En coulisse

Tokina SZ Pro : trois objectifs à miroir à l’essai

David Lee
5/5/2023
Traduction : Sophie Boissonneau

Les objectifs à miroir ou objectifs catadioptriques projettent l’image sur le capteur à l’aide d’un système de miroirs. Pourquoi en ai-je besoin ? Pour faire court : pour presque rien. Mais cela me permet d’obtenir des effets amusants.

Avant ce test, je ne savais même pas ce qu’était un objectif à miroir. Je ne dois pas être la seule personne dans ce cas, alors commençons par une petite explication.

Les objectifs à miroir, quésaco ?

Par rapport à leur distance focale, les objectifs sont également légers. Le poids et la taille réduits sont sans doute la raison pour laquelle la technique du miroir n’est utilisée que pour les téléobjectifs, car c’est là que ces avantages ont le plus d’impact.

Un objectif de voyage ? Absolument pas

Ma première pensée a été : leur taille compacte en fait des objectifs idéaux à emporter en déplacement ou en vacances. Un joli téléobjectif de 300 mm serait-il donc l’objectif de voyage idéal ?

La réponse est la même que celle donnée par l’homme de cette vidéo quand on lui demande s’il connaît Galaxus : absolument pas.

Car si les dimensions d’un objectif à miroir sont pratiques, il a d’autres caractéristiques qui ne le sont pas.

Inconvénient n°1 : pas d’autofocus

Inconvénient n°2 : pas de stabilisateur d’image

Les objectifs à miroir ne disposent pas de stabilisateur d’image. Plus un téléobjectif est puissant, plus les effets du moindre mouvement de la main sont violents. À 300 millimètres, vous devez déjà exposer très brièvement pour éviter les flous de bougé. Sans appui, il est difficile de maintenir le sujet dans l’image. Les trois Tokina SZ Pro ne font pas exception à la règle. Tout est tremblotant.

Avec les appareils Sony, je dois indiquer la distance focale dans le menu de l’appareil photo pour que la stabilisation fonctionne correctement. L’appareil photo ne reconnaît pas lui-même la distance focale de ces objectifs. De plus, impossible de régler à 900 mm, je dois me rabattre sur 800 ou 1000 mm.

Avec 900 millimètres, je ne parviens de toute façon pas à photographier à main levée. Je n’arrive déjà pas à garder le sujet dans l’image. À 600 millimètres, c’est possible avec un appui et une stabilisation de l’appareil, si l’exposition ne dure pas plus de 1/125 de seconde. Mais ici aussi, un trépied est en fait obligatoire.

Inconvénient n°3 : diaphragme fixe

Les objectifs à miroir ont une ouverture invariable. L’ouverture de l’objectif à miroir de 300 millimètres de Tokina est de f/7,1. Ce n’est pas beaucoup, mais je suis content que ce ne soit pas plus, car sans diaphragme réglable, impossible d’ajuster la profondeur de champ. Et celle-ci est déjà très faible à 300 millimètres et f/7,1.

La profondeur de champ est encore plus faible à 600 millimètres : avec f/8, cet objectif a une ouverture à peine plus petite pour une distance focale deux fois plus grande. Pour de nombreux sujets, il s’avère donc impossible de photographier l’ensemble avec netteté.

Grandes distances, grands problèmes

Les photos du ciel par une nuit étoilée rendent déjà bien mieux. Avec l’objectif de 900 millimètres, la lune remplit une bonne partie de l’image et est également nette. La photo laisse apparaître de nombreux détails de la surface du corps céleste.

Le bokeh

Les objectifs à miroir ont encore une particularité que je n’ai pas mentionnée : l’effet bokeh. Les points lumineux qui ne sont pas dans la zone de netteté apparaissent sous forme d’anneaux. Avec un objectif classique, ils apparaissent en tant que surfaces circulaires ou, à la rigueur, sous forme de polygones lorsque les lamelles du diaphragme ne sont pas arrondies.

Exemple : des gouttes de rosée en contre-jour provoquent des points lumineux clairs. Avec un objectif en verre classique, ça donne ça :

Avec un objectif à miroir :

Cet effet est lié à l’ouverture de l’objectif, qui est elle aussi en forme d’anneau. Le deuxième miroir est fixé à l’arrière du cercle noir que l’on voit au centre et dirige la lumière du premier miroir vers le capteur.

Ces anneaux peuvent être gênants lorsqu’ils ne sont pas voulus, mais ils permettent aussi de mettre en œuvre des idées créatives.

Les anneaux sont notamment très esthétiques lorsque l’on change lentement la mise au point dans une vidéo. Cependant, même avec un trépied, les photos prises avec un super téléobjectif sont un peu floues lorsque vous tournez la bague. Et ce dès 300 mm, sachant que le problème s’aggrave à 600 et 900 mm.

La qualité d’image

En raison de leurs nombreuses particularités, la qualité d’image reste secondaire dans ce test des objectifs à miroir de Tokina. Mais supposons que, malgré la faible profondeur de champ, le scintillement de l’air et la sensibilité au bougé, vous parveniez à prendre une photo nette... Que peut-on alors dire de la qualité de l’image ?

La netteté, testée avec un objectif de 300 mm, est en grande partie bonne, sauf dans les coins. Alors qu’un objectif classique permet d’augmenter la netteté d’un objectif ordinaire en atténuant la luminosité, ce n’est pas possible sur un objectif à miroir.

Dans la comparaison directe avec le Nikkon 70-300 mm mentionné ci-dessus, je ne vous présente que des zones à l’intérieur de l’image. Sur les bords, la comparaison serait injuste, car le Nikkon est un objectif plein format. Avec ces derniers, le bord réel du cercle d’image n’est effectivement pas saisi par le capteur.

Verdict : des objectifs de niche

Les objectifs à miroir sont compacts et ça joue à leur avantage, mais ce dernier est contrebalancé par de nombreux inconvénients. Sans autofocus ni diaphragme réglable, ils sont très peu flexibles et ne conviennent donc pas en voyage. La photographie sportive et d’action ne fait clairement pas partie des domaines d’application des objectifs à miroir et je ne les recommande pas non plus pour les portraits.

Je trouve le jeu avec le bokeh très intéressant, car c’est quelque chose d’unique. Cependant, je n’achèterais pas un objectif simplement pour cela, car l’effet perd vite de son intérêt lorsqu’il apparaît sur toutes les photos.

Des trois objectifs testés, le 300 mm est mon préféré. Il est très petit et permettrait presque de prendre des photos à main levée. L’objectif de 900 millimètres est certes suffisamment puissant pour photographier la lune ; mais à part cela, il est difficile de prendre une image nette à grande distance. Quant au modèle 600 mm, sa manipulation est, elle aussi, loin d’être aisée.

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Mon intéret pour l'informatique et l'écriture m'a mené relativement tôt (2000) au journalisme technique. Comment utiliser la technologie sans se faire soi-même utiliser m'intéresse. Dans mon temps libre, j'aime faire de la musique où je compense mon talent moyen avec une passion immense. 


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