
Paradox Interactive Vampire: The Masquerade - Bloodlines 2 - Day One Edition
PC, IT

Cela fait plus de 20 ans que j’attends la suite de « Vampire : The Masquerade – Bloodlines ». Malheureusement, ce nouvel opus ne présente presque aucune des caractéristiques du légendaire jeu de rôle de l’époque. J’ai tout de même apprécié « Bloodlines 2 ».
Si « Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 » s’appelait autrement, je suis convaincu que les critiques seraient plus positives. À mes yeux, il mérite plus que son 64 % sur OpenCritic. L’enchaînement des studios (en anglais) et les 20 ans nécessaires à la sortie de cette suite témoignent de la difficulté du projet. Malgré une sortie pleine de bugs en 2004, le premier opus a rapidement obtenu le statut de légende. Il proposait un cadre unique mêlant clans de vampires mafieux, histoires sombres et système de jeu de rôle complexe avec des classes offrant des gameplays très différents. Pris isolément, Bloodlines 2 est toutefois un excellent polar vampirique se déroulant dans une Seattle digne d’un conte.
Bloodlines 2 me met tout de suite dans l’ambiance. Je me réveille d’un profond sommeil et me retrouve sans repères dans une tour abandonnée. Que fais-je ici, comment suis-je arrivé là et quelle est cette mystérieuse marque sur ma main ? Je suis complètement perdu. J’entends une deuxième voix dans ma tête, elle est apparemment tout aussi surprise de se retrouver dans un corps inconnu. Nous nous retrouvons donc dans le corps de Phyre, une ancienne vampire de sang pur, également appelée Nomade. Le jeu vous permet d’ailleurs de choisir son sexe. Phyre est un personnage mystérieux parcourant la Terre depuis des centaines d’années. L’autre voix, forcément masculine celle-ci, appartient à Fabian, un jeune officier de police, lui aussi vampire.

La dynamique entre les deux personnages m’embarque aussitôt. Phyre est une puissante vampire à la longue expérience que rien n’impressionne. Quant à Fabian, c’est l’archétype de l’inspecteur usé, travaillant dans au bureau minuscule et peu reconnu, malgré un flair aiguisé. Après des débuts difficiles, ils se rapprochent au fil du temps. Les deux personnages se comportent comme des adultes et ça fait du bien. Ensemble, ils tentent de découvrir ce qui les a conduits à cette situation.
Ce faisant, ils tombent sur une série de meurtres remontant à plus de cent ans sur laquelle Fabian avait déjà enquêté avant d’en perdre la piste. Pendant ce temps, une nouvelle princesse du nom de Ryong Choi a pris la tête du clan des vampires querelleurs. Son pouvoir est cependant loin d’être assuré dans une ville où plusieurs clans se disputent l’autorité.
Le point fort du jeu réside dans son histoire principale, merveilleusement portée par de nombreux personnages charismatiques remarquablement mis en voix dans la version anglaise. Les personnages ne bougent que très peu pendant les conversations, mais leurs visages sont extrêmement expressifs et ils sont bien mis en valeur par l’éclairage dramatique du jeu. Je rencontre généralement la chercheuse Safia dans son laboratoire plongé dans l’obscurité, éclairé d’un rouge vif. Lou, l’ancienne princesse détrônée par l’actuelle, m’attend dans une suite d’hôtel opulente et à l’éclairage tamisé. Niko, le prêteur sur gages, a toujours sa capuche rabattue sur son visage couvert de piercings, éclairé par une lumière verte. La plupart du temps, je n’arrive pas à identifier la source de l’éclairage éclatant, mais cela n’a aucune importance. L’essentiel, c’est que ça envoie.

Le reste de la ville est lui aussi merveilleusement mis en scène. À chaque coin de rue, la lumière des enseignes néon fend la nuit et se reflète dans la neige. Même dans les ruelles les plus sombres, il y a toujours un véhicule à l’arrêt dont les feux arrière éclairent la scène.
Les pouvoirs des vampires sont également bien mis en avant. Dans le corps de Phyre, je sprinte à toute allure dans les rues, je cours sur les murs et je survole les toits des immeubles. Traverser Seattle est extrêmement amusant. Je me fais moins remarquer en passant par les toits que lorsque je me fonce à quatre pattes à travers les rues comme un animal sauvage. Il s’agit après tout d’entretenir la mascarade et de ne pas me faire démasquer. Si l’envie me prendre de mordre un passant en pleine rue, je me retrouve rapidement avec la police sur le dos. Je risque alors de précipiter la fin du jeu et de voir un chasseur de vampire m’enfoncer un pieu dans le cœur.

Le système de combat est lui aussi assez exceptionnel. Avec Phyre, je suis quasi exclusivement largué dans des combats au corps à corps. Un coup puissant me permet de projeter les adversaires les plus faibles dans les airs. Son esquive est rapide comme l’éclair. Chacune des six factions dispose en outre de quatre compétences actives à débloquer. L’éditeur Paradox voulait à l’origine limiter les clans Lasombra et Toreador à un DLC à 22 dollars, mais s’est ravisé après avoir provoqué un tollé général.
J’ai opté pour les Ventrue. Cela me permet de forcer les adversaires à se suicider ou de les contrôler à distance. Cette compétence est particulièrement pratique contre les grands ennemis, je les laisse faire le sale boulot à ma place. Il existe également des moyens détournés d’apprendre les pouvoirs d’autres factions, mais cela coûte bien plus de points de compétence. Avec celles-ci, les combats qui se déroulent à un rythme surprenant sont plutôt amusants.
Ils manquent toutefois un peu de variété, tant dans les types d’ennemis que dans l’approche, mais cela compense la grande mobilité. Le jeu n’offre ni armes ni autres équipements. Je peux seulement utiliser la télékinésie pour tirer sur mes ennemis. Même avec mes pouvoirs de super-vampire, je suis vite submergé et je ne gagne pas tous les combats au premier essai. En effet, pendant que je suce le sang d’un ennemi pour refaire le plein de vie et d’énergie, mes autres adversaires continuent à m’attaquer.

