
En coulisse
La polémique « Mulan » Disney : les grands studios ont-ils encore besoin des cinémas ?
par Luca Fontana
Mais avant tout, cela fait des mois que les grands studios nous privent de bandes-annonces. Et soudainement, en voilà deux en moins d'une semaine. Parlons d'abord de « Raya et le dernier dragon » de Disney.
« The world is broken. We can’t trust anyone. » – « Maybe the world is broken because we don’t trust anyone. »
On entend ces mots dans la bande-annonce. Il décrivent le pays fictif appelé Kumandra, qui est en guerre depuis des siècles. Mais la citation pourrait tout aussi bien décrire notre monde. Notre normalité, dans laquelle on nous serine jour après jour, qu'il faut d'abord voir le danger dans une personne avant de voir l'humain, dans laquelle chaque mot est mis sur le bol d'or et dans laquelle beaucoup sont pressés de juger.
The world is broken.
C'est peut-être pour cela que cette réplique me touche autant. Le monde n'est pas cassé. Il est juste un peu abîmé. Et pour s'en rendre compte, nous avons besoin les uns des autres. Pour cela, il faut une chose qu'on nous a trop longtemps appris à réprimer : la confiance. Et cela me rend profondément triste. Je m'y oppose et le film aussi, j'espère.
Allez, assez parlé de sentiments. Avez-vous regardé la bande-annonce de Raya et le dernier dragon de Disney. Une merveille ! Regardons ça de plus près.
Le pays s'appelle Kumandra. Les humains et les dragons y ont longtemps vécu en parfaite harmonie. Mais alors que les Druuns, horribles monstres, menaçaient le pays, les dragons se sont sacrifiés pour sauver l'humanité.
500 ans plus tard, cela fait des décennies que les habitants de Kumandra sont en guerre. Les Drunns sont maintenant de retour pour finir ce qu'ils avaient commencé. Pour les arrêter, Raya, une princesse guerrière, doit retrouver le dernier dragon restant.
Vraiment rien. Sinon que l'on assiste à la rencontre entre Ocean's 11 et Vaiana : Raya, bien qu'elle ne soit pas polynésienne, est toujours aussi exotique, avec une vibe Extrême-Orient. Elle est à la tête d'une troupe disparate qu'elle doit réunir. La musique est branchée et les répliques accrocheuses. Certaines donnent vraiment le ton :
« You and your dragon are coming with us », menace une guerrière sur les traces de Raya.
« Hmm… my sword here says we’re not », répond Raya.
Haha. Pas mal.
Cela mis à part, je ne peux pas m'empêcher de penser que la bande-annonce vise à rendre le film plus branché qu'il ne l'est réellement. Encore un coup marketing. Encore une réunion pendant laquelle on s'est dit que le côté hipster attirerait les jeunes. Je m'attends néanmoins à quelque chose qui se rapproche beaucoup plus du style Disney, axé avant tout sur la famille.
Difficile de faire aussi familial que La Reine des neiges, malgré la présence du producteur Peter Del Vecho, qui a aussi participé à ce dernier film. Mais deux réalisateurs s'en portent garants. Notamment Don Hall, connu pour son autre film Disney Les nouveaux héros, totalement sous-estimé à mon avis. Ou encore Carlos López Estrada, qui a déjà attiré l'attention avec des films d'action, comédie et drama peu mainstreams tels que Blindspotting et Legion.
Je suis curieux de voir comment leurs styles se traduiront dans un film Disney.
Enfin, la musique est signée par le grand James Newton Howard. Compositeur de génie. Il est connu pour des films tels que la trilogie Batman de Nolan en collaboration avec Hans Zimmer, les films Hunger Games, Le Village ou Blood Diamond. C'est déjà sa quatrième collaboration avec Disney après Dinosaure, Atlantide, l'empire perdu et La planète au trésor.
Raya et le dernier dragon ne sera vraisemblablement pas un film musical.
Raya et le dernier dragon sortira le 5 mars 2021 dans les salles de cinéma. Tout du moins, là où les cinémas sont ouverts. Le film sera également lancé sur Disney+ au même moment. Les abonnés devront cependant débourser 29,90 dollars pour regarder le film.
Disney appelle cela le « Premier Access », c'est en fait un accès précoce et, dans trois mois, le film sera ensuite gratuit pour tous les abonnés. Comme pour la sortie normale sur les plateformes de streaming, qui suit généralement la sortie en salle de 90 jours.
Ce que les exploitants de cinéma craignent depuis longtemps déjà est donc en passe de devenir réalité : la sortie simultanée semble être la nouvelle norme. En d'autres termes, lorsque le film sort en salle, il est également disponible en streaming – que ce soit via des services de vidéo à la demande comme Google Play ou Apple TV, ou via des services de streaming comme Disney+ ou Netflix.
Disney a déjà testé ce modèle en septembre dernier avec Mulan. À l'époque, le nouveau PDG de Disney, Bob Chapek, promettait encore que ce modèle n'était que ponctuel et ne deviendrait pas la règle pour toutes les sorties Disney.
Depuis, les rumeurs racontent que c'est loin d'être fini : Black Widow de Marvel sortira notamment sur Disney+, mais aussi Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings. En Premier Access bien sûr.
Mais Disney est loin d'être le seul studio de cinéma qui cherche appliquer le modèle du streaming au cinéma. Warner Bros emprunte le même chemin avec HBO Max, sa plateforme de streaming sur laquelle tous ses films sortiront le même jour que dans les salles obscures pour l'année 2021. Et ce sans surcoût pour les abonnés. Les films seront disponibles sur HBO Max pendant 30 jours à compter de leur sortie en salle avant de disparaître. Aux États-Unis, l'abonnement à HBO Max coûte environ deux fois plus cher que l'abonnement à Disney+.
D'une manière ou d'une autre, je verrai ce film. Les animations sont une fois de plus incroyables. Le message va probablement me plaire, tout comme l'humour. Et avec James Newton Howard aux manettes pour la musique, je suis plutôt conquis.
Vivre des aventures et faire du sport dans la nature et me pousser jusqu’à ce que les battements du cœur deviennent mon rythme – voilà ma zone de confort. Je profite aussi des moments de calme avec un bon livre sur des intrigues dangereuses et des assassins de roi. Parfois, je m’exalte de musiques de film durant plusieurs minutes. Cela est certainement dû à ma passion pour le cinéma. Ce que j’ai toujours voulu dire: «Je s’appelle Groot.»