
L'ETH veut simplifier les paiements en cryptomonnaie

Les transactions financières doivent dorénavant faire avec les cryptomonnaies. Il faudra néanmoins un certain temps avant de pouvoir effectuer un paiement sans difficulté au quotidien. Mais c'est sans compter une équipe de l'ETH qui souhaite accélérer ce processus grâce à une solution interne.
Démocratisée depuis longtemps, la monnaie numérique constitue une autre option pour la stratégie d'investissement. Les deux principaux acteurs, Bitcoin et Ethereum, représentent plus de 140 milliards d'euros de cryptomonnaies en circulation. Nous travaillons d'arrache-pied pour que ces monnaies s'imposent également comme moyen de paiement au quotidien. Aujourd'hui, par exemple, il faut parfois près d'une heure pour obtenir l'approbation d'un paiement Bitcoin. L'Ether, monnaie de substitution spécifiquement créée à cette fin, permet à l'utilisateur de clôturer un processus de paiement en trois minutes. Comme personne ne souhaite patienter trois minutes à la caisse du supermarché ou le temps d'une confirmation de transaction sur une boutique en ligne, l'équipe de Srdjan Capkun a créé « Snappy », un système capable de gérer le processus de paiement de l'Ether en un rien de temps.
Des paiements en cryptomonnaies qui s'ét(h)ernisent
Srdjan Capkun, professeur en sécurité informatique à l'ETH Zurich, explique que ce délai provient des chaînes de blocs sur lesquelles se basent toutes les cryptomonnaies. Une chaîne de blocs est constituée d'informations stockées dans un registre de données partagé, pour lesquelles il n'existe aucun serveur central. Ces données sont constamment synchronisées sur des milliers de serveurs différents qui participent au réseau de la chaîne de blocs. De ce fait, il faut beaucoup de temps à la communication et à la confirmation d'une transaction.

L'un des points forts de la cryptomonnaie réside dans la transparence et la sécurisation des données. L'intégralité des informations étant mise en cache simultanément sur d'innombrables serveurs, tous les membres du réseau cryptographique ont accès aux données. Ces dernières ne peuvent être manipulées, les mêmes règles automatisées s'appliquant à tous et les institutions – telles que gouvernements, sociétés de carte de crédit et banques – ne pouvant les influencer.
Système de consignation numérique en arrière-plan
Beaucoup ont déjà essayé d'accélérer les paiements par cryptage. Pour ce faire, il faut constamment sortir le processus de la chaîne de blocs. Même si ce dernier fonctionne parfaitement grâce à une synchronisation en amont et en aval, la transparence, la liberté d'autorité et la sécurité se perdent. Pour y remédier, Srdjan Capkun – en collaboration avec un collègue de la University College de Londres – a conçu un système de dépôt numérique très simple fonctionnant en arrière-plan des paiements. Les clients laissent un dépôt du même montant qui reste jusqu'à ce que le paiement soit confirmé, soit une heure pour le Bitcoin et trois minutes pour l'Ether.

Comme « Snappy » se base sur l'Ether, les trois minutes pendant lesquelles ce dépôt est actif ne sont pas perceptibles dans votre propre portefeuille virtuel. Le bénéficiaire du paiement peut confirmer immédiatement ce dernier sans avoir à craindre des pertes potentielles. En effet, ce n'est qu'après les trois minutes que le vendeur voit si le prix d'achat est couvert. C'est là que le dépôt entre en jeu ; en effet, si le paiement est suspect, le vendeur peut récupérer le dépôt à la place. Et comme toute manipulation est impossible dans la chaîne de blocs, le vendeur n'a pas besoin de formuler de demande spéciale ; si quelque chose ne va pas, cela apparaît automatiquement dans la chaîne et tout le monde peut le voir.
Protection pour les deux parties
Outre les clients, les vendeurs doivent également déposer une caution sur « Snappy ». Pour un petit kiosque, il s'agit de montants plus faibles, pour un grand fournisseur, de montants proportionnellement plus élevés. Et pour cause, selon Srdjan Capkun, les « dépôts qu'ils versent sont égaux à la somme de toutes les transactions individuelles des vendeurs survenant dans le même laps de temps ». Ce moyen permet de protéger le client contre d'éventuels comportements malveillants. Tous les paiements sont sécurisés et ne peuvent être traités rapidement que grâce aux dépôts. Autre avantage ? Ni le client ni le vendeur ne remarquent quoi que ce soit des dépôts lors du traitement de la transaction. Les Smart Contracts automatisés – contrats numériques cartographiés par des protocoles informatiques – fonctionnent en arrière-plan dans « Snappy », dont les règles et les procédures les régissant demeurent les mêmes pour tous les acteurs dans la blockchain.

