
Point de vue
L’avenir du jeu est numérique et vous en payez le prix
par Philipp Rüegg
« Alan Wake 2 » et « Starfield » ne contiendront qu’un code de téléchargement dans la boîte au lieu d’un disque. Cette décision est compréhensible, mais dommageable et pas seulement pour les collectionneurs.
Les boutiques de jeux vidéo avaient autrefois quelque chose de magique. Des étagères remplies de boîtes en carton invitaient à fouiller. Même le jeu le plus ordinaire était présenté dans une grande boîte qui aurait facilement pu contenir dix jeux PS5. Elles offraient beaucoup de place pour une couverture créative et des descriptions au dos. Tenir une telle boîte dans la main provoquait une sensation totalement différente de celle des pochettes en plastique génériques d’aujourd’hui.
Cela ressemblait à une chasse au trésor de trouver des emballages particulièrement originaux. Ces éditions spéciales surdimensionnées, qui dépassaient des étagères, attiraient les yeux des joueurs curieux. Je n’oublierai jamais certains designs, comme la gueule de démon rouge de Doom. Mais cette époque est révolue. Non seulement les boutiques ont presque entièrement disparu, mais les emballages de jeux sont de plus en plus petits. Depuis peu, ils ne contiennent même pas le jeu physique.
Bethesda a annoncé que la prochaine épopée de science-fiction Starfield ne contiendra plus de disque. Seule la version standard de la Xbox fait exception. La version PC et l’édition collector sont vendues uniquement avec un code de téléchargement. Le studio de jeu Remedy (en anglais) renonce même complètement aux disques pour Alan Wake 2. La raison en est qu’ils ont ainsi plus de temps pour optimiser le jeu. Les disques sont généralement pressés plusieurs mois avant leur sortie.
Même si mon PC ne possède plus de lecteur Blu-Ray depuis longtemps et que cela a un sens du point de vue de l’environnement, on perd quelque chose en renonçant aux disques. D’une part, le changement numérique rend l’archivage des jeux plus difficile. D’autre part, vous ne pouvez plus échanger ou vendre des jeux. Pour les consoles, c’est encore possible actuellement. Une raison irrationnelle, mais émotionnelle, est l’aspect collection. Si j’achète un jeu physique, je veux un disque. Sinon, il me manque quelque chose. Les emballages de jeux sont supprimés depuis des années.
Lors de mon régime rétro d’une semaine, cela m’a semblé particulièrement flagrant. Les jeux Mega Drive, par exemple, sont dans des emballages délicieusement encombrants et lourds. Ce n’est pas seulement dû au module de jeu, il y avait aussi toujours un livret joliment conçu pour l’accompagner. Il en a été de même pour les jeux PC qui ont orné mes étagères pendant des années. Avant de passer à des boîtiers de DVD ennuyeux, je les collectionnais avec enthousiasme. Déballer des jeux était autrefois un moment fort. Je me souviens avec plaisir des pochettes épaisses de plusieurs CD. Il y avait encore quelque chose à toucher. Aujourd’hui, lorsqu’un prospectus publicitaire imprimé sur une seule face tombe de la pochette d’un Blu-Ray, c’est le summum de l’émotion. En revanche, le long processus d’installation et le changement de CD ne me manquent pas.
Le développement n’est pas uniquement négatif. L’achat d’une version physique standard devient certes de plus en plus une farce. En revanche, on trouve de plus en plus d’éditions spéciales au design soigné pour des jeux qui n’existaient jusqu’à présent qu’en téléchargement ou dans une quelconque pochette en plastique. Il est fort possible que les jeux physiques suivent la voie du disque. Ils deviennent des objets de collection. Le disque ne sert plus que d’ornement, que vous recevez avec l’édition collector pour les jeux très spéciaux. J’aurai toujours de la place pour ça sur mon étagère.
Photo d’en-tête : Philipp RüeggEn tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour.