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Huawei, la nouvelle victime de la guerre commerciale que se livrent la Chine et les États-Unis

La Maison Blanche a pris sa décision : les entreprises américaines n'ont plus le droit de collaborer avec Huawei. Cela signifie que Huawei n'a plus le droit d'accéder aux services Google, et ce dès à présent.

Dès maintenant, Huawei ne peut plus utiliser les services de Google et perd son accès privilégié aux préversions des builds du système d'exploitation Android. Les appareils actuels comme le Huawei P30 Pro ne sont pas touchés par cette décision, mais les appareils commercialisés à l'avenir pourraient l'être. Nous ne savons pas encore comment la situation va évoluer.

Vendredi, nous ignorions encore quel impact ces sanctions auraient sur Huawei, car le département du commerce américain souhaitait clarifier si les opérateurs et les équipements de télécommunication actuels pourraient être touchés. Jusqu'à hier, dimanche 19 mai, personne ne savait exactement à quel point Huawei souffrirait de la situation.

L'essentiel en quelques points

20 mai 2019 : Google et Huawei confirment la situation

Google a confirmé les sanctions dans un tweet publié par le compte officiel d'Android (en anglais).

Traduction:

Cela concerne sans doute aussi les appareils de Honor, car il s'agit d'une filiale de Huawei.

Le matin du 20 mai 2019, Huawei confirme les informations suivantes dans un email :

Huawei a contribué de manière significative au développement d'Android dans le monde entier. En tant que partenaire clef global d'Android, nous avons travaillé en étroite collaboration avec sa plateforme open source afin de développer un écosystème dont l'industrie et les utilisateurs profitent.

Huawei continuera à mettre à disposition des mises à jour de sécurité et des services pour tous les smartphones et tablettes Huawei et Honor actuels.

Cela concerne les appareils vendus et en stock du monde entier. Nous continuerons à développer un écosystème logiciel sûr et durable afin d'offrir la meilleure expérience utilisateur qui soit, et ce partout dans le monde.
Communiqué de presse de Huawei, le 20 mai 2019

Le présent : tout n'est pas si dramatique, non ?

Peut-être aussi que Huawei va devoir se passer de l'aide directe de Google. Mais ni le gouvernement américain, ni la Chine, ni Google ne peuvent retirer à Huawei la possibilité de travailler avec Android, puisque c'est un système d'exploitation open source. Tout le monde peut l'adapter, vous y compris.

Par contre, les services Google Play (c'est-à-dire l'ensemble de l'App Store d'Android) et leurs intégrations et API sont frappés de plein fouet. Ils disparaîtront sans doute des nouveaux téléphones de Huawei et ne seront maintenus que sur les téléphones actuels. Mais ces services peuvent être rajoutés facilement.

Perspective d'avenir I : AOSP pour Huawei

Cette version de base s'intitule Android Open Source Project (AOSP).

Si Huawei souhaite continuer à travailler avec Android et si les lois commerciales restent les mêmes que celles adoptées le 20 mai dernier, l'entreprise chinoise devra se servir d'AOSP. Voici les conséquences concrètes pour la version d'EMUI actuelle :

Google affirme que les appareils actuels ne sont pas touchés par ces mesures.

Perspective d'avenir II : Huawei OS comme troisième acteur

Perspective d'avenir III : Huawei US

Étant donné que la collaboration entre Huawei et Google est impossible tant que le siège de Google est aux États-Unis et que celui de Huawei est en Chine, cette dernière pourrait créer une filiale aux États-Unis. Cette personne juridique, « Huawei US » si on veut, pourrait ensuite conclure des contrats de développement avec Google puisque, légalement, tout cela se déroulerait sur le territoire américain.

Cela n'irait pas à l'encontre des projets de Donald Trump, du moins en théorie, puisque cela créerait de nouveaux emplois sur le marché du travail américain.

Le cas de ZTE

Au vu de la guerre commerciale que se livrent les États-Unis, la Chine et les fabricants de téléphones mobiles, une comparaison avec ZTE s'impose. Le fabricant chinois a été placé sur liste noire en avril 2018 et n'a dès lors plus été autorisé à collaborer avec des entreprises américaines. Un mois plus tard, l'entreprise a en grandes parties cessé ses activités, jusqu'à ce que son nom soit retiré de la liste en juillet.

Aperçu de la guerre commerciale que les États-Unis livrent à la Chine : les querelles de Trump

Les sanctions appliquées à Huawei sont le résultat de la guerre commerciale perpétuelle que le président américain Donald Trump livre à la Chine. Les experts ne s'accordent pas sur la pertinence, la durabilité ou les effets négatifs de ce conflit. Le gouvernement Trump a déjà menacé la Chine il y a trois ans.

28 juin 2016 : le plus grand vol d'emplois de l'histoire

Pendant sa campagne électorale, Donald Trump a déclaré lors d'un discours prononcé en Pennsylvanie qu'il allait lutter contre les pratiques commerciales déloyales de la Chine. Il a annoncé que des droits de douane seraient perçus sur la Chine.

Trump a décrit les pratiques des Chinois comme « le plus grand vol d'emplois de l'histoire ».

31 mars 2017 : Trump signe

Élu président, Donald Trump signe deux Executive Orders (des décrets) et exige l'application des droits de douane sur les entreprises chinoises. Le commerce subventionné et les mesures antidumping sont particulièrement touchés.

Le deuxième décret ordonne une analyse afin de justifier les raisons du déficit commercial américain.

7 avril 2017 : Donald Trump rencontre Xi Jinping

Lors d'une rencontre dans la station balnéaire de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump et le président chinois, Xi Jinping, décident d'entamer une période de négociations de 100 jours.

19 juillet 2017 : la désillusion

Les négociations échouent.

L'objectif était de trouver un moyen de réduire la dette américaine envers la Chine et la création de nouvelles dettes.

14 août 2017 : la Section 301

17 janvier 2018 : les amendes

« La Chine n'est pas la seule concernée, mais c'est la plus grande. Toutes les nations sont concernées », a déclaré Trump durant l'entretien.

22 janvier 2018 : des droits de douane sont appliqués aux machines à laver

Le gouvernement Trump prélève des droits de douane sur les machines à laver et aux panneaux solaires importés. Cela ne concerne pas seulement les produits chinois, mais l'ensemble des machines à laver et des panneaux solaires importés.

8 mars 2018 : le prix de l'acier et de l'aluminium augmente

Le gouvernement Trump décide d'appliquer d'autres droits de douane. Ceux de l'acier s'élèvent à 25 %, et ceux de l'aluminium à 10 %. Ils ne se limitent pas non plus aux importations chinoises.

2 avril 2018 : la Chine riposte

La Chine décide de prélever des droits de douane allant jusqu'à 25% sur 128 produits américains.

3 avril 2018 : le conflit s'aggrave

Les États-Unis décident de prélever 25 % de droits de douane sur des marchandises d'une valeur de 50 milliards de dollars.

4 avril 2018 : au tour de la Chine

La Chine décide de prélever des droits de douane sur des marchandises d'une valeur de 50 milliards de dollars.

16 avril 2018 : ZTE est touchée

27 avril 2018 : Huawei surprend

Selon un article du South China Morning Post (en anglais), Huawei développe depuis six ans un système d'exploitation destiné aux appareils mobiles qui peut remplacer Android en cas d'urgence.

ZTE va mal

Selon le magazine Bloomberg (en anglais), l'entreprise, qui compte 80 000 employés, a cessé la majeure partie de ses activités. L'ensemble des commandes en cours sont honorées, mais la suite reste incertaine.

15 juin 2018 : un délai se profile

Les États-Unis fixent une date d'application des décrets relatifs aux droits de douane. Une augmentation de 25 % des droits de douane sur des marchandises d'une valeur de 34 milliards de dollars sera appliquée à partir du 6 juillet. Les frais de douane sont également appliqués à d'autres marchandises d'une valeur de 16 milliards de dollars.