En pratique, les protocoles et les algorithmes qui sous-tendent « Snappy » sont superposés à la blockchain Ethereum. Du moins en théorie, car personne n'utilise le système dans la pratique. Srdjan Capkun et son équipe développent des applications pour smartphones basées sur « Snappy ». À la caisse ou en ligne, un code QR relierait alors le compte du client au terminal de paiement, à l'instar de Twint. Le processus de paiement serait alors aussi simple et rapide que celui effectué sans contact par carte ou moyennant une quelconque application dédiée.
Les balbutiements de « Snappy »
Outre le système de paiement plus rapide pour l'Ether, Srdjan Capkun a d'autres cordes à son arc. Son équipe et lui sont spécialisés dans la protection de la vie privée et la sécurité de la chaîne de blocs. Par ailleurs, il s'engage en faveur de la recherche sur le matériel de confiance (Trusted Hardware) : il souhaite développer des appareils – et pas uniquement des ordinateurs – totalement fiables et inviolables. De cette façon, l'utilisateur n'aura pas à faire confiance à un fabricant ou à un tiers.

L'expert en sécurité a choisi ce domaine, car les tâches à accomplir représentent un défi intellectuel. Comme il le dit lui-même, il ne s'intéresse par aux approches anarchistes que la chaîne de blocs et le matériel de confiance impliquent inévitablement. Il s'agit là de solutions de rechange aux autorités actuellement dominantes : gouvernements, banques ou géants économiques. Dans le portefeuille de Srdjan Capkun, on trouve aussi bien des Bitcoins que de l'Ether. C'est surtout les technologies qui se cachent derrière qui sont passionnantes, l'indépendance qu'elles représentent.
Une sécurité à toute épreuve ?
Si « Snappy » débarquait sur le marché, il pourrait constituer, aux yeux des cryptosceptiques, un moyen de substitution valable. Mais la lenteur du processus de paiement agace aussi de nombreux cryptoconvaincus, qui n'ont pas la possibilité d'utiliser cette monnaie dans la vie de tous les jours. Cela étant, « Snappy » pourrait changer toute la donne. À mon humble avis, ce dernier est tout indiqué pour de petites sommes. En revanche, une entreprise affichant un chiffre d'affaires de plusieurs millions aura toujours besoin du double du montant pour couvrir le dépôt, un problème que pourrait rencontrer l'un ou l'autre fournisseur, même si les sociétés de cette envergure ont évidemment plus de liquidité à disposition.

Le projet de matériel de confiance (Trusted Hardware) sur lequel travaille Srdjan Capkun suscite la controverse. Beaucoup se demandent si l'idée qu'un système de communication totalement sécurisé, rapide et facile puisse exister ne relève pas de l'utopie. Qui sait ? Peut-être que ce Srdjan Capkun prouvera bientôt que tous ces critiques ont tort. Vous voulez en savoir plus sur « Snappy », le Trusted Hardware et les cryptomonnaies ? Cliquez alors sur « Suivre l'auteur » !


Quand je ne suis pas en train de me bourrer de sucreries, vous me trouverez dans un gymnase: je suis joueur et entraîneur passionné d’unihockey. Quand il fait mauvais, je bidouille mon PC assemblé par mes soins, des robots et autres jouets électriques. La musique m’accompagne de partout. Les sorties VTT en montagne et les sessions de ski de fond intenses font aussi partie de mes loisirs.