Bloodlines 2 ne propose pas d’autres éléments typiques des jeux de rôle. Lors de mon essai à la Gamescom, l’équipe de développement de The Chinese Room, ou plutôt l’éditeur Paradox, soulignait déjà qu’il s’agissait d’un jeu de rôle et d’action. Je dirais plutôt qu’il s’agit d’un jeu d’action/aventure, une dénomination qui se fait de plus en plus rare de nos jours, mais qui va bien à Bloodlines 2, car l’action n’est pas au centre des préoccupations.
Pendant une grande partie du jeu, j’incarne Fabian. Dans des flashbacks réguliers, j’enquête sur des meurtres en tant que vampire malkavien bavard. Et ce, à deux reprises, une fois au début du XXe siècle et une autre juste avant l’arrivée de Phyre.

Les enquêtes de Fabian consistent exclusivement à se déplacer d’un point A à un point B dans Seattle, à interroger des suspects et à examiner des scènes de crime. Il n’y a rien à faire sur le chemin, si ce n’est se servir parmi les humains qui errent dans les rues pour faire le plein de sang frais. C’est ainsi que je recharge mes compétences de vampire inspecteur, sans lesquelles je ne peux continuer le jeu. C'est aussi divertissant que faire le plein d'essence sur une aire d'autoroute.
Fabian peut parler aux morts, mais aussi aux objets comme les armoires à dossiers et les tables de billard. Ce n’est qu’une façon détournée de nous présenter les pensées de Fabian, mais elle est très divertissante, surtout quand il imite la voix des objets. Fabian peut également manipuler la mémoire des humains et des vampires pour accéder à leurs souvenirs. Malheureusement, devoir constamment traverser Seattle d’un bout à l’autre me gâche un peu l’immersion. Contrairement à Phyre, Fabian ne peut ni grimper aux murs ni planer.

Je suis quand même un fan absolu du personnage de Fabian, digne d’un film noir. Son humour pince-sans-rire et sa nature compatissante le rendent très sympathique, bien que le jeu se traîne un peu dès qu’il est aux manettes. Si, au moins, le jeu me mettait face à des dilemmes... Mais il reste très linéaire. Bien que les personnages réagissent différemment à certaines réponses, après deux tiers du jeu, je n’ai pas constaté d’effet notable. Cela aura certainement une influence sur les six fins différentes, mais dans le jeu en lui-même, c’est une occasion manquée. Tout comme les quêtes secondaires, qui offrent rarement des dialogues passionnants et se résument généralement à des tâches de livraison ou d’assassinat. Le fait qu’il n’y ait même pas de journal de quête veut tout dire.
Les options romantiques incroyablement ridicules de certains personnages secondaires sont un mystère absolu pour moi. Il suffit d’opter pour quelques réponses évidentes pour charmer l’autre et dès que les personnages s’apprêtent à passer à l’acte, l’écran devient noir pendant quelques secondes. On entend parfois un gémissement, quelques mots ou le claquement d’un fouet et c’est tout. En comparaison, Leisure Suit Larry est un porno hardcore.

« Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 » est disponible sur PC, PS5 et Xbox Series X/S.
« Bloodlines 2 » ne m’a pas complètement emballé. Le premier opus comptait nombre de passages mémorables qui m’ont manqué dans ce nouveau jeu. Plus de 20 ans après, je me souviens encore du détour horrifique à l’Ocean Hotel et de la quête Sibling Rivalry avec le lama. Avec son level design grandiose et sa bande-son oscillant entre le classique, le rock et l’électro, « Bloodlines 2 » parvient tout de même à me séduire.
L’ambiance de Noël kitsch de Seattle y est d’ailleurs pour beaucoup. Quelques bâtiments emblématiques de la ville ou objets à découvrir en plus n’auraient pas fait de mal, mais j’aime tout de même flâner, ou plutôt planer, dans cette ville illuminée par les néons. Et pour cause, rien que pour ses décors, le monde de Bloodlines 2 vaut la peine d’être visité. C’est le cadre idéal pour le scénario du jeu mêlant meurtres, intrigue et luttes de pouvoir.
Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2 n’est pas le digne successeur du jeu de rôle culte du studio Troïka Games, mais je pense que je ne l’aurais même pas testé s’il s’était appelé autrement. Si, comme moi, vous aimez les histoires de vampires et les décors de films noirs, préparez-vous à plonger dans un polar sanglant. Ce deuxième opus, m’a même donné envie de rejouer au premier. Il doit bien me rester une ou deux classes à essayer.

Paradox Interactive Vampire: The Masquerade - Bloodlines 2 - Day One Edition
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Enfant, je n’avais pas le droit d’avoir de console. Ce n’est qu’avec l’arrivée du PC familial 486 que le monde magique des jeux vidéo s’est ouvert à moi. Aujourd’hui, je compense largement ce manque : seuls le temps et l’argent m’empêchent d’essayer tous les jeux qui existent et de remplir mon étagère de consoles rétro rares.
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