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La fin du support de Windows 10 approche : voici ce que vous pouvez faire
par Martin Jud
En 2009, je me suis acheté le PC le moins cher de la marque « Digitec ». Aujourd’hui, je l’ai rallumé pour voir si je pouvais encore l’utiliser pour mon travail.
Le 26 septembre 2009, j’ai commandé un ordinateur appelé « Digitec Tharsis T40.7 » sur digitec.ch, donc un PC de sa propre marque. Je l’ai payé 709 francs suisses. Le système d’exploitation installé était Windows Vista Home Premium. J’avoue que je ne m’en serais pas souvenu, mais j’ai pu aller vérifier dans l’historique de mes commandes sur la boutique en ligne.
Aujourd’hui, le PC n’est plus exactement le même qu’à l’époque. L’intégration d’un SSD en 2012 représente le changement le plus important qu’a connu cet appareil, ce qui rend le démarrage du système dix fois plus rapide. Le ronronnement agaçant et permanent du disque dur est ainsi éliminé. En outre, le PC possède aujourd’hui une mémoire vive de 4 Go plutôt que deux comme à l’origine, et il fonctionne avec Windows 10 et non plus Windows Vista. La carte graphique NVIDIA GT 430 était presque intégrée dès le début, mais pas tout à fait.
En plus de la SSD de 120 Go pour le système et les programmes, le PC contient deux disques durs intégrés, l’un pour les données et l’autre comme sauvegarde. Ces disques durs ne sont pas actifs en permanence, ainsi on n’est gêné ni par leur bruit ni par leur lenteur.
J’ai utilisé cet ordinateur durant de nombreuses années. À partir de 2015, j’ai dû travailler avec un système virtuel, ce qui était impossible sur mon Tharsis. Mon père l’a récupéré. Cela dit, ces dernières années, l’ordinateur n’a pas beaucoup servi. D’ailleurs, en 2024 encore, quelqu’un de la famille était intéressé, mais ne l’a finalement pas repris. Pourtant on le lui aurait donné gratuitement.
Pauvre Tharsis ! Viens, je te reprends.
Je reprends donc mon vieux PC chez moi, connecte souris, clavier et écran et lance la machine. Il s’allume du premier coup. Je constate que la batterie de secours n’est pas morte, car la date et l’heure sont correctes. Tout d’abord, j’hallucine que seuls 2 Go de RAM sont installés. En ouvrant le boîtier, je remarque qu’une des deux barrettes de RAM n’est pas bien branchée. Je l’enfonce un petit coup et voilà, 4 Go.
Je dois télécharger de nombreuses mises à jour Windows, car l’ordinateur n’a pas été utilisé depuis un certain temps. Il faut plusieurs heures jusqu’à ce qu’il soit de nouveau à jour.
Cela dit, la grande mise à jour pour passer à Windows 11 n’est pas disponible en raison de l’absence de TPM 2.0, une exigence de Windows 11. Pour le moment, ce n’est pas un problème, mais après octobre 2025, il n’y aura plus de mises à jour de sécurité pour Windows 10. À partir de ce moment-là, l’ordinateur pourrait contenir des failles de sécurité non corrigées.
En 2023, pour une expérience personnelle, j’ai essayé de travailler durant une semaine sur un Mac Powerbook qui datait de 2001. C’était impossible. Il n’était même pas question de travailler de manière productive.
Avec le PC de Digitec, les chances d’y parvenir sont sensiblement plus élevées. Je retente donc mon expérience. Les premiers pas sont réjouissants. Microsoft Teams, par exemple, est un peu lent, mais fonctionne, même pour les appels vidéo. Les e-mails avec Outlook 365 fonctionnent aussi. Et, naturellement, c’est toujours possible de rédiger des textes. Je fais le tout dans le navigateur web. C’est pourquoi je pourrais probablement le faire aussi sur Linux, même si j’utilise des applications Microsoft. Cela pourrait me permettre de contourner la fin de Windows 10.
