Nintendo
Critique

« Kirby Air Riders » : le chaos à la perfection

Domagoj Belancic
19/11/2025
Traduction : Stéphanie Casada

« Kirby Air Riders » propose une expérience multijoueur à la fois tumultueuse et divertissante, le tout sans passe de combat ni artifices liés aux jeux en service continu. Pour profiter pleinement du jeu, il est toutefois essentiel de s’adapter à son concept original et à ses commandes minimalistes.

J’ai failli ne pas jouer à Kirby Air Riders. La première impression m’a complètement submergé. Des personnages colorés de Kirby se déplacent sur de drôles de bolides à travers une ville futuriste, se livrant des batailles effrénées. Mon véhicule, beaucoup (!) trop rapide, glisse constamment à travers d’énormes explosions et des effets de particules qui remplissent l’écran. C’est le chaos. L’anarchie. Mes sens saturent.

C’est quoi ce jeu ?!

Je ne jette pas l’éponge si facilement, Kirby ne me fera pas plier, bon sang. La musique d’entraînement de Rocky résonne dans ma tête. Je regarde plusieurs fois les tutos, je relève tous les défis solo, j’essaie les astuces de pros jusqu’à ce que mes pouces soient endoloris.

Et soudain, j’ai le déclic. Je vois la matrice, le système derrière le chaos. Je comprends la vision du légendaire directeur de jeu Masahiro Sakurai (Super Smash Bros.). En bref : je suis en train de tomber amoureux de Kirby Air Riders.

Une seule commande avec seulement deux boutons

À première vue, Kirby Air Riders est un simple Fun Racer, mais il se révèle rapidement être un jeu unique en son genre, jusque dans ses commandes.

Les bolides accélèrent d’eux-mêmes. Seuls deux boutons servent pour les contrôler. Le bouton « B », en particulier, joue un rôle central et est fréquemment sollicité. C’est avec lui que je freine, je dérape dans les virages, je charge le turbo, j’aspire les ennemis et je tire des objets. J’appuie sur « Y » pour activer la capacité spéciale de mon pilote : il peut s’agir d’une attaque, d’une capacité défensive ou d’une accélération.

Au fil du jeu, je réalise que derrière des commandes en apparence simples se cache une mécanique ingénieuse qui demande une véritable approche stratégique. En particulier, la polyvalence du bouton « B » génère des conflits d’objectifs, me poussant à adopter une approche différente de celle des jeux de course classiques.

Dois-je maintenir la touche « B » enfoncée pour déraper dans le virage, ou plutôt faire des clics rapides pour lancer des boules de feu et toucher l’adversaire devant moi ?

Le timing est essentiel : si j’enfonce trop longtemps le bouton « B » dans le virage, le véhicule freine complètement.
Le timing est essentiel : si j’enfonce trop longtemps le bouton « B » dans le virage, le véhicule freine complètement.
Source : Nintendo

Une autre particularité de la commande réside dans l’attaque. Si je secoue le stick analogique gauche, j’active une attaque tourbillonnante. Au départ, c’est cette mécanique qui me pose le plus de difficultés : je ne peux pas déclencher l’attaque de manière fiable et je dirige toujours mon véhicule dans les murs au lieu de faire voler les ennemis.

Le contrôle de la secousse devient naturel avec la pratique. Je trouve bien plus gratifiant d’abattre un ennemi avec le stick que de le faire en appuyant sur un bouton.

Les commandes sont fluides et intuitives. On reconnaît la patte du maître de « Super Smash Bros. », M. Sakurai, derrière ce jeu.
Les commandes sont fluides et intuitives. On reconnaît la patte du maître de « Super Smash Bros. », M. Sakurai, derrière ce jeu.

Les différents véhicules apportent un niveau de complexité supplémentaire à la commande. Contrairement à un Mario Kart, les bolides ne se distinguent pas que marginalement les uns des autres, mais se pilotent de manière radicalement différente.

L’étoile tank est lente et a du mal à prendre les virages, mais elle a l’avantage d’éliminer tous les obstacles sur son passage. Avec l’étoile papier, je glisse comme un champion du monde, mais quelques attaques suffisent pour me détruire. Et puis, il y a des bolides très spéciaux, comme l’étoile archéo. Le véhicule n’accélère pas automatiquement, il ne peut être piloté que par à-coups sur le turbo.

Selon le bolide, j’ai l’impression de jouer à un tout autre jeu.
Selon le bolide, j’ai l’impression de jouer à un tout autre jeu.

Non, ce n’est pas « Mario Kart »

Kirby Air Riders propose un total de trois modes de jeu multijoueur, dont deux sont des variantes de jeux de course.

Dans « Air Ride », six concurrents s’affrontent dans des courses palpitantes sur des circuits. La conception du parcours est absolument démente ; de quoi faire pâlir Mario Kart. Je fais la course à travers des cyber-cours virtuels, des vaisseaux spatiaux dans l’espace et la mer qui se divise sous mes yeux comme si Moïse était de la partie.

Les routes sont fréquemment entrecoupées de séquences où je suis propulsé sur des rails à travers des loopings vertigineux et d’autres passages défiant les lois de la physique. Le rythme du jeu est incroyablement soutenu, laissant peu de place pour souffler ou relâcher la pression. Le peloton reste généralement extrêmement serré, chaque concurrent se disputant âprement la moindre avancée. À l’arrivée, ce sont souvent des fractions de seconde qui déterminent la victoire ou la défaite.

Les circuits me plongent dans un tourbillon incessant d’événements incroyables.
Les circuits me plongent dans un tourbillon incessant d’événements incroyables.

La manière dont le jeu parvient à me maintenir constamment engagé est vraiment impressionnante. Les circuits courts de Kirby, riches en détails et en interactions, s’opposent radicalement au design des circuits en monde ouvert de Mario Kart World. Je dois sans cesse drifter, sauter, voler ou éliminer des ennemis. J’obtiens des objets en aspirant les ennemis qui se promènent et en copiant leurs compétences. Je récupère ainsi des épées, je fige les autres joueurs, je perce le sol ou je roule sur la piste comme une boule géante.

Que ce soit en écran partagé local ou en multijoueur en ligne, les parcours, souvent brefs, entretiennent avec brio cette sensation addictive du «  allez, juste une dernière course ». Dommage que le mode solo perde vite de son intérêt et devienne monotone. Il serait intéressant d’y ajouter un système de coupes ou autre pour renforcer la motivation sur le long terme.

Les objets sont amusants et bien équilibrés.
Les objets sont amusants et bien équilibrés.

Dans le deuxième mode de course « Top Ride », jusqu’à huit pilotes s’affrontent. Contrairement à « Air Ride », les courses se déroulent en vue du dessus.

Les circuits miniatures me rappellent les jeux Micro Machines, auxquels j’ai joué jusqu’à en perdre la notion du temps sur la première PlayStation. Les parcours sont encore plus courts que dans « Air Ride », ce qui renforce encore davantage l’envie de faire « juste une dernière course ». Mais là encore, il est agaçant de constater qu’il n’y a guère de raisons de s’y attarder en tant que joueur solo.

Pour l’affichage miniature, il est recommandé d’avoir un grand écran, surtout en multijoueur local.
Pour l’affichage miniature, il est recommandé d’avoir un grand écran, surtout en multijoueur local.

Visuellement, les circuits font bonne impression, mais seulement tant que je les traverse à toute vitesse. Si je ralentis ou si j’arrête mon bolide, je vois à quel point l’environnement manque de détails. Il se caractérise par des objets anguleux et des textures boueuses. Ces limitations graphiques présentent aussi un avantage : le jeu reste parfaitement fluide avec un taux constant de 60 FPS.

Même en écran partagé à quatre joueurs, le jeu maintient un taux fluide de 60 FPS. En revanche, en mode « City Trial » (voir ci-dessous), il se limite à 30 FPS.
Même en écran partagé à quatre joueurs, le jeu maintient un taux fluide de 60 FPS. En revanche, en mode « City Trial » (voir ci-dessous), il se limite à 30 FPS.

La musique est quant à elle convaincante dans tous les modes et sur tous les circuits. Rarement un jeu m’a bombardé d’autant d’airs entraînants que Kirby Air Riders. Fantastique.

« City Trial » est addictif

Le mode « City Trial » est sans conteste le plus important de Kirby Air Riders. Dans ce dernier, 16 joueurs s’affrontent sur une carte ouverte (« Jardin céleste »). En l’espace de cinq minutes, l’objectif est de dénicher le meilleur bolide et de faire le plein de bonus. Ces derniers me donnent des avantages dans des domaines de compétences importants comme la vitesse, l’agilité, le vol ou la défense.

