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Quand l'homme deviendra-t-il un cyborg ?

Kevin Hofer
15/2/2018
Traduction: traduction automatique

Les cyborgs ne sont plus depuis longtemps le produit de la science-fiction : les stimulateurs cardiaques transforment les humains en êtres cybernétiques. La compréhension de l'endroit où commence le cyborg et où finit l'humain a évolué au fil du temps. Les ordinateurs, les wearables, les smartphones et autres font-ils déjà de nous des cyborgs ?

Cyborg est l'abréviation de "Cybernetic Organism". Le terme organisme contenu dans Cyborg ouvre la signification de Cyborg. Celui-ci n'est pas nécessairement un homme/une machine. Les animaux ou les plantes peuvent également être des cyborgs. Le terme a été utilisé pour la première fois en 1960 dans un article scientifique publié dans la revue "Astronautics". Dans celui-ci, les auteurs étudiaient comment le corps de l'astronaute pourrait être techniquement étendu pour s'adapter aux conditions de l'espace. L'idée sous-jacente était la suivante : Il serait plus logique de modifier le corps humain pour qu'il puisse survivre dans l'espace plutôt que d'adapter les conditions dans l'espace aux conditions sur Terre. Ils l'ont démontré en prenant l'exemple d'un rat. On lui a implanté une pompe à osmose qui lui fournissait en permanence différents produits chimiques, sans que le rat n'intervienne. Ce rat, selon les chercheurs, serait l'un des premiers cyborgs. Déjà dans cette utilisation originale du terme, un cyborg est un être hybride d'organique complété par des extensions autorégulées.

Le rat cyborg avec une pompe à osmose.
Le rat cyborg avec une pompe à osmose.
Source : Cyborgs and space

Cyborgs vs. androïdes

Il convient ici de faire la distinction entre cyborg et androïde. Les androïdes sont une forme spéciale de robots humanoïdes. Le meilleur exemple de culture populaire est la série de films "Terminator". Les Terminators sont souvent considérés comme des cyborgs, mais ils doivent être classés comme des androïdes en raison de l'absence de composants organiques. Cependant, la distinction n'est pas toujours aussi simple. Le personnage de Motoko Kusanagi du manga/animé "Ghost in the Shell" est un bon exemple. Kusanagi possède un corps entièrement artificiel depuis sa plus tendre enfance. Elle était donc organique au début de sa vie. Sa conscience et sa personnalité ont cependant été transférées dans un corps artificiel. La définition classique du cyborg ne permet donc pas de la cerner. Mais la qualifier d'androïde serait également une erreur. Personnellement, je la qualifierais de cyborg, car elle était organique à l'origine. Le manga/animé est d'ailleurs toujours d'actualité et vaut toujours la peine d'être lu/vu (c'est sans doute la raison de la catastrophique adaptation hollywoodienne de 2017).

Le renouveau des cyborgs

Après l'utilisation initiale des termes, les cyborgs et les androïdes ont surtout joué un rôle dans la littérature et les films de science-fiction. Jusqu'à ce que l'historienne des sciences Donna Haraway publie en 1985 son Manifeste sur les cyborgs (dans l'original : A Cyborg Manifesto : Science, Technology, and Socialist Feminism in the Late Twentieth Century). Dans ce manifeste, Haraway plaide pour l'effacement des frontières hiérarchiques traditionnelles. Par exemple, entre la nature et la culture/technologie ou entre l'homme et l'animal. Selon elle, les développements (bio)techniques donnent naissance à des êtres hybrides qui ne peuvent être classés ni d'un côté ni de l'autre. Elle va même jusqu'à dire qu'à la fin du 20e siècle, nous nous sommes tous transformés en cyborgs. Elle y voit la possibilité de se libérer des anciennes attributions sociales : Les oppositions traditionnelles telles que esprit/corps ou homme/femme deviennent de plus en plus floues. Lorsque les êtres humains sont des hybrides, les frontières entre les paires d'opposés apparents tombent. Les différences hiérarchiques entre ces paires disparaissent également : L'esprit ne peut plus dominer le corps, l'homme ne peut plus dominer la femme ou l'homme ne peut plus dominer la machine. Le texte de Haraway a surtout eu une grande influence sur les débats féministes, mais son concept de cyborg a également été utilisé en sociologie, dans l'analyse cinématographique et littéraire, etc. Sa compréhension du cyborg est plutôt discursive. Elle ouvre cependant plus largement le concept et permet de discuter des cyborgs en dehors de la paire d'opposition homme/machine.

Hommage à Donna Haraway : dans «Ghost in the Shell 2 : Innocence», l'experte en criminalistique s'appelait Haraway.
Hommage à Donna Haraway : dans «Ghost in the Shell 2 : Innocence», l'experte en criminalistique s'appelait Haraway.
Source : Innocence

Grâce à l'ouverture du terme par Haraway, la transformation des êtres hybrides ne se joue pas seulement au niveau homme/machine. Le néologisme cyborg, composé de "cybernétique" et "organique", laisse déjà entrevoir une autre forme d'être hybride. La transformation en cyborg se produit également au niveau organique/numérique. L'hybridation homme/machine va de pair avec l'hybridation organique/numérique. Du côté homme/machine, les cyborgs sont constitués de corps humains reliés à des assistants intelligents. De l'autre, ils sont constitués de leurs différents avatars numériques, à travers lesquels ils communiquent en ligne. C'est là qu'intervient le cyborg activism, une forme récente d'engagement politique numérique. Je vous expliquerai dans un prochain article de quoi il s'agit exactement.

