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Un film comme avertissement à la politique

Carolin Teufelberger
16/6/2020
Traduction: traduction automatique

"Les Misérables" du réalisateur Ladj Ly est une représentation fictionnelle de la réalité des banlieues parisiennes. Il y est question de violence, de discrimination et d'inégalité des chances. Le film montre clairement qu'il n'y a pas de bien et de mal simples ici.

C'est la Coupe du monde de football. La France est en fête. Les rues sont bordées de gens et de drapeaux. Le bleu, le blanc et le rouge dominent - les couleurs nationales de la France. L'équipe est sans cesse encouragée par des "Allez, les Bleus". Tous sont égaux. Tous poursuivent le même objectif. Tout le monde est joyeux.

Cela s'arrête après la scène d'introduction.

La vie quotidienne à Montfermeil, en banlieue parisienne, est marquée par la discorde. D'un côté, il y a la police, de l'autre, la population multiculturelle. Gwada (Djibril Zonga) et Chris (Alexis Manenti) patrouillent depuis longtemps dans les rues de la ville, Stéphane (Damien Bonnard) vient d'être muté et vit son premier jour à l'arrière de la Peugeot de l'équipe. Il se rend vite compte que ses deux collègues n'agissent que rarement dans les règles. Le caractère de Chris, en particulier, est marqué par la déchéance morale.

Les contrôles arbitraires touchent particulièrement souvent les enfants et les adolescents de Montfermeil. Au centre, on trouve d'une part le rusé Issa (Issa Perica), qui commet régulièrement des peccadilles et se retrouve sous les feux croisés des policiers. De l'autre, le tranquille Buzz (Al-Hassan Ly, fils du réalisateur), qui préfère faire voler son drone devant les fenêtres des jolies filles du quartier. Jusqu'à ce qu'il filme par hasard une scène dont le contenu est potentiellement explosif pour la police comme pour les habitants.

Victor Hugo comme inspiration

Ce n'est pas un hasard si "Les Misérables", le film, tire son nom du roman "Les Misérables", écrit en 1862 par l'écrivain français Victor Hugo. Les deux histoires se déroulent à Montfermeil, et dans les deux cas, l'échec de la politique sociale est thématiquement au centre. La ville a certes changé depuis le roman de Hugo, mais les problèmes sont restés les mêmes. Montfermeil est un point noir de la "Grande Nation". Les habitants sont livrés à eux-mêmes, les politiques ferment les yeux et passent les difficultés sous silence. Il est plus facile de s'occuper de lieux qui font bien sur une carte postale.

Les enfants grandissent sans perspective, mais avec d'autant plus de méfiance envers l'État et l'autorité. La société française ne se soucie pas d'eux, alors pourquoi devraient-ils se soucier des règles et des normes construites par la société?

Ainsi, le microcosme de Montfermeil est marqué par des conflits d'intérêts. Chacun a son propre agenda et se bat pour une vie meilleure sous forme de survie : On demande conseil à Salah (Almamy Kanoute), vendeur de kebabs, converti à l'islam et ex-délinquant. Le maire (Steve Tientcheu) est aussi un gangster que la police aimerait bien mettre hors d'état de nuire. Et les Frères musulmans tentent de diriger le quartier spirituellement selon leurs propres règles.

Les gens et leurs émotions sont compliqués

Une seule chose les unit : la colère contre la léthargie de l'État. La colère face à la discrimination quotidienne de la police. La colère d'être abandonnés. La colère est de toute façon l'émotion centrale du film. Gwada et Chris l'utilisent pour faire le ménage, sévir et se faire respecter. Les jeunes s'en servent comme moteur pour se rebeller contre l'autorité, en particulier la police. La violence est à l'ordre du jour - des deux côtés.

