
Test de produit
La Turtle Beach Stealth Ultra à l’essai : une bonne manette à un prix premium
par Kevin Hofer
Manette, souris ou clavier sont de merveilleux outils pour jouer aux jeux vidéo, mais ils nécessitent beaucoup d’habileté. Qu’en est-il pour les joueurs qui ne peuvent utiliser qu’une seule main ou que les pieds? Les personnes handicapées utilisent des manettes spéciales et des logiciels adaptés. Il existe des solutions dans l’industrie du gaming, mais la plupart du temps, les joueurs eux-mêmes sont mis à contribution.
Les jeux proposent habituellement des possibilités de paramétrage pour les daltoniens ou des sous-titres pour les sourds. C’est loin d’être suffisant pour répondre à toutes les situations. Les personnes handicapées ont des besoins complexes, notamment en matière de manettes. Un modèle typique possède jusqu’à 17 boutons. La majorité des joueurs en sont satisfaits, mais si vous ne pouvez utiliser qu’une main par exemple, la moitié des boutons est déjà de trop.
Heureusement que de nombreux bricoleurs se sont engouffrés dans la brèche. Ils conçoivent des manettes spéciales pour rendre les jeux accessibles à un plus grand nombre. Ce sont souvent des organisations à but non lucratif qui soutiennent ces projets. Un grand fabricant, Microsoft, s’est aussi penché sur la question l’année dernière. Les solutions logicielles sont toutefois les plus répandues.
Les options pour les daltoniens ou les sourds en sont une. Ces réglages sont presque devenus la norme dans l’industrie. Activision a certes récemment prétendu le contraire pour justifier l’absence de sous-titres dans les remakes de Spyro. Heureusement, il s’agit là d’une exception.
Il existe cependant bien d’autres aides que les éditeurs de jeux pourraient intégrer à leurs produits. L’un des exemples les plus positifs ces derniers temps est «Marvel’s Spider-Man» pour PS4. Le développeur Insomniac propose un éventail d’options étonnamment large. Il est par exemple possible de désactiver les Quick Time Events ce qu’apprécieront entre autres les personnes sujettes aux attaques de panique. On peut aussi maintenir les boutons enfoncés plutôt que d’appuyer dessus, ce qui est appréciable en cas de syndrome du canal carpien.
Une autre option importante est l’affectation personnalisée des touches. Si elle est évidente pour les joueurs sur PC, elle est encore bien trop rare sur les consoles. Surtout si on souhaite enregistrer sa configuration pour ne pas devoir refaire l’opération à chaque redémarrage. Il serait souhaitable d’avoir une norme pour que les jeux proposent systématiquement ces options. Il semble toutefois que la tendance aille dans le bon sens pour les superproductions.
Avec la Xbox Elite, Microsoft a présenté en 2015 une manette de luxe. Pensée au premier lieu pour les hardcore gamers, elle a été adoptée avec enthousiasme par les personnes à mobilité réduite. Elle possède des palettes interchangeables à l’arrière, chaque touche peut être reprogrammée et enregistrée dans différents profils. Cette clientèle inattendue a incité Microsoft à redoubler d’efforts dans ce domaine. Ainsi est née la Xbox Adaptive Controller. Ceux qui, en la voyant, imaginent une console de DJ avec des platines numériques n’auront pas tout à fait tort. Les platines réagissent au toucher et peuvent être utilisées même sans motricité fine du pouce. Au dos se trouvent des prises pour chaque bouton de la manette Xbox. Il est possible d’y connecter différents périphériques tels que des commutateurs, joysticks ou contacteurs buccaux. On peut ainsi se servir de la manette avec une main et un pied, ou une main et l’épaule ou un pied et le menton.
L’Adaptative Controller de Microsoft reste une exception. Habituellement, les joueurs concernés doivent se contenter de solutions bricolées. C’est le cas de cet adaptateur fabriqué avec une imprimante 3D qui permet d’utiliser les Joy-Con avec une seule main.
Le streamer de PUBG Rocky NoHands démontre le degré d’efficacité que les joueurs peuvent atteindre grâce aux manettes spéciales. Rocky Stoutenburgh est tétraplégique, mais cela ne l’empêche pas de jouer. Grâce à l’adaptateur Quadstick, il commande le tireur en ligne avec la bouche en soufflant dans les différents orifices. «PUBG a probablement été l’un des jeux les plus difficiles. Cela m’a pris environ trois jours pour définir mes paramètres», a-t-il déclaré au magazine PC Gamer. Il a dû se passer de certaines commandes comme changer de place dans le véhicule, car il était à court d’options. Pour lui, c’est un handicap minime.
Comme les besoins varient beaucoup en fonction des personnes, il n’existe guère de solutions universelles. Les organisations à but non lucratif comme Able Gamers ou Warfighter Engaged s’engagent pour que les personnes handicapées puissent jouer elles aussi. D’une part, elles plaident pour un meilleur soutien de la part des fabricants et établissent un réseau de joueurs concernés et d’autre part, elles développent elles-mêmes des solutions. L’organisation de vétérans Warfighter Engaged a réalisé de nombreux projets en étroite collaboration avec les utilisateurs. Ces solutions pensées pour des besoins spécifiques sont donc le plus souvent des pièces uniques.
Sans bénéfices potentiels, pas d’investissement. Fidèles à cette règle, la plupart des développeurs ne se montrent guère généreux quand il s’agit d’intégrer des options spéciales. En l’absence d’obligation légale et étant donné la proportion très réduite de joueurs handicapés par rapport à l’ensemble de la clientèle, la dépense ne se justifie pas. Les exceptions notables comme «Spiderman» s’expliquent souvent par la présence du public concerné au sein même des équipes de développement où il peut faire entendre sa voix. Sinon, il faut s’en remettre à la bonne volonté des fabricants de jeux.
Le problème est identique pour les manettes. Les fabricants de matériel sont financièrement peu incités à réaliser de tels produits de créneau. C’est pourquoi on peut se réjouir de l’existence de l’Adaptative Controller, même si c’est avant tout un coup de pub pour Microsoft. Grâce à cette manette et aux efforts de nombreuses organisations à but non lucratif, les personnes à mobilité réduite, déficientes visuelles, etc. peuvent continuer à profiter de leurs jeux dans un monde virtuel où elles ne connaissent aucune limitation.
En tant que fou de jeu et de gadgets, je suis dans mon élément chez digitec et Galaxus. Quand je ne suis pas comme Tim Taylor à bidouiller mon PC ou en train de parler de jeux dans mon Podcast http://www.onemorelevel.ch, j’aime bien me poser sur mon biclou et trouver quelques bons trails. Je comble mes besoins culturels avec une petite mousse et des conversations profondes lors des matchs souvent très frustrants du FC Winterthour.