
En coulisse
Mes premières heures sur « Anno 117 » ne m’ont pas déçu
par Samuel Buchmann
Le PhotoSlam est un mélange de concours photo et de slam poésie. C'est une idée passionnante. La soirée était divertissante, mais au final, presque tout tournait autour de la photographie, la part de slam restant modeste.
"J'espère gagner quelque chose d'autre", déclare Dominic Wenger, participant au concours. Il vient d'empocher le prix du public du PhotoSlam Zurich 2019. Il compte utiliser les mille francs pour acheter un sommier ou rembourser ses frais de scolarité. Il n'y a pas assez pour les deux.
C'est la phase finale d'un événement de plus de trois heures, au cours duquel les dix finalistes peuvent présenter, expliquer ou vanter leur photo. Il s'agit d'une sorte de mélange entre un concours photo et un slam poésie, même si la poésie n'est pas considérée de manière aussi restrictive. En principe, tout est permis, tant que cela ne dure pas plus de deux minutes et que cela a un rapport quelconque avec la photo.
Antonio Idone explique son tableau en faisant semblant de raconter une histoire à sa petite-fille au téléphone. Caroline Fink a choisi la forme du poème. Elle présente son image extrêmement calme et réduite comme un contrepoids à l'agitation permanente et à la surabondance de stimuli. Même comme une rébellion ; car seul celui qui se calme peut réfléchir et se rendre compte de ce qui ne va pas. Matt Jeker, Samuel Betschart et Simeon Wälti construisent leur présentation autour d'un clip vidéo qu'ils ont eux-mêmes produit. Certains participants montrent d'autres images de la même série ou d'un projet similaire. Sara Hussong accompagne sa présentation de notes de piano. Beaucoup de variété donc.
Dans l'ensemble, les présentations ne sont pas du même niveau que les images. Ce n'est pas étonnant, après tout, les candidats ont été nominés pour leurs photos et non parce qu'ils sont particulièrement doués pour la présentation. Le jury les a sélectionnés au préalable parmi nombreux envois. Ils ne savaient rien du contexte des photos ni de leurs auteurs.
Dominic a 22 ans, il est père d'un enfant de 4 ans et photographe de guerre. Lors de l'interview sur scène et de l'émission de deux minutes qui suit, il a l'air assez fluet et laisse surtout parler ses photos. Gian Paul Lozza, du jury, commente ainsi : "Pour un photographe de guerre, la présentation était super, ils sont tous totalement muets". Le finaliste Matt Jeker parle encore moins, ce qui rend presque fou l'animateur Patrick Rohr : "Peux-tu dire autre chose que oui ou non, s'il te plaît ? J'espérais te faire dire une phrase entière avec cette question..."
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Avant l'événement, j'ai demandé aux trois membres du jury, Gian Paul Lozza, Tina Sturzenegger et Johannes Diboky, si, selon eux, il fallait expliquer une image ou si elle devait parler d'elle-même. Je me suis moi-même déjà posé la question, notamment lors d'expositions d'art. Et ici tout particulièrement, car l'explication fait partie de l'évaluation. Tous trois sont clairement d'avis qu'une photo doit parler d'elle-même. Gian Paul Lozza souligne toutefois que le fait d'avoir des connaissances sur l'image ou sur la biographie du photographe peut changer le regard. Dans son cas, cela se produit à plusieurs reprises au cours de la soirée. Dans le cas d'Antonio Idone et de Cyril Truninger, il explique que pour lui, l'image a gagné en valeur grâce au contexte personnel. Mais l'inverse se produit également. Samuel Betschart est arrivé en finale avec une image mystérieuse et fantomatique d'un ascenseur. Grâce à son clip vidéo, dans lequel on le voit lui-même avec du matériel photographique, mais qui se veut en même temps une sorte d'hommage à l'horreur, il démystifie son image. Les trois membres du jury sont visiblement déçus.
En fin de compte, le jury de cette soirée choisit les gagnants avant tout en fonction des images et moins de la présentation. Cela me semble assez évident et logique : les images sont le cœur de métier des membres du jury, qui sont tous trois des photographes professionnels. Il va de soi qu'ils doivent eux aussi s'y connaître en matière de présentation. Tina Sturzenegger dit que la présentation représente environ 40 pour cent de la vente. Néanmoins, une suggestion à l'organisateur Light + Byte : j'essaierais de convaincre également un membre du jury issu du domaine du slam poésie ou de la présentation multimédia de participer à la cause.
Les membres du jury font bien leur travail. Ils disent clairement quand ils n'aiment pas quelque chose. Ils forment ainsi un pendant nécessaire au présentateur, qui trouve toujours tout super et semble considérer que c'est son travail de mettre les participants à l'aise. Dans ses critiques, le jury reste toujours juste et amical. Personne n'est pris pour cible à la manière de Dieter Bohlen.
Plus encore que ce texte, la soirée s'éternise à la fin, avant que nous ne sachions enfin qui a gagné. Mais le moment est venu
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Troisième place : Cyril Truninger, qui dit avoir été personnellement touché par les affiches "mouton noir" de l'UDC.
Deuxième place : Simeon Wälti, qui joue lui-même dans un groupe.
Première place : Dominic Wenger, qui a photographié un enfant à travers une porte d'entrée lors de son voyage en Roumanie. Il n'a eu que deux tentatives avant que l'enfant ne le remarque.
Le souhait de Dominic de remporter une nouvelle victoire est donc en train de se réaliser. Interrogé sur ce point, il me dit : "Je crois que j'ai eu l'air un peu arrogant, je ne suis pas comme ça d'habitude", et je le crois sur parole. A-t-il préparé un discours de remerciement ? Oui, tout à fait, mais il est assez court :
"Merci."
Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense.
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