
Point de vue
5 ans plus tard, le chef-d’œuvre « Baldur’s Gate 3 » reste irremplaçable
par Rainer Etzweiler

Dans le domaine des animes, le shōnen est synonyme de concentré d’action. « Hunter x Hunter » prouve qu’il est possible d’y associer aussi de la profondeur.
Le shōnen (du japonais 少年 signifiant « garçon ») est un genre d’anime et de manga dont le public cible est principalement constitué d’adolescents de sexe masculin. C’est le genre le plus représenté sur le marché japonais. Il se caractérise avant tout par l’action, l’aventure et la lutte entre le bien et le mal.
Pour les plus vieux d’entre vous, le terme « Big Three » vous parlera peut-être. Il désignait dans les années 2000 les trois shōnen One Piece, Naruto et Bleach qui ont popularisé ce média dans le monde entier.

Si One Piece continue de tenir la communauté en haleine, de nombreuses nouveautés se sont retrouvées sous les feux de la rampe : Jujutsu Kaisen, Demon Slayer, My Hero Academia, Chainsaw Man, Dan Da Dan et plein d’autres. Un anime, basé sur un manga publié de manière irrégulière depuis 1998, éclipse cependant le reste. Hunter x Hunter, sorti en 2011, est pour moi le meilleur shōnen de tous les temps ; je vous explique pourquoi ici !
Le début de Hunter x Hunter (qui se prononce d’ailleurs « Hunter Hunter », le X est muet) reprend les codes du shōnen. Le protagoniste Gon est un garçon de douze ans qui veut marcher dans les traces de son père. Il veut devenir ce qu’on appelle un « hunter » et doit pour cela passer un examen. L’histoire commence avec une innocence enfantine, un objectif clair et une envie d’aventure pure.

J’ai vite remarqué que l’intrigue de Hunter x Hunter n’est pas aussi puérile que celle de plusieurs autres représentants du genre. Un participant à l’examen assassine par exemple ses concurrents par pur plaisir. Le nouvel ami de Gon, Kirua, est immunisé contre le poison parce qu’il a suivi un entraînement d’assassin très dur quand il était enfant. C’est présenté de manière moins drôle que dans de nombreux autres animes, Hunter x Hunter traite des traumatismes qui en découlent.
Le shōnen dévoile sa nature sérieuse dès la fin de l’examen de hunter. Gon, garçon plein de vie, reste néanmoins un personnage typique de shōnen. Le monde dans lequel il évolue n’en tient cependant pas compte.

Certaines intrigues me font tomber des nues. Comme quand des personnages secondaires sympathiques deviennent les victimes de méchants qui mènent des expériences sur leurs cadavres ou qu’un groupe de criminels assassine presque un clan entier pour l’appât du gain. Je ne vois plus le monde à travers le regard optimiste de Gon quand celui-ci n’est pas au cœur de l’action. Cela ne rend en aucun cas son histoire ennuyeuse ou insignifiante, elle reste passionnante et géniale.
Grâce à Gon, je vis une vraie aventure et les meilleurs aspects du shōnen se révèlent. Outre l’examen de hunter, il participe notamment à un tournoi et voyage dans un monde virtuel. Son histoire n’est pas là pour faire du remplissage.

Hunter x Hunter surpasse également la concurrence sur un autre point : le système de combat élaboré.
Comme dans d’autres shōnen, les personnages de Hunter x Hunter possèdent souvent des pouvoirs surnaturels. Le système s’appelle « nen » : il s’agit de l’énergie vitale que les gens apprennent à maîtriser. Chaque personne a des aspects de ses capacités qui lui sont naturellement plus favorables. Gon, par exemple, peut décupler sa force physique, tandis que d’autres sont plus aptes à invoquer des armes ou à générer des éclairs. Tout le monde peut tout apprendre, mais l’effort que demande un talent est lié à l’aptitude naturelle.

