Critique de film « The Suicide Squad » : très brutal, mais sacrément brillant
Critique

Critique de film « The Suicide Squad » : très brutal, mais sacrément brillant

Luca Fontana
29/7/2021
Traduction: Anne Chapuis

Violent, encore plus violent ; The Suicide Squad. Et pourtant, derrière toute cette violence se cache une histoire poignante avec des personnages crédibles. Une chose est certaine, l'univers cinématographique DC est de retour.

Avant toute chose, il n'y a aucun spoiler dans cette critique. Vous n’apprendrez rien de plus que ce qui est déjà révélé dans les bandes-annonces existantes.


Les secondes chances : le réalisateur James Gunn peut vous raconter des choses à ce sujet. En 2018, il a perdu son poste de réalisateur dans « Guardians of the Galaxy, Vol.3 ». Des tweets de Gunn, vieux de dix ans, méchants et très douteux, qu'il avait supprimés depuis longtemps, avaient été mis au jour. Puis suit le mea culpa. Un an plus tard, la réhabilitation : Gunn peut quand même tourner Guardians 3.

Entre-temps, il a changé de camp pour une courte période. Il est passé de Marvel à DC. Une seconde chance ? Certainement. Car le Suicide Squad de 2016 est le plus grand débâcle de DC à ce jour. Gunn a repris le film raté. Il y a mis tout son cœur.

Le résultat est The Suicide Squad, une suite très divertissante qui sort des sentiers battus et qui, grâce à son nouveau classement R, est une sorte de reboot.

L'histoire d'une seconde chance

À la base, l'unité d'opération secrète approuvée par le gouvernement et composée de méchants qui ne manqueraient à personne s'ils venaient à mourir s'appelle « Task Force X ». Elle a été fondée par la directrice sans scrupules d'ARGUS, Amanda Waller (Viola Davis). Son plan : les envoyer en mission suicide en échange de peines de prison atténuées pour lesquelles le gouvernement ne se salirait jamais les mains.

« Je ferais tout pour sortir de cet enfer », dit l'un des détenus.

« Bienvenue à ‹Tout› », répond Amanda Waller.

Une seconde chance, vouée à l'échec. C'est pourquoi survient le nom « Suicide Squad ».

Le problème du jour : un État insulaire fictif qui fait un peu penser à Cuba. Car après un coup d'État militaire, le « Project Starfish », une super-arme qui pourrait être utilisée contre l'Amérique, est tombé entre les mains du nouveau gouvernement maléfique. La mission du Suicide Squad : détruire le projet et toutes ses preuves et repartir ;

en toute discrétion.

Héhé.

Sorti tout droit du formidable esprit tordu de James Gunn

C'est comme si James Gunn était né pour ce travail de mise en scène. Car, depuis Guardians of the Galaxy ce n'est plus un secret qu'il est capable de faire autre chose que des films de superhéros génériques à gros budget. Ni qu'il aime tester les limites de la bienséance avec des films ultra-violents. Son Super de 2010 l'a prouvé.

The Suicide Squad est un mélange des deux.

Qu'est-ce que le générique de début est censé me dire d'autre ? Ils écrivent le titre du film dans le sang d'une tête fraîchement explosée, garnie de ses restes de chair et de cerveau. Qui invente un truc pareil si ce n'est James Gunn avec son esprit formidablement tordu ?

Un tout petit avant-goût de ce qui vous attend dans le film.
Un tout petit avant-goût de ce qui vous attend dans le film.
Source : © 2021 WBEI TM & © DC

Ce n'est que le début. Croyez-moi, The Suicide Squad n'est pas pour les âmes sensibles. Même la série ultra-brutale ridiculisant les superhéros The Boys n'arrive pas à caser autant de sang, de tripes, de parties de corps déchirées, déchiquetées et autrement sectionnées en un si court laps de temps. Le simple fait de le décrire dégoûte. Imaginez ce que c'est que de voir ce bain de sang de vos propres yeux et de ne pouvoir vous empêcher de sourire devant l'absurdité de ce que vous voyez.

Mais Gunn est ainsi, tout comme The Suicide Squad. C’est voulu. Cela a été fait consciemment. C'était en quelque sorte l'accord passé avec Gunn : vous voulez des antihéros moralement ambivalents ? Alors, vous allez être servi. Pour le même prix, vous pourrez aussi réaligner un peu votre boussole morale ici et là. Et irez en enfer pour cela. Tout le reste serait trop facile.

Trop bon marché.

J'ai rarement célébré Jon Cena autant que je l'ai fait avec cette cuvette de toilettes sur la tête.
J'ai rarement célébré Jon Cena autant que je l'ai fait avec cette cuvette de toilettes sur la tête.
Source : © 2021 WBEI TM & © DC

« Nous sommes les méchants. Nous faisons de telles choses », déclare Harley Quinn, à nouveau interprétée par Margot Robbie, comme dans le premier volet de Suicide Squad. Si ses paroles n'étaient que du vent dans le premier film, elle passe à l'action dans le deuxième. Et ce à chaque seconde du film. Cela devient clair, par exemple, lorsque Peace Maker, joué par Jon Cena, dit des choses comme « J'aime tellement la paix ; je me fiche du nombre d'hommes, de femmes et d'enfants que je dois tuer pour l'obtenir », puis met ses paroles en pratique.

Haha. Attendez une minute. Non. Attendez... on ne peut pas rire d'une telle chose.

Des personnages, beaucoup de personnages

Le fait que dans toute cette violence, extrêmement présente tout au long du film, mais ne dégénérant jamais en une fin en soi, il y ait aussi un film avec du cœur et une âme frise le miracle. James Gunn fait bien les choses, car il n'oublie jamais ses personnages. Contrairement à ce qui se passe dans le premier volet, tout le monde a droit à une histoire de fond, qui est si habilement racontée et si harmonieusement imbriquée dans l'histoire principale que The Suicide Squad semble sortir d'un seul moule.

Il y a, par exemple, Ratcatcher 2 (oui, le numéro fait partie de son nom), joué par Daniela Melchior, qui n'apparaît pas dans une seule bande-annonce, mais joue le cœur de la troupe dans The Suicide Squad. Elle fait preuve de bienveillance et de compassion. Il y a aussi Bloodsport, joué par Idris Elba. Son interprétation est tellement ancrée dans la réalité que même ses scènes avec King Shark semblent pouvoir se dérouler dans notre réalité.

King Shark est un peu un croisement entre un requin et Hulk.
King Shark est un peu un croisement entre un requin et Hulk.
Source : © 2021 WBEI TM & © DC

King Shark, quant à lui, est doublé par Sylvester Stallone. Il joue un être CGI un peu débile, mais sympathique avec un vocabulaire plus que limité. Il rappelle le Groot de Vin Diesel dans Guardians of the Galaxy. Juste plus drôle et plus bizarre. Ce n'est pas une coïncidence. En parlant de choses bizarres : ai-je mentionné le tragi-comique David Dastmalchian dans le rôle de Polka-Dot Man qui tire des tumeurs lumineuses ?

Je pourrais continuer comme cela pendant des heures. C'est pourquoi je me limite à une dernière anecdote : James Gunn l'a déjà fait dans Guardians of the Galaxy. Il a réussi à réunir un tas de personnages étranges au cours de son film, tout en donnant à chacun d'entre eux suffisamment de temps de présence pour se faire remarquer. Ce n'est bien entendu pas comparable avec une œuvre à la Justice League, qui a eu besoin d'un director's cut épique de quatre heures pour finalement tout pouvoir rassembler.

En bref : le « Squad » dans The Suicide Squad est primordial ici. Et cela fait un bien fou au film.

Verdict : une suite qui est plus qu'un simple reboot

En fin de compte, James Gunn a fait preuve d'une grande intelligence ; The Suicide Squad ne nie pas l'existence du Suicide Squad de 2016. Au lieu de cela, il utilise simplement les quelques éléments qui ont fonctionné et ajoute de nouveaux concepts qui manquaient auparavant. Par exemple, le « Suicide » dans Suicide Squad.

« Tue qui tu veux », avait dit le studio de cinéma Warner Bros. à James Gunn.

En revanche, Harley Quinn a déjà bien marché dans Suicide Squad. C'est pourquoi elle a pu revenir. Sauf qu'elle est encore plus déchaînée, comme il se doit. Mais parfois aussi un peu maladroite. Surtout lorsqu'elle est réduite à être la porte-parole infantile de Gunn : « C'est bon la pluie. C'est comme si une tripotée d'anges nous giclaient dessus. » Eu... d'accord...

Bon, un petit dérapage est supportable. Dans l'ensemble The Suicide Squad est simplement un film délicieusement absurde et divertissant dans lequel les personnages et leur histoire sont au centre des préoccupations, et non la violence excessive. Bien sûr, je ne peux pas en faire abstraction. Je n'en ai pas envie d'ailleurs. Elle est là pour faire du bruit. Tout comme le Suicide Squad.

Des antihéros, en somme, de vrais antihéros.


The Suicide Squad sera diffusé dans les cinémas à partir du 28 juillet.

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Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.» 


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