La Chine répond en appliquant des droits de douane sur des marchandises américaines d'une valeur de 34 milliards de dollars.

10 juillet 2018 : d'autres droits de douane sont prévus

Les États-Unis rendent publique leur intention de prélever des taxes de 10 % sur des marchandises chinoises d'une valeur de 200 milliards de dollars.

13 juillet 2018 : ZTE peut à nouveau collaborer avec les entreprises américaines

Selon le magazine The Verge (en anglais), ZTE a été ôtée de la liste noire des États-Unis.

1e août 2018 : Donald Trump intervient

Donald Trump ordonne une augmentation à 25 % des droits de douane sur des marchandises chinoises d'une valeur de 200 milliards de dollars annoncés à 10 % le 10 juillet.

7 août 2018 : c'est reparti pour un tour

On dirait qu'un schéma se dessine. Les États-Unis publient une liste des produits chinois sur lesquels des droits de douane de 25 % sont appliqués. Valeur des marchandises : 16 milliards de dollars.

La Chine applique des droits de douane aux produits américains. Valeur des marchandises : 16 milliards de dollars.

23 août 2018 : les réglementations douanières sont appliquées

Les dispositions douanières sont appliquées sur la liste publiée le 7 août.

7 septembre 2018 : de nouvelles menaces sont proférées

Donald Trump menace d'appliquer d'autres taxes douanières sur des marchandises d'une valeur de 267 milliards de dollars.

24 septembre 2018 : c'est encore reparti pour un tour...

Les États-Unis décident de prélever des taxes de douane de 10 % sur des marchandises chinoises d'une valeur de 200 milliards de dollars. Le gouvernement annonce que les frais douaniers augmenteront à 25 % le 1er janvier 2019.

La Chine riposte en appliquant des droits de douane sur des marchandises d'une valeur de 60 milliards de dollars.

1er décembre 2018 : les États-Unis et la Chine discutent

La Chine et les États-Unis s'entendent sur une période de 90 jours, durant laquelle ils s'abstiennent de décider de nouvelles augmentations. Donald Trump accepte d'attendre jusqu'en mars 2019 avant d'appliquer l'augmentation des droits de douane annoncée au 1e janvier. Les deux nations veulent poursuivre leurs négociations jusque-là. La Chine accepte d'acheter « une quantité très importante » de marchandises américaines.

24 février 2019 : Trump rompt ses promesses

Donald Trump décide de ne pas augmenter les frais de douane le 1e mars 2019. Il menace toujours de les augmenter, sans pour autant n'annoncer de délai.

5 mai 2019 : Trump menace

Il annonce que les droits de douane appliqués sur des marchandises chinoises d'une valeur de 200 milliards de dollars passeront de 10 % à 25 % le 10 mai 2019.

8 mai 2019 : la menace est officialisée

Le gouvernement Trump annonce officiellement que les droits de douane appliqués sur des marchandises chinoises d'une valeur de 200 milliards de dollars passeront de 10 % à 25 % le 10 mai 2019. Selon Reuters, la Chine ne considère plus que la plupart des garanties fournies par les États-Unis durant les négociations seront respectées.

16 mai 2019 : un deuxième coup est porté à Huawei

Le gouvernement Trump place l'entreprise chinoise Huawei sur liste noire (en anglais). À compter de ce jour, les entreprises américaines n'ont plus le droit de faire affaire avec Huawei.

17 mai 2019 : Huawei voit une lueur d'espoir apparaître

La Chambre de commerce américaine vérifie si les nouvelles sanctions appliquées contre Huawei nuiront aux réseaux ou aux infrastructures actuels.

19 mai 2019 : Huawei doit se séparer d'Android

Google n'a plus le droit de collaborer avec Huawei. Huawei peut contourner le problème en ayant recours à la version ouverte d'Android AOSP et en développant d'autres versions d'Android avec l'interface utilisateur EMUI ainsi que des fonctionnalités propriétaires.

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Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.


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