
En coulisse
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par Luca Fontana
En Suisse, la plupart des personnes écouteraient encore la radio tous les jours. Qui affirme une telle chose? Quelques informations sur l'utilisation de la radio et la façon dont elle est mesurée.
J'ai déjà entendu à plusieurs reprises (mais pas à la radio) que la radio est aujourd’hui encore le média le plus répandu en Suisse. Des chiffres d'utilisation qui me semblent absurdement élevés ont été publiés. Bien plus de 80 pour cent de la population helvétique écouterait encore la radio tous les jours.
Vraiment? J’ai du mal à y croire. Pour moi, même la télévision fait presque déjà partie du passé. Je l'utilise – du moins sous sa forme classique – uniquement pour regarder des retransmissions d'événements sportifs en direct. J'écoute la radio environ deux fois par an. Je suis certain de ne connaître personne qui écoute la radio tous les jours. Mais il est bien sûr tout à fait possible que je vive dans une bulle qui n'est pas du tout représentative.
J’ai donc étudié ça de plus près: comment les chiffres sont-ils obtenus? Vais-je réussir à trouver la raison pour laquelle tant de gens écoutent la radio?
En Suisse, les chiffres de la consommation de radio et de télévision sont mesurés par la Fondation indépendante Mediapulse et sa filiale Mediapulse SA. Mediapulse est mandaté par la confédération et publie des rapports accessibles au public.
C'est aussi Mediapulse qui écrit: «86,7% de la population en Suisse alémanique écoutent la radio quotidiennement pendant environ 115 minutes.»
Sur son site Web, la fondation explique aussi la méthode de mesure de façon détaillée. Ça fonctionne comme ça: les personnes qui participent aux mesures pendant un certain temps portent une montre spéciale. Comme l'application «Shazam», cette dernière reconnaît si une émission de radio est en cours de diffusion et, le cas échéant, laquelle. Les mesures sont effectuées proportionnellement aux régions linguistiques et sont également plus ou moins représentatives en termes d'âge et de sexe. Selon Mediapulse, la protection des données est garantie par une compression irréversible des données.
Le point suivant est intéressant: «La sensibilité du système de mesure, équivalent à celle de l’ouïe humaine, permet également de saisir l’audience radio passive», écrit Mediapluse sur son site Web. La consommation passive devrait en partie expliquer les chiffres d'utilisation élevés. Car, avec ce type de mesure, lorsqu'un programme radio est diffusé dans un magasin, restaurant, etc., toutes les personnes présentes faisant partie du panel de mesure sont automatiquement considérées comme étant des auditeurs radio.
Si vous avez vos écouteurs dans les oreilles et écoutez Spotify quelque part où la radio est allumée, la mesure est erronée. Et inversement: si vous écoutez la radio le casque sur les oreilles, la montre ne la percevra pas.
Malgré ces réserves, je ne connais pas de meilleure méthode de mesure. En fin de compte, seul l'auditeur (ou le non-auditeur) peut dire si la consommation a eu lieu consciemment et intentionnellement.
Depuis le 1er juillet 2017, Mediapulse utilise une nouvelle méthode de mesure. Mais le principe de base avec les montres de mesure et l'utilisation passive n'a pas changé. Beaucoup plus de montres ont été distribuées, ce qui rend la mesure plus représentative. Au second semestre 2017, les mesures ont été effectuées en parallèle avec la nouvelle et l'ancienne méthode, à partir de 2018, uniquement avec la nouvelle méthode. En raison de ce changement, les chiffres ne seront plus directement comparables à ceux des années précédentes à partir du rapport annuel de 2018. Cette présentation en ligne vous donne de plus amples informations sur la nouvelle méthode de mesure.
Le rapport sur l'utilisation de la radio et de la télévision (en allemand) de 75 pages fournit des données détaillées. La part des auditeurs actifs et des passifs relève de la spéculation. Mais quelques indices importants nous permettent au moins de spéculer.
Voici la répartition de la consommation médiatique sur une journée moyenne:
Alors que, comme on pouvait s’y attendre, la télévision (en noir) est principalement allumée le soir, la consommation radio (en rouge) est répartie sur toute la journée. Avec un pic tôt le matin et un plus petit pic à midi. L'hypothèse: les gens écoutent principalement la radio dans la voiture et au travail.
Voiture: la courbe grimpe à l'heure de pointe (également à midi). Bien sûr, écouter la radio dans la voiture est aussi l'une des rares choses que vous pouvez faire et avez le droit de faire lorsque vous conduisez.
Travail: l'utilisation est étonnamment constante pendant les heures de bureau. Les personnes en âge de travailler écoutent moins la radio que les retraités, mais représentent tout de même une quantité étonnante. Même dans le groupe des 15-24 ans, près de 70 pour cent d'entre elles écoutent encore la radio quotidiennement. Le temps d'utilisation quotidienne est beaucoup plus bas que dans le groupe d'âge des 60 ans et plus, mais il reste tout de même de 46 minutes.
Très intéressant: à partir de 10 heures du matin, l'utilisation de la radio et d'Internet prend plus ou moins des directions opposées. Le graphique de 2013, où encore moins de personnes étaient en ligne aux heures de pointe, le montre très clairement. C’est certainement parce qu’il n’est pas encore possible de surfer en conduisant.
Les rapports de Mediapulse montrent également combien de ménages disposent d'une radio numérique (DAB+).
2013 | 26 Prozent |
2014 | 31 Prozent |
2015 | 32 Prozent |
2016 | 38 Prozent |
2017 | 39 Prozent |
Ces dernières années, la part de ménages sans radio est toujours restée aux alentours de 6-7 pour cent.
J'ai d'abord pensé que ces chiffres montrent à quel point les Suisses s'intéressent encore à la radio en général. Contrairement aux radios FM, les radios DAB ont dû être achetées dans un passé assez récent. Mais c’est vrai que ces dernières sont souvent déjà intégrées dans les voitures neuves. Il est par conséquent difficile de dire si ces acheteurs s'intéressent vraiment à la radio en tant que média.
C'est là que les statistiques de notre entreprise servent à quelque chose. Elles indiquent que, depuis un certain temps déjà, nous vendons principalement des radios avec DAB+. 80 à 90 pour cent des radios vendues aux particuliers ont la DAB+. Il en va depuis peu de même pour les autoradios, où la part de la DAB a fortement augmenté au cours des deux dernières années. Elle se situe maintenant à un peu moins de 80 pour cent. Comme il s'agit de radios modernisées, l'intérêt est clair.
C'est ce qui ressort également des rapports de Mediapulse: en Suisse alémanique, la radio principale est la SRF. La SSR a une part de marché d'environ deux tiers, la SRF 1 génère à elle seule environ 30 pour cent et donc le même montant que l'ensemble des radios privées. Celles-ci sont divisées en dizaines de petites stations locales, dont aucune n'atteint plus de trois pour cent. Bon nombre d'entre elles sont répertoriées avec une part de 0,0 pour cent.
Même si l'on ne sait pas encore quelle est exactement la part d'utilisation passive, les chiffres sont impressionnants. Je me dis que la radio est un média d'accompagnement qui passe inaperçu et qui, contrairement à la télévision, ne se projette pas au premier plan. C'est pourquoi il nous arrive d’écouter la radio sans nous en rendre compte.
Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense.