En coulisse

Le phénomène «Fortnite»: pourquoi ce jeu est-il si populaire?

Philipp Rüegg
19/7/2018
Traduction: Sophie Boissonneau

125 millions de joueurs, plus de 200 millions de dollars de chiffre d’affaires par mois et l’histoire ne semble pas vouloir s’arrêter là. «Fortnite» a conquis le monde. Il est temps de revenir sur les origines d’un mythe.

Quand les poses de victoire d’un jeu investissent la Coupe du monde de football, le marketing peut se frotter les mains. «Fortnite» n’aurait même pas besoin de ce genre de publicité gratuite. Lors du dernier pic, en février, 3,4 millions de joueurs jouaient simultanément. Depuis le lancement du mode battle royale en septembre 2017, le jeu connaît un succès inébranlable. Aucun jeu n’avait autant bouleversé le monde du jeu vidéo depuis «Pac-Man» et «Tetris».

L’avenir de «Fortnite» a pourtant été longtemps incertain. Le jeu a en fait été présenté au public en 2011 lors des Spike Game Awards. Le nouveau jeu du fameux Studio Epic, n’a pas fait beaucoup de remous au départ. Il devait, à l’origine, être la figure de proue d’Unreal Engine 4. Le 25 juillet 2017, «Fortnite - Save the World» a enfin été lancé en accès anticipé payant. C’est un jeu de tower defense coopératif dans lequel il faut combattre des zombies (les carcasses). Le jeu a connu un succès limité. Epic a cependant annoncé en août que le jeu atteindrait le million de joueurs.

La version originale de «Fortnite» bientôt disponible en Free to Play.
La version originale de «Fortnite» bientôt disponible en Free to Play.

L’attention des joueurs était alors toute portée sur un autre jeu d’Unreal Engine. «PUBG» avait touché dans le mille avec sa version battle royale. Un succès en entraînant un autre, Epic ne tarda pas à déclarer: «Nous adorons les jeux de battle royale comme PUBG et avons pensé que Fortnite serait une super base pour développer notre propre version.» «Fortnite - Battle Royale» est sorti le 26 septembre et s’est inscrit dans l’histoire. Le toujours très populaire PUBG, qui a lancé la tendance du battle royale, est devenu bien calme en comparaison. «Fortnite», au contraire, a fait son entrée dans la pop culture. On serait alors en droit de se demander pourquoi?

«Fortnite» est gratuit

Le meilleur moyen d’attirer des joueurs, c’est de proposer un jeu gratuit. Alors que le mode coopératif est payant, le mode battle royale est gratuit depuis ses débuts. Comparé à son plus grand concurrent, «PUBG», qui a fait des réductions pour la première fois récemment, «Fortnite» est, d’entrée de jeu, bien plus abordable. Cela n’empêche pas Epic de s’en sortir, d’après une étude presque 70 % des joueurs ont dépensé en moyenne 85 dollars dans le jeu.

«Fortnite» ne m’a encore rien coûté (directement), mais je me suis déjà retrouvé à jouer à «Save the World» pour gagner des Vbucks (la monnaie du jeu) et les utiliser ensuite pour acheter un passe de combat. C’est un ami qui m’a offert la version originale de «Fortnite» il y a déjà longtemps, à l'occasion d'une offre 4 pour le prix d’un.

Génération «Minecraft»

Contrairement à la plupart des jeux de battle royale classique, «Fortnite» joue sur le mélange inhabituel du jeu de tir et de construction. Tout cela ajouté aux graphismes colorés et attrayants, le jeu attire les joueurs qui étaient, il y a quelques années, occupés à piocher dans «Minecraft». Ils peuvent maintenant dire adieu au vuvuzela, au lama-licorne ou à tout autre skin qu’ils utilisaient dans «Minecraft» et se mettre à «Fortnite». Le système de construction n’est certes pas aussi complet, mais il rappelle un scénario familier qui facilite le démarrage dans le jeu.