C'est cette complexité qui rend le film si agréable à regarder. Les protagonistes ne sont pas présentés sous un seul jour, il n'y a pas de pensée en noir et blanc, pas de bien et de mal clairement définis. Les personnages sont représentés comme ils le sont dans la réalité : à plusieurs niveaux. En tant que spectateurs, nous avons de la sympathie - et de l'aversion - pour chacun d'entre eux. A la fin, nous penchons certes déjà pour un côté du conflit, mais nous ne détestons pas l'autre inconditionnellement : nous faisons preuve de compréhension, car le réalisateur Ly laisse voir derrière le voile de la colère. Par exemple, lorsque le policier Gwada rentre chez lui le soir. Sa mère prépare le dîner dans la cuisine. Il l'embrasse doucement sur la joue en guise de bienvenue. Elle veut parler de sa journée. Lui non - et fond en larmes à la place.

Il aurait été facile de présenter ce récit de la police et de la société opprimée de manière simple. Selon les opinions politiques, la population est dépeinte comme une foule brutale ou la police dans son ensemble comme une horde de racistes. L'être humain a tendance à faire de telles classifications rapides et radicales. Repenser ses propres schémas de pensée est un effort. Car les schémas de pensée sont des habitudes cognitives et les habitudes remplissent une fonction de décharge pour le cerveau. C'est important dans de nombreux cas, mais aussi risqué, car nous ne remettons pas en question les faits et ne développons donc pas notre pensée. Confucius le savait déjà : "Apprendre sans penser est vain ; penser sans apprendre est dangereux". L'être humain et ses motivations sont complexes. Ainsi, la colère n'est pas en premier lieu l'expression de la méchanceté, mais souvent celle de l'impuissance et de la frustration.

Le dialogue comme lien entre la colère et la compréhension

Le policier Stéphane le comprend. Sa vision du monde n'est pas encore aussi figée que celle de ses deux collègues. Il porte un regard objectif sur la situation et agit comme un médiateur entre les deux mondes. Il prend les résidents au sérieux, ne les juge pas et dénonce les méthodes de ses propres collègues. Il ouvre la voie au dialogue. C'est aussi pour cette raison que le film ne laisse pas un sentiment de désespoir complet. Au contraire, la complexité des personnages et des thèmes permet de comprendre

Et en cela, le film est sacrément bon. Il nous rend, nous spectateurs, les gens et leurs destins accessibles. Même le grossier Chris, qui lance des propos sexistes et racistes à tout va, se voit attribuer de l'humanité à travers un aperçu de sa vie familiale. Nous sommes tous animés par les mêmes émotions, les mêmes désirs et les mêmes besoins. Pourtant, en tant que société et en tant qu'individus, nous avons tendance à nous définir par rapport à nos différences.

En tant que spectateurs, nous comprenons que la colère sert à attirer l'attention sur les dysfonctionnements. La solidarité sert à les surmonter.

Un pied de nez à la politique

Le film semble si authentique, si proche des gens, qu'il a presque les caractéristiques d'un documentaire. D'un point de vue cinématographique, ce sentiment est provoqué par l'utilisation d'une caméra à l'épaule. Thématiquement, par les émeutes françaises de 2005 qui ont inspiré le film.

Le réalisateur Ladj Ly a lui-même grandi à Montfermeil et a vécu de près les émeutes. Cette implication personnelle de sa part et de celle des acteurs, eux aussi principalement originaires de Montfermeil, renforce l'intensité et l'authenticité du film. Chaque émotion passe.

Malgré la mise en évidence d'opportunités de dialogue, le film est aussi un avertissement à la politique et à l'économie. Si rien n'est fait pour améliorer la situation des gens, la prochaine révolte n'est pas loin. La rébellion contre toute autorité et la méfiance envers l'État se poursuivront et se manifesteront encore et encore. Pas seulement dans les banlieues françaises, mais partout où règnent l'oppression et l'inégalité des chances. Une société unie comme celle de la scène d'ouverture reste alors une utopie. La fin du film le montre encore une fois clairement :

Souvenez-vous, mes amis ! Il n'y a pas de mauvaises herbes ni de mauvaises personnes. Il n'y a que de mauvais jardiniers.
Victor Hugo, «Les Misérables»
Image d'en-tête : Filmcoopi

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