
En coulisse
Le bad boy du cinéma fête ses 50 ans
par David Lee

Le Joker n'est pas encore dans nos cinémas, mais il a déjà beaucoup fait parler. Peu de films ont suscité une telle controverse. La question est de savoir si les assassins et tueurs en série, bien que totalement fictifs, peuvent être humanisés.
Le Joker de DC interprété par Joaquin Phoenix a lancé le débat, du moins aux États-Unis. Le film n'est cependant pas encore sorti en salle son lancement étant prévu pour le 4 octobre 2019. Et encore une semaine plus tard chez nous.
La controverse en question ne porte pas sur la qualité du film. En fait, nombre de ceux qui ont déjà vu le film auraient assisté à une performance digne d'un Oscar dans l'interprétation du Joker par Joaquin Phoenix. La question est plutôt de savoir si l'on peut sympathiser avec les tueurs en série.
La police new-yorkaise souhaite surveiller le lancement du film et que les cinémas prévoient plus de personnel. La police de Los Angeles a également l'intention de prendre des mesures plus strictes pour surveiller la situation. Les exploitants de salles de cinéma sont également tenus de ne pas autoriser les déguisements ou les masques, ou au moins d'effectuer des contrôles stricts.
Ne serait-ce donc que beaucoup de bruit pour rien ?
Ann Sarnoff, PDG de Warner Bros. a répondu que le studio partage la peine des familles et verse, déjà depuis plusieurs années, des dons généreux aux victimes de violence. L'entreprise aurait en effet donné un million de dollars aux victimes d'Aurora.
Madame Sarnoff n'a, en revanche, fait aucun commentaire quant aux supposés dons à des politiciens s'opposant aux réformes sur les armes.
Le film Joker parle du manque d'amour, des traumatismes de l'enfance et du manque de compassion dans notre monde. Je trouve bizarre que les gens disent : « Oh, je ferrais avec ». Mais imaginez ce qui se passerait si vous n'y arriviez pas.
La vraie valeur du film serait donc selon Phoenix, de faire comprendre aux gens qu'il est souvent trop facile de dénoncer le mal sans essayer de trouver son origine ou de le comprendre.
La question de savoir si les tueurs de masse – qu'ils soient fictifs comme le Joker ou réels comme James Eagan Holmes, le tueur d'Aurora – peuvent être humanisés est déplaisante et met mal à l'aise.
Selon les acteurs et professionnels ayant participé au film, Joker devrait aider à mieux comprendre le mal, à le reconnaître et à l'empêcher à un stade précoce avant qu'il ne soit trop tard. Les détracteurs et les familles inquiets voient, quant à eux, un danger beaucoup plus grand que les auteurs potentiels de violence se voient confirmés dans leur rôle de victimes et s'en servent comme justification pour d'autres assassinats.
La vérité se trouve sûrement dans l'entre-deux. Aucun meurtrier ne devrait pouvoir être délesté de la responsabilité de ses actes, aussi désespérées soient les circonstances. La décision d'appuyer sur la gâchette est bel et bien prise par le meurtrier, seul. Dans tous les cas.
C'est cependant à nous, qui formons la société et éduquons nos enfants selon nos principes moraux, d'assurer une coexistence saine. Cela ne peut fonctionner que si nous trouvons tous ensemble suffisamment de soutien, même dans nos heures les plus sombres, avant qu'il ne soit trop tard.
Qu'en pensez-vous ?
N.B. : connaissez-vous la série Netflix Mindhunter ? Elle raconte l'histoire des premiers profilers de l'histoire qui se sont intéressés au psychisme des tueurs en série – contre la pression de la société, qui ne veut rien savoir de l'humanisation des tueurs.
J’écris sur la technologie comme si c’était du cinéma – et sur le cinéma comme s’il était réel. Entre bits et blockbusters, je cherche les histoires qui font vibrer, pas seulement celles qui font cliquer. Et oui – il m’arrive d’écouter les musiques de films un peu trop fort.
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Au cœur de l'inquiétude, l'intrigue du film mettant en scène l'ennemi de Batman ayant prêté son nom au film, ce dernier est présenté comme un comédien en herbe qui perd le contrôle de sa vie et devient un assassin dérangé. Les détracteurs craignent que le Joker n'éveille de la compassion et de la sympathie pour le personnage, en faisant un modèle, voire une source d'inspiration, pour d'autres auteurs potentiels de violence qui voudraient se considérer comme victimes du système.
La récente série de tueries de masse par arme à feu ayant fait plus de 40 victimes aux États-Unis ne manque pas d'apporter de l'eau au moulin des détracteurs. À cela s'ajoute le tragique incident d'Aurora (Colorado), une attaque à main armée indirectement liée au Joker : l'attaquant a lancé une grenade lacrymogène lors d'une représentation nocturne du film The Dark Knight Rises et a tiré sur le public. Douze personnes sont décédées, soixante ont été blessées.

Alors que la controverse est incontestablement là, les responsables cherchent à éviter les polémiques. Un policier de New York a par exemple déclaré à la revue spécialisée The Hollywood Reporter qu'il n'y avait aucune preuve formelle d'assassinats planifiés. Même son de cloche du côté de la police de Los Angeles. Elle prend certes très au sérieux les préoccupations de la population, mais n'a pas encore découvert de menaces graves.
Dans une lettre ouverte à Warner Bros., les victimes et familles des victimes de l'attentat d'Aurora s'inquiètent de la violence réaliste du film Joker. Aux États-Unis, le film est classé R, classement équivalent à la catégorie interdite au moins de 18 chez nous. Ils ont également appelé le studio à cesser les dons aux politiques qui reçoivent des fonds de la National Rifle Association (NRA) afin d'empêcher des réformes rendant l'accès aux armes plus dur aux États-Unis.
Entre-temps, les stars du film se sont également exprimées. Le réalisateur Todd Phillips a ainsi déclaré qu'il n'avait aucunement l'intention de glorifier la violence ou d'inspirer des assassins potentiels, que ce soit par le biais du personnage fictif du Joker ou de son film. L'acteur Robert De Niro a, quant à lui, déclaré au magazine spécialisé Variety, lors de la première du film The Irishman qu'il soutenait les demandes des familles Aurora.

Premier rôle, Joaquin Phoenix a livré une interview plus détaillée au journal Vanity Fair. Il s'attendait à la controverse, mais la trouve saine, car elle stimule les débats. Il se serait également interrogé sur ses motivations à faire un film sympathise avec le méchant. Sa réponse lui vient d'elle-même dans une interview avec IGN.

Peut-on comprendre les assassins de masse ?
Le concours est terminé.