Et si votre Switch avait 256 Go de mémoire à la place de 32 Go ? Attention, pas avec une carte SD, mais en remplaçant la puce mémoire. Plutôt compliqué vous vous dites ? Vous avez tout à fait raison.
« That looks like a giant pain in the ass »
Préparations
J'ai également besoin d'un poste de soudage à air chaud, de tresse à dessouder, de flux de brasage, d'un pinceau, d'un support de circuit imprimé, ainsi que de divers tournevis et pinces. Dans la rédaction, nous utilisons le set d'outils iFixit. Je ne dispose pas d'un poste de soudage à air chaud, je dois donc me contenter d'un poste de soudage ordinaire et d'un décapeur thermique. Ce dernier sera d'ailleurs ma perte.
Passons aux choses sérieuses
Si la suite de mon odyssée vous intéresse, vous pouvez cliquer sur « Suivre l'auteur » ci-dessous.
Enfant, je n’avais pas le droit d’avoir de console. Ce n’est qu’avec l’arrivée du PC familial 486 que le monde magique des jeux vidéo s’est ouvert à moi. Aujourd’hui, je compense largement ce manque : seuls le temps et l’argent m’empêchent d’essayer tous les jeux qui existent et de remplir mon étagère de consoles rétro rares.
Si je m'étais souvenu à temps que la PlayStation 1 fêtait ses 25 ans en décembre, j'aurais pu avoir la rétro-ingénierie la plus facile de tous les temps. Et rien que pour le plaisir, j'aurais encore ajouté le mod-chip pour jouer à des jeux piratés. Mais non... j'ai eu l'idée géniale d'étendre la mémoire interne d'une Nintendo Switch. Bien sûr, je pourrais simplement acheter une grosse carte microSD. Mais elle serait bien plus lente en lecture et en écriture que la puce eMMC intégrée. C'est pourquoi je me suis mis en tête de l'échanger contre une puce de 256 Go. Ça ne devrait pas être si compliqué, non ?
Comme je n'ai encore jamais dévissé une Switch avant, et encore moins remplacé une puce eMMC, la première chose que je fais est de vérifier sur YouTube s'il existe un bon mode d'emploi. Ce projet ne semble pas être très commun, car je ne trouve que quelques vidéos. La plus prometteuse est celle de l'Indonésien Kanal sthetix. Cependant, les commentaires sous la vidéo sont tout sauf encourageants. « That looks like a giant pain in the ass », écrit un utilisateur – et il devait avoir raison.
Mais nous n'en sommes pas encore là. En théorie, le projet est très simple. Ouvrir la Switch. Retirez l'ancienne puce eMMC. Souder la nouvelle. Revissez le tout, puis modifiez le logiciel de la Switch pour que les 256 Go puissent être utilisés. Cela semble faisable. La partie mécanique m'inquiète moins. Je n'attribue certainement pas cela à ma formation d'automaticien. Après l'apprentissage, je n'ai pas travaillé un seul jour dans cette profession. C'est plutôt parce que je suis beaucoup plus effrayé par le bricolage qu'il me faut faire au niveau du logiciel. Cela m'a déjà coûté des nerfs quand j'ai voulu rooter divers smartphones et, comparé à ce projet, c'était du pipi de chat.
Mais je reste optimiste. Les instructions de la vidéo sont très détaillées et en général, quand j'ai une idée en tête, elle fonctionne. Je commande donc une puce eMMC de 256 Go sur Aliexpress et un dongle USB C RCMloader pour pouvoir doter la Switch d'un firmware modifié. C'est nécessaire pour que le système reconnaisse la mémoire plus grande. Comme les Switch plus récentes ne sont actuellement pas piratables, j'utilise ma Launch Switch privée pour le projet. Pour savoir si votre Switch est déjà patchée, vous avez besoin de votre numéro de série.
Avant de pouvoir remplacer la puce, il faut préparer la Switch.
Une fois le matériel arrivé, je me mets au travail. Avant de démonter la Switch, je fais une sauvegarde de la mémoire NAND. J'en aurai besoin plus tard pour la nouvelle mémoire. Je lis aussi la clé BIS pour pouvoir déchiffrer la partition de la Switch avec Windows. Pour cela j'ai besoin du clip RCM, que je glisse là où le Joycon droit se trouve en temps normal. Ce clip active certaines broches. On pourrait le faire à la main, mais c'est extrêmement délicat.
Après cela, on peut passer au bricolage. La Switch se démonte en quelques minutes : je me demande si j'arriverai à me souvenir le l'emplacement exact de chaque petite vis. Le petit circuit imprimé, sur lequel est fixée la puce eMMC, s'enlève aussi facilement à l'aide d'un outil à spatule. Il est juste collé. Ensuite, je dois chauffer la puce avec un décapeur thermique jusqu'à ce que l'étain entre le circuit imprimé se liquéfie et que je puisse retirer la puce. D'après les instructions, je dois régler la température à 396 °C et mettre le débit d'air sur trois. Mon décapeur thermique n'a que deux réglages et aucun affichage de la température. Ça va aller... ou pas... En effet, quelques minutes plus tard : la bourde.
La puce se détache doucement du circuit imprimé avec très peu de pression. Mais apparemment, c'était déjà trop. Car une fois la puce retirée, je vois que la moitié des broches sont aussi parties. Elles sont restées sur la puce mémoire. Le circuit imprimé est donc inutilisable. Je n'arriverais jamais à rattacher toutes les petites broches. J'ai fait l'erreur de ne pas avoir chauffé le chip assez longtemps. J'aurais dû attendre qu'il se détache presque tout seul. Une fois n'est pas coutume, on se couchera moins bêtes ce soir. Et je dois aussi admettre que je suis un peu surestimé. Il y a une différence entre souder quelques résistances et remplacer une puce de la taille d'un ongle.
La puce s'est détachée, mais les broches aussi.
Est-ce que ma Switch est morte ? J'espère que non. J'ai déjà commandé un module eMMC déjà équipé – qui vient d'ailleurs de la même personne qui a fait le tutoriel vidéo 🤔. Je sens une conspiration ! Peu importe : le nouveau module tout prêt devrait être facile à installer et complétera ainsi le reste du projet.