Timing

«PUBG» n’était âgé que de quelques mois et avait encore un bel avenir devant lui. Tous ses imitateurs en étaient encore au stade de la planification ou n’avaient pas encore compris le potentiel du mode battle royale. C’est à ce moment-là qu’Epic a lancé son mode battle royale déjà opérationnel. En tant qu’éditeur et centre de support d’Unreal Engine 4, utilisé pour développer PUBG, Epic Games était aux avant-postes dès le départ. Avec une sortie anticipée en septembre, Epic avait assez de temps pour assurer un lancement sur le marché réussi.

Support

Les développeurs ne manquent pas de fantaisie.
Les développeurs ne manquent pas de fantaisie.

Les studios Epic se sont rapidement rendu compte qu’ils tenaient un cheval de course. C’est pourquoi ils livrent inlassablement de nouvelles mises à jour depuis lors: nouvelles armes, skins, modifications dans les niveaux ou nouvelles idées de jeu. Dans «Fortnite», on a toujours l’impression que quelque chose de nouveau se passe. Ceci inclut les critiques de joueurs qu’Epic prend très au sérieux au lieu de se contenter de promesses en l’air.

Moments spéciaux

Dans «Fortnite», le jeu est rarement linéaire. Certes, l’objectif - être le dernier survivant des 100 opposants - est assez linéaire, mais le chemin pour y arriver est souvent ponctué d’aventures. Vous construirez parfois de véritables forteresses pour les voir réduites à néant par un tir de roquette en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Et vous retrouver enterré sous ses décombres. Ou, alors que vous vous livrez à une course de chariots avec votre équipe, vous remarquez qu’une autre équipe vous a rejoints au moment de quitter la verte prairie. Les tireurs vont peut-être tout donner d’entrée, ou peut-être qu’ils vont se mettre à se déhancher - chère grenade disco (boogie bomb), merci. Comme le montrent les dernières extensions permettant de jouer au golf, «Fortnite» est un jeu plein de surprises.

Accessibilité

Alors que «Save the World» en décourage plus d’un de par sa complexité, Epic a réussi à garder un gameplay simple pour son mode battle royale. Le principe de jeu est facile à comprendre et son design reconnaissable entre milles, aide à s’orienter. Le code couleur utilisé dans tous les RPG pour les armes et items, aide à s’y retrouver et la manipulation des armes est intuitive. Une touche pour viser et une pour tirer. Les cinq emplacements évitent la gestion fastidieuse et inutile des armes et équipements dans l’inventaire. Il n’existe également pas d’accessoires pour les armes.

On comprend vite les bases de la construction, même si la vitesse et la précision, cruciales pour la victoire, viennent moins rapidement.

Avec le lancement de la version iOS, «Fortnite» est devenu encore plus accessible. Comme il est possible de jouer sur tous les systèmes supportés avec un seul compte (sauf la PS4, Sony joue les trouble-fêtes), il est possible de progresser dans le jeu de n’importe où et de jouer avec vos amis.

Un sacré bon jeu

Tout cela ne servirait cependant à rien si «Fortnite» n’était pas un bon jeu à la base. Les graphismes colorés, la conception variée des niveaux et la fantaisie sans limites des armes sont sûrs de vous assurer un bon moment de divertissement. À cela s’ajoutent les temps d’attente extrêmement courts entre deux parties, permettant d’enchaîner les rounds rapidement. Le système de construction est intuitif et donne une dynamique inimitable au jeu. Au lieu de rester cachés, les joueurs traversent des prairies à découvert et en cas de danger imminent, s’enferment entre d’épais murs de métal.

Les différents niveaux et saisons contribuent à la motivation des joueurs. Il y a toujours de nouveaux défis ou missions, afin que les joueurs n’aient pas à se concentrer exclusivement sur la victoire royale, mais puissent aussi accomplir diverses tâches. Si vous achetez un passe de combat optionnel, vous obtiendrez plus de skins, d’emotes ou de jouets pour progresser dans le jeu.

Que vous jouiez avec des amis, que vous préfériez vous aventurer dans l’inconnu ou en solo, vous vous amuserez à coup sûr avec «Fortnite». Rendez-vous dans les tilted towers.

Et vous? Êtes-vous devenu accro à «Fortnite» ou secouez-vous encore la tête avec désapprobation?

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  • «PUBG»
    15%

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En tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour. 


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