Le PC possède un processeur Intel Core 2 Duo E7200 avec 2,53 GHz, ce qui représente une vitesse acceptable pour du travail de bureau normal. Toutefois, les ventilateurs dérangent. Vu que je travaille depuis des années sur un Mac Mini complètement silencieux, je n’ai plus l’habitude de ce bruit. La carte graphique est pourtant refroidie passivement et j’avais déjà remplacé le ventilateur du boîtier d’origine par un autre moins bruyant. Le ventilateur du CPU est très énervant. Après être passé en mode silencieux dans le BIOS, c’est à peu près supportable, mais il faut quand même s’y habituer. Pour moi, ce n’est pas ça, un mode « silencieux ».
Ce PC ne dispose pas d’un Bluetooth intégré et je n’ai plus mon dongle Bluetooth. D’ailleurs, il n’y a pas de WiFi non plus. Mon cher Tharsis ne possède pas de connexion USB-C et son lecteur de carte intégré ne reconnaît pas les cartes mémoire actuelles. Je dois donc renoncer à certaines choses, mais la joie de retrouver mon vieux PC prend le dessus. Je peux travailler normalement, c’est-à-dire que je n’ai pas besoin d’avoir recours à des versions de programmes antiques et que je peux travailler avec le même logiciel que sur mon ordinateur moderne. Pour un PC de 16 ans, ça ne va pas forcément de soi.
Le lendemain, le vrai test a lieu : j’ai une séance virtuelle sur Microsoft Teams avec six autres personnes. Pour la faire courte, je peux communiquer avec les autres par vidéoconférence. Cela dit, le PC a tellement de peine qu’il ne parvient même pas à afficher le menu de démarrage de Windows pendant l’appel.
Si j’utilise l’application de bureau au lieu du navigateur web, le reste n’est pas bloqué. Par exemple, j’ai réussi à faire une capture d’écran de la conférence et à ajouter ce paragraphe au texte que vous êtes en train de lire.
J’essaie YouTube, et j’ai une mauvaise surprise : l’affichage en plein écran n’est pas fluide avec la résolution maximale, alors qu’il s’agit seulement de Full HD, car la carte graphique ne prend pas en charge l’UHD. Et, visiblement, le GPU laisse généreusement au CPU le soin de calculer, il tourne à plein régime. Je dois réduire la résolution à 720 p.
Parfois, après le démarrage du système, le CPU tourne à 100 % sans raison apparente et ce, pendant plusieurs minutes, car Windows doit encore faire quelque chose en arrière-plan.
Jusqu’à présent, je n’ai utilisé le vieux PC que pour des tâches de bureautique normales. Pour mon travail, cependant, j’utilise aussi un outil pour retoucher les photos RAW.
En règle générale j’utilise Adobe Lightroom. Toutefois, ce vieux PC de Digitec ne dispose pas d’assez de mémoire vive, car les exigences minimales sont actuellement de 8 Go. Je suis bien content de ne pas avoir à tester cela, car même si le logiciel fonctionnait, il serait sûrement extrêmement lent.
J’installe donc plutôt Darktable. C’est gratuit, donc autant essayer. Ce logiciel fonctionne, même s’il est lent. Si je change quelque chose aux réglages, l’effet ne se fait pas voir immédiatement. Bon, s’ajoute aussi le fait que je ne connais rien à ce logiciel. Il est très différent des autres convertisseurs RAW que je connais.
J’essaie avec Photopea, un logiciel gratuit avec un éditeur basé sur le web dont l’utilisation est très simple. Cela dit, ce logiciel est très lent sur mon PC. Je finis par installer encore RawTherapee. Ce convertisseur est réputé pour préserver les ressources. Toutefois, ce logiciel est aussi trop lent sur le Tharsis pour les gros documents de mon Canon EOS R5 avec une résolution de 45 mégapixels.
