sort dans laquelle James DeMonaco tend un miroir déformant du monde. Il veut créer sa satire sociétale en la déguisant en film d’action/horreur.

Dans « American Nightmare 5 : Sans Limites », le réalisateur ne veut pas s’attaquer à la présidence de Donald Trump, mais aux effets sociaux provoqués par « l’homme orange ». James DeMonaco aborde la radicalisation, les tendances à la violence ainsi que la colère. Malheureusement, tout semble monté avec les pieds dans cette satire-là.

À un moment donné, en tant que spectateur, vous vous dites : ça sonne faux. Au plus tard dans la scène où le recruteur de Robert David Hall déclare avec fierté et sans aucune ironie : « L’infanterie mobile a fait de moi l’homme que je suis aujourd’hui. » Il lui manque les deux jambes et un bras.

Le raciste

La solution pourrait être l’introduction de personnages forts à la fois visuellement et au niveau du message qu’ils véhiculent. Le film a besoin de deux personnages en particulier pour que la satire fonctionne.

Il apparaît évident que l’équipe de production a eu l’idée d’un tel personnage lorsque l’on regarde l’affiche du film.

Il y a effectivement le personnage qui apparaît comme ultra-américain et excessif au possible. On peut néanmoins regretter que cet homme et son cheval apparaissent si rarement dans le film et que personne ne se souviendra d’eux après le générique de fin.

Le gauchiste

Ce membre de l’alt-right doit combattre une figure au moins aussi forte.

Lorsque ces deux personnages sont assis dans la même pièce et doivent faire face à des hordes d’écervelés armés, la satire fonctionne. Car dans une satire, les personnages caricaturés ne sont que des prolongements exagérés du monde réel. Je suis sûr que certains lecteurs seront outrés par les images de la féministe hystérique et de l’homme raciste. Ou par les qualificatifs que j’utilise pour les nommer. Une satire peut être basée sur cela.

Le problème

Le problème réside dans le fait que ce procédé provoquerait forcément le mécontentement d’une personne dans le public. Si dans le film, la féministe hystérique se fait tirer dans l’épaule, Twitter se plaindra que le long métrage est misogyne. Si l’homme de l’Alt Right tombe dans les escaliers en fuyant des tireurs et se casse le bras, Twitter reprochera au film de ridiculiser la nouvelle droite et que le scénario a été écrit par « Woke Hollywood ».

Les deux camps peuvent tout à fait se livrer à des guerres de mots entre deux scènes d’actions, se trouver, se perdre, exagérer, s’entendre. Le public, lui, prend conscience de l’absurde de la situation, secoue la tête d’incompréhension, rigole. Le principe même de la satire en somme.

Si seulement « American Nightmare 5 : Sans Limites » adoptait ces principes et ne se montrait pas aussi pusillanime. Hélas, le film semble chercher à ne blesser personne dans ses prises de position politiques et/ou humaines. Le long métrage se contente finalement de doucher nos espoirs.

Ce que « American Nightmare 5 : Sans Limites » nous propose

En face de lui se dresse Juan, l’immigrant illégal aux États-Unis de richesse et du rêve américain. Peut-être. Parce qu’on n’apprend pas grand-chose sur lui. Il vit aux USA et Dylan se montre toujours si méchant avec lui. Et ce malgré le fait qu’il soit un meilleur cowboy que Dylan. D’accord.

Vu qu’ils sont tous les deux des cowboys, c’est-à-dire qu’ils travaillent dans une ferme avec des chevaux, ils sont amenés à avoir un peu la même apparence. Aux chiottes les tatouages et les cheveux bleus, les chapeaux de cowboy représentent désormais la mode.

Bien sûr, il y a aussi une femme. Plusieurs, même. Mais leur rôle se cantonne à celui de décoration nécessaire à l’avancée de l’intrigue et d’éléments menaçants pour les hommes. Je pourrais encore aller plus loin dans ces descriptions. Les deux personnages principaux ne présentant déjà aucun intérêt, il ne faudrait surtout pas que les personnages secondaires leur volent la vedette.

Sans maîtrise, la puissance n’est rien

Vous devez vous poser la question : personne pour se mettre en rogne contre Hollywood et James DeMarco ? Personne ne s’est offusqué qu’un cinéaste ait eu l’audace de détourner une chanson fabuleusement patriotique pour en faire une vision d’horreur, de violence et de perversion ? C’est justement là que la satire entre en jeu. Elle fait mal, elle va droit au cœur et, à la fin, elle vous amène à réfléchir.

En plus, James DeMarco se met complètement à l’écart avec « American Nightmare 5 : Sans Limites » dans le cadre de sa propre série. Partons du principe qu’il existe bel et bien des fans de la saga, même si aucun personnage n’apparaît dans plus de deux films, ce qui affaiblit quelque peu leurs développement.

La question qui se pose est la suivante : où va-t-on ?

Après l’ironique « Yankees qui se rendent illégalement au Mexique » et le fait que c’est toujours la Purge, il ne reste plus beaucoup de potentiel pour une satire intéressante, qu’elle soit bonne ou mauvaise. On aura probablement droit à quelque chose comme « $personnage doit se rendre à $grandevilletypiqueUS parce que $raison. La violence suit. » Des débats ? Impensable. Des idées ? Non.

La franchise « American Nightmare » subit un véritable effondrement créatif.

Le miroir déformant est désormais brisé à cause de la stupidité d’un auteur et de la retenue d’un studio.

Si vous voulez vraiment aller au cinéma et voir un bon film, allez plutôt regarder « The Suicide Squad ». En plus d’offrir une bonne dose de violence, vous remarquerez que le film n’épargne personne et s’avère également amusant.

Au fait, dans le film, les Purgeurs appellent leur campagne de violence permanente « The Purge Ever After ». Un petit malin de patron de studio a-t-il choisi le titre du film sans lire le scénario ?

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Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.


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