En coulisse

J’ai créé une bande dessinée avec l’IA, et elle ne remplacera pas les artistes de sitôt

Philipp Rüegg
16/1/2023
Traduction : Stéphanie Klebetsanis

J’ai essayé de créer une bande dessinée avec un chatbot et un générateur d’images. Malgré l’échec de mon projet, j’ai été étonné de la qualité des résultats.

Ces personnages ne ressemblent pas à des scientifiques, et Scarlet Shadow, mon anti-héroïne, n’a pas du tout l’air d’être mi-femme, mi-démon ! J’ai abandonné mon projet de création d’une bande dessinée à l’aide d’outils d’intelligence artificielle (IA) au bout de quelques jours à peine. Il avait pourtant bien commencé.

J’ai besoin d’une héroïne

Pour commencer, il me faut un scénario et un personnage principal. Le chatbot ChatGPT s’en charge. Comme le documentaire Mike Mignola: Drawing Monsters a réveillé ma passion pour « Hellboy », je prends le célèbre démon rouge comme exemple. Je tape donc :

I need a main character for a comic. She’s part-human, part-demon. She’s inspired by Mike Mignola’s Hellboy (J’ai besoin d’un personnage principal pour un comic ; c’est un mélange d’humain et de monstre, qui s’inspire de Hellboy, créé par Mike Mignola)

Jusque là, on reste dans la veine de Hellboy, mais les pouvoirs surnaturels de Scarlet et la possibilité de modifier ma créature me donnent quelques possibilités intéressantes. C’est un bon point de départ. Passons au scénario. J’essaie avec le texte suivant :

Tell me a story with Scarlet Shadow to create a 15 to 20-pages long comic (raconte-moi une histoire avec Scarlet Shadow pour créer un comic de 15 à 20 pages). L’histoire se déroule dans les années 80, elle doit contenir des éléments supernaturels, des éléments de science-fiction, et se dérouler en Suisse.

Quand je saisis d’autres commandes, ChatGPT me fournit, au besoin, des détails sur la manière dont Scarlet Shadow délivre les scientifiques et vient à bout aussi bien des extraterrestres que des Immortels.

Une image, par pitié

Toutes ces informations devraient être plus que suffisantes pour générer les premières images de mon comic. Midjourney laisse vraiment libre cours à mon imagination. Je commence avec une description par mots clefs de Scarlet Shadow, le personnage suggéré par ChatGPT.

imagine/ woman with scarlet fur instead of skin, she is a mixture of human and demon, the woman has long, pointed ears and a long tail. (> imagine/ une femme au pelage écarlate à la place de la peau. Elle est à la fois humaine et démone, elle a de longues oreilles pointues et une longue queue.) Elle a aussi de puissantes griffes et se sert de ses dents pour attaquer l’ennemi.

Pour le style, je me fie à mes goûts personnels. Je complète ma saisie par : 80s retro sci-fi future art style, scarlet, graphic novel, --ar 3:2 (style artistique sci-fi futuriste des années 80, écarlate, bande dessinée, --ar 3:2) Pour terminer, je dois choisir un paramètre de format d’image.

Un style homogène, par pitié

Pour maintenir un style aussi homogène que possible, j’entre la commande « seed » sur Midjourney, suivi du numéro de seed. Je me sers de la couverture comme référence, ce qui donne le paramètre suivant : --seed 4187562391.

En plus des mots clefs, j’utilise toujours les lignes suivantes pour créer les autres images :

80s retro sci-fi future art style, scarlet, graphic novel, --ar 3:2 --seed 4187562391 (> style artistique rétro sci-fi futuriste des années 80, écarlate, bande dessinée, --ar 3:2.)

La case sur laquelle se trouvent les scientifiques me demande nettement plus de tentatives avant que la perspective et l’apparence des personnages ne soient correctes.

Le style passe parfois à celui des cartes postales en noir et blanc des années 50, avec un ovni rouge dans le ciel. J’abandonne.

L’IA n’est quand même pas la panacée

Mon test m’a rapidement montré les possibilités et les limites de l’IA appliquée aux créations artistiques. J’ai obtenu de belles images, et même ajouté certaines à ma collection de fonds d’écran. Mais lorsqu’on les regarde en détail, ces créations ne tiennent pas la route. Une oreille n’est pas finie, une lumière apparaît là où l’environnement devrait être sombre, et on observe souvent de petits artefacts.

Mais le problème principal de la génération d’image, c’est son manque d’uniformité. Je n’ai pas réussi à reproduire le style de dessin de manière constante. Et ne parlons même pas d’utiliser le même personnage et de personnaliser une scène ! Midjourney semble être dépassé lorsqu’on entre trop de saisies de texte.

En revanche, je ne peux rien reprocher à ChatGPT. Ces modèles ne remporteront certes jamais un prix Will Eisner, mais ils me suffisent pour produire un court scénario.

On parlera encore longtemps de l’intelligence artificielle utilisée dans les projets artistiques et de la problématique du plagiat. Étant moi-même créateur de contenu, je trouve quand même cette technologie super intéressante... et inquiétante.

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Enfant, je n’avais pas le droit d’avoir de console. Ce n’est qu’avec l’arrivée du PC familial 486 que le monde magique des jeux vidéo s’est ouvert à moi. Aujourd’hui, je compense largement ce manque : seuls le temps et l’argent m’empêchent d’essayer tous les jeux qui existent et de remplir mon étagère de consoles rétro rares. 


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