Pour finir, j’ai encore une idée : j’ai toujours une version coffret de Lightroom, car quand j’étais jeune et que le monde allait encore bien, on pouvait acheter ce logiciel plutôt que s’y abonner. J’installe donc Lightroom 3 à l’aide d’un DVD. J’avais complètement oublié que le curseur de la souris se figeait brièvement lorsqu’on insère un DVD. Ah, le bon vieux temps.
Lightroom 3 n’est pas en mesure de lire les fichiers RAW de mon appareil photo actuel. Je dois d’abord les convertir en format DNG à l’aide d’Adobe DNG Converter. Ce qui ne se fait pas très rapidement sur ce PC. Et c’est encore pire pour importer les images DNG dans Lightroom, il faut environ une minute pour en importer deux (!). Cela dit, une fois les images importées, ça va étonnamment vite. Dès que je commence à bidouiller les réglages, le résultat s’affiche sans trop de latence.
En fin de compte, le traitement de photo avec des fichiers RAW est toujours pénible, peu importe le logiciel. Je devrais soit prendre un appareil photo avec une résolution bien plus basse, soit utiliser des fichiers JPEG.
Le montage vidéo moderne est impossible sur le Tharsis de Digitec. En effet, vu que sur cet ordinateur je ne peux même pas visionner des vidéos dans la qualité habituelle, je n’ose même pas imaginer ce que ce serait si je devais faire du montage.
Il en va autrement lorsque pour un article anniversaire je ressors mes caméras des années 2000 pour filmer. La Canon PowerShot G1 et la Nikon Coolpix L3 permettent de réaliser des vidéos avec une résolution de 240 p que le Tharsis est capable de lire. Ces caméras fonctionnent avec d’anciennes cartes mémoire, c'est-à-dire celles qui sont reconnues par le lecteur de cartes intégré du PC de Digitec. Fantastique. Les choses se corsent quand il s’agit de trouver un logiciel qui fonctionne sur ce PC, mais je découvre que c’est le cas du navigateur web de Microsoft Clipchamp.
Il y a un point sur lequel l’ancien Tharsis dépasse de loin mon Mac Mini actuel : sa consommation d’énergie. Si le PC est allumé et inactif, il consomme environ 80 watts. À plein régime, il s’agit de 120 watts et il faut dire que ce n’est pas rare que le PC tourne à 100 % quand on travaille normalement. Je trouve encore pire le fait que le PC consomme 4 watts même éteint, jour et nuit, 365 jours par an, sauf si j’éteins l’interrupteur d’alimentation à l’arrière ; le courant est alors coupé.
Le Mac Mini, pour sa part, consomme 4 watts lorsqu’il est allumé. Dans mes réglages réels, ce sont 8 watts, car la station d’accueil avec sa SSD consomme elle aussi 4 watts. Lorsqu’il est beaucoup sollicité, l’appareil consomme entre 20 et 25 watts. Au quotidien, il ne tourne jamais à plein régime, mais selon Apple il consommerait 39 watts. Un Mac Mini de 2009 pouvait tout à fait consommer plus de 100 watts à plein régime.
Si je calcule la consommation d’énergie quotidienne des PC en supposant qu’ils restent allumés pendant 8 heures et éteints pendant 16 heures, j’obtiens les valeurs suivantes.
Digitec Tharsis (2009) :
Mac Mini (2020) :
Pour une journée de travail normale de 8 heures, l’ordinateur de 2009 consomme neuf fois plus d’énergie que mon ordinateur actuel.
Le Tharsis de Digitec, dans son état actuel, peut être utilisé pour des tâches de bureau, mais pas beaucoup plus. Reste à savoir s’il est possible d’améliorer le PC pour le rendre plus polyvalent sans trop d’effort.
C’est-à-dire en évitant de remplacer la carte mère, car sinon, à l’intérieur, il s’agirait d’un PC complètement différent. Il gardera donc sa P5GC MX1333 d’Asus.