Le système est régi par des règles claires et logiques, tout en offrant suffisamment de liberté pour créer des compétences impressionnantes. Le mélange de réflexion et de créativité est l’un de mes systèmes de combat préférés dans les shōnen.
Tous les shōnen ne se valent pas. Hunter x Hunter est loin d’être la seule œuvre à dresser le portrait d’un monde cruel en plus d’un esprit d’aventure innocent. Mais pour moi, c’est le meilleur parce qu’il évite tous les défauts de jeunesse du genre.
Les plus grands shōnen souffrent de leur popularité. Par exemple, je trouve le rythme de One Piece atrocement lent, aussi bien pour le manga que pour l’anime. En même temps, quand on publie des chapitres de façon quasi hebdomadaire depuis 25 ans, ils ne peuvent pas tous être aussi palpitants les uns que les autres. Après quelques chapitres axés sur le combat, ça finit par perdre en intérêt. Pareil pour l’anime qui étire constamment le contenu jusqu’au non-sens total pour ne pas rattraper le manga et se retrouver sans matière à exploiter.
L’histoire est certes palpitante, mais je décroche régulièrement à cause du rythme fluctuant.

L’adaptation en anime de 2011 de Hunter x Hunter ne fait pas dans le remplissage et a un rythme agréable. Je suis resté assis devant mon écran, captivé, pendant les 148 épisodes. Le seul bémol est que l’adaptation s’arrête au beau milieu de l’histoire, car le manga n’est pas encore terminé.
Je parviens à surmonter ma peine grâce au génie de Hunter x Hunter. Avec Gon et ses amis, je regarde enfin des héros vivre leur aventure sans être le centre du monde. Évidemment, comme beaucoup de héros d’animes, Gon est particulièrement talentueux. Mais il n’est pas le seul et, en l’état actuel des choses, il n’est pas l’élu qui doit sauver le monde.
Cette destinée finit par perdre de son sens lorsqu’on l’applique à toutes les héroïnes et tous les héros. Dans Dragon Ball, c’est généralement Son Goku qui accourt à la rescousse, même si, en réalité, il aurait dû passer le relais à ses enfants. Naruto commence par le rêve d’un orphelin victime de harcèlement qui souhaite être reconnu par son village et en devenir le chef. Le fait que le destin du monde entier repose sur ses épaules et que tous les autres ninjas, à l’exception de son rival Sasuke, soient insignifiants place la barre beaucoup trop haut. Même Luffy de One Piece, que beaucoup appréciaient parce que c’est un drôle d’homme élastique qui vit des aventures de pirates, prend de plus en plus la posture de l’élu.

Ce rôle d’élu permet à de nombreux protagonistes de se sentir intouchables. Mais dans Hunter x Hunter, les actions ont des conséquences. Il y a un enjeu. Gon ne devient pas un surhomme parce qu’il crie le plus fort ou parce qu’il est issu d’une famille légendaire. Cela rend le monde plus tangible, plus réaliste, même si on parle de super-pouvoirs.
Par rapport à d’autres mangas shōnen, Hunter x Hunter présente néanmoins un gros défaut. Ce dernier ne concerne même pas l’œuvre en tant que telle, mais plutôt le contexte.
Hunter x Hunter est dessiné et écrit par le mangaka Yoshihiro Togashi depuis 1998. Pourtant, à peine plus de 400 chapitres ont été publiés (quand le mangaka Eiichiro Oda en a publié presque le triple pour One Piece).
Cela correspond au rythme de l’histoire, mais la raison en est hélas peu réjouissante puisque Y. Togashi fait face à des problèmes de santé depuis plusieurs années. Il souffre de maux de dos chroniques qui l’empêchent souvent de rester assis et de dessiner pendant de longues périodes. La publication des mangas Hunter x Hunter est régulièrement suspendue. La parution des chapitres est devenue si sporadique que les fans du manga ont fait un graphique baptisé « Hiatus x Hiatus ».

Tout le monde craint de ne jamais voir la fin de Hunter x Hunter, même si Togashi a affirmé que sa femme (Naoko Takeuchi, la mangaka derrière Sailor Moon) pourrait s’en charger après sa disparition.
Pour le bien du mangaka et de son œuvre, espérons que ses souffrances finiront par s’apaiser.
Photo de couverture : Yoshihiro Togashi, Madhouse
J'ai rédigé mon premier texte sur les jeux vidéo à l'âge de huit ans. Je n'ai plus pu m'arrêter depuis. Mon amour pour Husbando 2D, Monster, mes chats et le sport complètent ma passion.
Vous lirez ici une opinion subjective de la rédaction. Elle ne reflète pas nécessairement la position de l’entreprise.
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