En coulisse

Yuzu, l’émulateur Nintendo Switch est mort

5/3/2024

Les développeurs de Yuzu, le célèbre émulateur de la Switch, ont mis fin au litige qui les opposait à Nintendo. Ils acceptent de verser 2,4 millions de dollars de dommages et intérêts au constructeur japonais et d’arrêter immédiatement le développement de Yuzu.

La semaine dernière, Nintendo a déposé plainte contre Tropic Haze. Le géant nippon des jeux l’a accusé de « piratage à une échelle colossale », en prenant l’exemple de The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom. En effet, ce jeu a pu être téléchargé illégalement un million de fois, avant sa sortie officielle, grâce à l’émulateur Yuzu. Vous pouvez lire les détails de la plainte ici :

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Quand Nintendo poursuit le développeur d’émulateurs Yuzu en justice
par Florian Bodoky

Il n’aura fallu que quelques jours à Tropic Haze et Nintendo pour régler (en anglais) leur conflit à l’amiable. La société basée à Rodes Island s’engage à verser 2,4 millions de dollars de dommages et intérêts à Nintendo. En outre, il est lui interdit de proposer Yuzu ou son code source à l’avenir, de commercialiser le logiciel ou de le développer de quelque manière que ce soit. Tropic Haze accepte également de céder à Nintendo tous les domaines de sites Internet, les informations liées à son émulateur, les logiciels et le matériel modifié utilisé pour le développement de Yuzu.

La réaction des développeurs

L’équipe de développement a publié une déclaration détaillée sur Discord, leur X-Account ainsi que sur leur site Internet.

Déclaration de bunnei, un développeur en chef de l’émulateur Switch.
Source : Yuzu Discord via @stephentotilo / X

Dans sa déclaration, elle confirme la cessation immédiate du développement de Yuzu. En outre, l’entreprise met hors ligne tous ses dépôts de code, arrête ses comptes Patreon ainsi que son serveur Discord et met fin à toute activité sur l’émulateur 3DS Citra. Ce dernier ne faisait pas partie de la plainte, mais il a été développé par la même équipe.

Elle a reconnu que son logiciel contourne illégalement la protection des jeux en utilisant des versions piratées des clés de chiffrement. L’équipe est déçue que des utilisateurs aient utilisé son logiciel pour divulguer le contenu du jeu avant sa sortie – « le piratage n’a jamais été notre intention ».

Pourquoi est-ce que Yuzu a capitulé si vite ?

Les raisons exactes de cet accord rapide font l’objet de discussions passionnées dans le milieu de l’émulation. Il ressort de l’acte d’accusation ainsi que de diverses captures d’écran du serveur Discord de Yuzu que l’équipe de développement a créé des ROM de jeux avant leur sortie officielle et les a distribuées aux développeurs de Yuzu. Afin de s’assurer que les jeux fonctionnent correctement sur l’émulateur au moment de leur sortie. Dans le cas de Xenoblade Chronicles, même avant sa sortie officielle.

Concrètement, cela signifie que Nintendo pourrait prouver, dans le cadre d’une procédure juridique, que Tropic Haze a fabriqué des copies illégales de ses jeux ou les a distribuées dans le but de développer Yuzu. Selon ArsTechnica, les développeurs de Yuzu ont en outre indirectement fourni aux utilisateurs des instructions sur la manière de se procurer illégalement des copies piratées. Ce qui serait conforme à l’accusation de Nintendo. Pour rappel, Nintendo accuse Tropic Haze d’avoir développé « des appareils informatiques standards en outils permettant de violer massivement la propriété intellectuelle des œuvres protégées par le droit d’auteur de Nintendo et d’autres. »

En outre, Tropic Haze a réalisé d’énormes bénéfices grâce aux téléchargements illégaux de Tears of the Kingdom en mai 2023. Avant la fermeture de son compte Patreon, l’équipe a récolté environ 300 000 USD par mois grâce au financement participatif. Malgré ces revenus élevés, il semble peu probable que Tropic Haze ait été financièrement préparée à affronter un long procès avec des avocats coûteux.

Que signifie cet accord pour les émulateurs ?

Nintendo et Tropic Haze ont réglé leur différend sans passer par un tribunal. Mais cet accord ne risque pas de créer un précédent juridique. Cependant, avec cette plainte, Nintendo a envoyé un signal clair contre l’émulation et le piratage des jeux actuels sur console. On ne sait pas si Nintendo attaquera également le deuxième gros émulateur de la Switch, Ryujinx. Contrairement à Yuzu, les développeurs de Ryujinx ne tirent aucun profit direct du développement de l’émulateur.

Bien que la disparition de Yuzu ait également affecté l’émulateur 3DS Citra, il est peu probable que Nintendo continue à lutter activement contre les émulateurs rétro. La scène de l’émulation est unanime : il y a une grande différence entre l’utilisation d’un logiciel pour émuler le matériel actuel, le plus vendu, et le matériel rétro qui ne génère plus de profits pour une entreprise comme Nintendo. Par exemple, Nintendo a jusqu’à présent complètement ignoré le plus grand émulateur de Wii et de Gamecube, Dolphin, à l’exception d’une interdiction (en anglais) de sa sortie sur Steam en juillet de l’année dernière. Au lieu de cela, Nintendo s’est récemment concentré sur la lutte contre les vendeurs de ROM tels que RomUniverse et LoveRoms (en anglais).

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Jouer à « Zelda : Tears of the Kingdom » sur émulateur, est-ce légal ?
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Photo d’en-tête : Shutterstock

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Domagoj Belancic

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