On ne dirait pas non à plus de mémoire vive, mais la carte mère ne peut pas prendre en charge plus de 4 Go.
Pour ce qui est du processeur, je suis limité au socle LGA 775. Sur ricardo.ch, je trouve un processeur Intel Core 2 Duo E8400 pour cinq francs suisses qui est un peu mieux que mon E7200.
Pour la carte graphique, je tente ma chance avec une GeForce 710 que, aussi surprenant que cela puisse paraître, je trouve à acheter neuve. NVIDIA l’a relancée avec GDDR5, ce qui me convient parfaitement, car je tiens absolument à avoir une carte refroidie passivement.
Je n’étais pas certain que la carte graphique flambant neuve fonctionnerait sur le PC de 2009. Et pourtant c’est le cas : mon PC devient donc compatible avec la 4K. Cela dit, ça ne fonctionne pas du premier coup. En effet, tout d’abord les zones blanches apparaissent jaunes en 4K et l’aspect général n’est vraiment pas beau. Pour que ça fonctionne, je dois passer plusieurs fois de Full HD à UHD dans les réglages. En revanche, l’affichage en Full HD n’est pas bon, mais le principal, c’est que ça marche.
Malheureusement, les vidéos YouTube en Full HD ne fonctionnent toujours pas correctement. L’UHD n’est donc même pas envisageable. En jetant un coup d’œil dans la surveillance de la performance dans le gestionnaire des tâches, je constate tout de suite où se trouve le problème : c’est le CPU qui est surchargé et non la carte graphique. En effet, le processeur fonctionne constamment à son maximum lorsque j’essaie de visionner une vidéo YouTube en 4K.
Je me dis que ce n’est pas si grave, car j’ai encore l’Intel Core 2 Duo E8400 qui est mieux que le E7200. Il est donc temps de changer le processeur.
En retirant le ventilateur, je constate que la pâte thermique est partie en poussière. Apparemment, ce serait quelque chose de normal qu’il faudrait vérifier sur tous les vieux ordinateurs.
J’ai dû légèrement endommager le socle en changeant le processeur, car je ne parviens plus à allumer le PC, que ce soit avec le E8400 tout neuf ou le vieux E7200. Je ne peux donc pas dire si le changement de processeur aurait apporté une amélioration décisive ou pas.
Dans sa forme d’origine, c’est-à-dire sans amélioration telle que SSD ou plus de RAM, le Tharsis T40.7 de Digitec ne serait presque plus utilisable aujourd’hui. Mais ainsi, il fonctionne pour le travail de bureau, même avec des logiciels actuels. Il est même possible d’utiliser Microsoft Teams sur ce PC, cela dit, pour ce faire, le PC consomme beaucoup d’énergie.
Je trouve cela étonnant, car le PC a quand même 16 ans. Si, il y a dix ans, vous aviez essayé de travailler sur un appareil vieux de 16 ans, vous ne seriez pas arrivé bien loin. En effet, les ordinateurs sont aujourd’hui utilisables plus longtemps qu’avant. Voilà donc le résultat principal de mon expérience.
Cela dit, je ne recommanderais jamais un tel ordinateur. Aujourd’hui, on trouve des PC de seconde main bien meilleurs que celui-ci et pour pas cher. Ainsi, même si votre budget est très serré, il n’y a aucun sens de se torturer à ce point.
En effet, tout ce qui dépasse le travail de bureau standard est douloureux voire impossible à faire sur le Tharsis de Digitec. Le traitement d’image RAW ou le montage vidéo, les jeux modernes ou d’autres utilisations gourmandes en ressources ne fonctionnent pas ou de manière très peu supportable. Même les vidéos YouTube ont de la peine en Full HD. Par ailleurs, ce vieux PC est bruyant et consomme beaucoup d’énergie même lorsqu’il est éteint. C’est pourquoi je ne suis pas vraiment triste de l’avoir cassé sans faire exprès. Dans tous les cas, c’était sa destinée.
Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense.