

Shure SE315 : détournement d'usage au MWC

Au Mobile World Congress de Barcelone, l'équipe digitec improvise beaucoup. C'est devenu une habitude, à tel point que le choix de l'équipement sort des sentiers battus. Nous avons notamment choisi des écouteurs qui sont en fait destinés aux musiciens de rock sur scène.
Détournement d'usage. C'est l'un de mes mots préférés. Tout simplement parce que le concept à lui seul me force à voir les choses d'une manière totalement différente de ce qu'un fabricant ou son service marketing veut voir. C'est aussi la raison pour laquelle la productrice de vidéos Stephanie Tresch et moi-même posons des questions étranges à notre service de gestion des produits à Zurich. Nous expliquons rarement le cas d'utilisation, nous demandons plutôt des caractéristiques.
C'est ce qui s'est passé il y a quelques semaines, lorsque j'ai filmé par hasard le chef de produit Fabio Endrich et que Stéphanie est passée par hasard, qui voulait par hasard un jeu d'écouteurs.
"J'ai besoin de la réduction de bruit", me dit-elle. Car elle m'accompagne au Mobile World Congress de Barcelone, où elle veut avoir une image claire et nette du son du micro avant de commencer à filmer. Le son est en effet très important dans un environnement bruyant.
Fabio Endrich a par hasard - toutes ces coïncidences à Zurich - quelques Shure SE315 sous la main. Sans lever les yeux de son travail, il lui met les écouteurs dans les mains. On n'aurait donc pas pu faire une meilleure mise en scène.

Stephanie s'en va de sa démarche habituelle, légèrement sautillante, et je ramasse le micro qui se trouvait par hasard sur la table de Fabio.
L'annulation du bruit sans Active
Par un concours de circonstances que ni Stéphanie ni moi ne sommes en mesure de retracer précisément, les Shures ont finalement atterri chez moi. Pendant ce temps, Stéphanie compte sur des écouteurs intra-auriculaires Marshall qu'elle m'a subtilisés en échange.
Je ne veux plus me séparer des Shure.
Après un premier essai à Zurich, je demande à Fabio pourquoi il ne jure que par les Shure, sans aucune hésitation, avant même que nous ayons fait le shoot aléatoire.
"Je les utilise sur scène", me répond le musicien qui, avec son groupe, refait de temps en temps le tour de la Suisse. Mais il ajoute que l'album se fait attendre.
Si vous avez déjà été au premier rang d'un concert, vous avez remarqué que les musiciens portent souvent des écouteurs. La raison en est qu'ils ne veulent pas entendre la musique provenant des enceintes massives situées au bord de la scène comme le public, mais plutôt les instruments et les voix de leurs collègues et d'eux-mêmes. A cela s'ajoute bien sûr le fait que tout musicien s'abîmerait l'ouïe en permanence s'il ou elle devait supporter le volume maximal des enceintes de scène à chaque concert.
C'est pourquoi Shure a également détourné des objets de leur usage initial. Il s'agit des oreillettes et des casques. Le fabricant a combiné les deux.
C'est ainsi que Shure obtient ce dans quoi d'autres fabricants ont investi des dizaines de milliers de dollars : Une réduction de bruit quasi parfaite. Le monde extérieur pénètre à peu près aussi bien dans mes oreilles qu'elles le font avec des Oropax. Car c'est exactement ce que sont les Buds en réalité. Vous les comprimez, vous les mettez dans votre oreille et ils remplissent votre conduit auditif. Au centre se trouvent alors les petits haut-parleurs d'où sort la musique.
Une petite paire de lunettes en plus
Un troisième élément détourné par Shure est la paire de lunettes. En effet, sur scène, Fabio Endrich, tout comme les autres musiciens, ne doit pas seulement jouer de la musique, mais aussi donner un bon spectacle. Cela implique de bouger la tête. Si vous êtes au milieu d'une chanson et que les écouteurs vous tombent des oreilles, c'est un peu gênant.
"Un musicien ne peut pas interrompre la chanson sur scène et dire "Hé, désolé, j'ai besoin de mes écouteurs..." ;", plaisante Fabio.
C'est pourquoi Shure a adapté le concept de la branche de lunettes et, de manière inhabituelle, les câbles partent vers le haut et non vers le bas. Ils se transforment ensuite en branches librement réglables que vous pouvez coincer derrière vos oreilles. Les écouteurs tiennent ainsi parfaitement en place.
La qualité du son est parfois à la hauteur de mes attentes en tant que musicien sur scène. Des basses riches, de beaux aigus, le tout à un volume agréable. Car je n'ai pas à me soucier des bruits parasites du monde extérieur.
Le facteur de forme avec les câbles des branches de lunettes est toutefois la plus grande faiblesse des écouteurs. J'ai toujours l'impression que cela prend une éternité pour mettre les bouchons dans mon oreille. D'abord l'écouteur dans l'oreille, puis des contorsions bizarres jusqu'à ce que les branches soient en place. Cela prend un peu plus de temps que je ne le souhaiterais.
Comme Stéphanie et moi devons reprendre tout de suite - le travail de nuit nous attend - je fais rapidement un bilan. Les Shure SE315 sont mes nouveaux écouteurs préférés. Ils sont certes moins adaptés aux trajets matinaux, mais ils peuvent aussi être utilisés facilement. Car si vous voulez un silence divin dans le tram ou le bus, ou si vous voulez entendre la productrice vidéo devant la caméra, alors vous êtes bien servi avec les Shure.


Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.