Des cyborgs partout où l'on regarde

Depuis le Manifeste des cyborgs, notre monde a subi d'énormes changements sociaux et technologiques. Les cyborgs, au sens d'hybrides homme/machine, sont à l'ordre du jour. Des exemples évidents se trouvent dans le domaine médical. Des prothèses remplacent, du moins partiellement, des membres manquants, des implants cochléaires prennent en charge la fonction de parties endommagées de l'oreille interne ou des stimulateurs cardiaques stimulent le muscle cardiaque pour qu'il se contracte. L'artiste cyborg Neil Harbisson s'est implanté un dispositif qui lui permet de percevoir les couleurs à partir de signaux acoustiques. Il est la première personne à avoir été indirectement reconnue comme cyborg par un gouvernement (Royaume-Uni) : Il a dû se battre longtemps pour que son antenne apparaisse sur sa photo d'identité. Il y est parvenu en arguant que l'antenne faisait partie de son corps. Il existe également des personnes qui améliorent leur corps de manière cybernétique, sans pour autant vouloir compenser un handicap physique. Par exemple, des personnes se font implanter des puces RFID. Les possibilités d'optimiser le corps semblent illimitées. J'aborderai dans un autre article les conséquences sociales que cela pourrait avoir
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Neil Harbisson avec son Eyeborg.
Neil Harbisson avec son Eyeborg.
Source : Wikipadia

Sommes-nous tous des cyborgs ?

La question se pose de savoir jusqu'à quel point les extensions cybernétiques doivent être proches du corps ou à l'intérieur de celui-ci pour faire des humains des cyborgs. Les lunettes de données et autres wearables étendent nos corps grâce à la technologie en réseau, du moins temporairement. Il en va de même pour les smartphones, les ordinateurs et toutes sortes d'autres objets technologiques. Ils envahissent de plus en plus notre vie sociale et nous fusionnons de plus en plus avec ces appareils. L'utilisation des smartphones fait-elle de nous des cyborgs ?

Le philosophe allemand Dierk Spreen trace la limite. Selon lui, les humains ne deviennent des cyborgs humains que lorsque la frontière de la peau est franchie. Passer sous la peau est donc une condition préalable pour devenir un cyborg. Cette condition semble logique. Selon l'étendue des extensions cybernétiques, les porteurs de lunettes, par exemple, peuvent déjà être considérés comme des cyborgs. Si l'on pousse le raisonnement à l'extrême, tout objet utilisé par l'homme peut être considéré comme un objet technologique. Nous, les humains, serions donc depuis toujours, du moins temporairement, des cyborgs. La distinction cyborg/non-cyborg deviendrait alors caduque. Spreen développe donc le modèle du curseur. Il s'agit de déplacer un curseur sur une échelle entre le corps low-tech et le corps high-tech. Si le curseur sur cette échelle dépasse la limite de la peau, un être humain devient un cyborg humain. Spreen cite l'exemple de l'implantation de puces RFID : Lorsqu'une puce est implantée, le curseur franchit la limite de la peau. L'homme devient alors un cyborg humain. Si la puce est retirée, le curseur se déplace à nouveau de l'autre côté de la frontière. Il part du principe que le degré de technicisation et de cyborgisation augmente avec l'âge et les progrès du développement technologique. Spreen considère le développement systématique de technologies cybernétiques invasives pour le corps comme une innovation culturelle. Celle-ci est due aux progrès des sciences de la vie et de l'informatique. C'est aussi son argument contre l'affirmation selon laquelle les humains ont toujours été des cyborgs.

Bien que le modèle à curseur de Spreen ait un sens, je ne ferais pas dépendre la limite de devenir un cyborg du fait d'être sous la peau. Cette vision me semble trop étroite. Les ordinateurs, les smartphones et les wearables changent nos vies plus que tout autre objet technologique jusqu'à présent. De plus, ils ouvrent la sphère du numérique. Notre vie ne se déroule donc plus seulement dans l'organique, mais aussi dans le numérique. Outre le fait de devenir des cyborgs au niveau homme/machine, les gens peuvent également devenir des cyborgs au niveau organique/numérique. Nous n'utilisons pas les ordinateurs, les smartphones et les wearables en permanence, comme si nous les avions implantés. Mais nos actions sont transférées dans le numérique par leur utilisation et y existent en parallèle avec l'organique. C'est pourquoi je répondrais par l'affirmative à la question de savoir si nous sommes tous des cyborgs, mais pas à tout moment.

Comment voyez-vous les choses ? Sommes-nous déjà tous des cyborgs ou en sommes-nous encore loin ?

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La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.

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