Je trouve par exemple des bonus dans des caisses. Les adversaires peuvent m’attaquer et même détruire mon véhicule, je dois rester attentif !
Je trouve par exemple des bonus dans des caisses. Les adversaires peuvent m’attaquer et même détruire mon véhicule, je dois rester attentif !

Une fois les cinq minutes écoulées, il faut sélectionner l’un des quatre mini-jeux disponibles. L’un de mes préférés : dans la « Bataille de Kirby », le pilote qui élimine le plus d’adversaires dans l’arène remporte la victoire. Dans « Rally exquis », le but est de dévorer le maximum de snacks qui se trouvent sur le parcours. Et pour « Saut en hauteur » et « Panique sur les rails », il faut savoir voler.

Selon le bolide que je conduis et les bonus que je collecte, j’ai des avantages ou des inconvénients massifs dans les mini-jeux. Avec une étoile tank optimisée pour l’attaque, mes chances de gagner la « Bataille de Kirby » augmentent considérablement, alors qu’en « Saut en hauteur », ce lourd mastodonte me laisse désespérément à la traîne.

Dans le « scoring », je dois obtenir le plus de points possible.
Dans le « scoring », je dois obtenir le plus de points possible.

Pour moi, c’est cette extrême frénésie de collecte qui rend ce mode de jeu si captivant et unique. C’est absolument fou de voir à quel point je peux faire grimper mes statistiques.

En accumulant stratégiquement des bonus de vitesse avec un véhicule déjà rapide, je peux traverser la carte à une allure fulgurante, presque supersonique. J’ai l’impression de tricher. J’adore.

À la fin des cinq minutes, je vois mes statistiques. Les valeurs peuvent être améliorées jusqu’au-delà de l’écran. C’est rigolo.
À la fin des cinq minutes, je vois mes statistiques. Les valeurs peuvent être améliorées jusqu’au-delà de l’écran. C’est rigolo.

Pour varier les plaisirs, de nombreux événements viennent pimenter le jeu pendant cette phase de cinq minutes. Par exemple, des combats de boss aléatoires et des mini-courses dans lesquelles il y a des tas de bonus à gagner. Les modifications absurdes du gameplay, telles que la gravité réduite ou les sols glissants, ajoutent un chaos hilarant qui me fait rire à chaque fois. M. Sakurai a maîtrisé l’art du désordre dans « City Trial ».

Mon seul reproche : les mini-jeux sont trop courts. Je me donne tant de mal pour créer un bolide surpuissant et je ne l’utilise finalement, en fonction du mini-jeu, que pendant quelques secondes. De plus, je suis surpris que le mode avec le Jardin céleste ne propose qu’une seule carte. Le jeu est certes très bien conçu et plein de secrets, mais un peu de variété aurait été la bienvenue.

Les combats aléatoires contre les boss et autres événements réservent des surprises.
Les combats aléatoires contre les boss et autres événements réservent des surprises.

Explorer le monde en solo

Le mode « Road Trip » est la campagne solo du jeu. L’histoire sombre contraste fortement avec l’univers de jeu habituellement très coloré, typique de la série Kirby. L’histoire absurde est mise en scène dans des séquences cinématiques qui rappellent Super Smash Bros. Plutôt cool !

Sur les routes, j’ai le choix entre trois obstacles ou défis.
Sur les routes, j’ai le choix entre trois obstacles ou défis.

Je sélectionne un personnage et explore un total de onze mondes différents. Les PNJ m’invitent régulièrement à des duels. Ces derniers s’inspirent des mécaniques de jeu d’« Air Ride », « Top Ride » et « City Trial ».

Petit à petit, je découvre toutes sortes d’éléments de gameplay. Au passage, j’accumule aussi les bonus déjà vus dans « City Trial » et, au cours du mode histoire d’environ deux heures, je façonne le pilote parfait qui, je l’espère, pourra affronter le boss final.

Ce qui peut paraître ennuyeux et répétitif sur le papier fonctionne parfaitement dans la pratique. Le « Road Trip » fait également naître ce sentiment du «  allez, juste une dernière course ». De plus, le mode brille par ses nombreux secrets et embranchements ; pour tout découvrir, je dois parcourir le mode plusieurs fois.

Les PNJ me mettent au défi avec de simples courses contre la montre ainsi qu’avec toutes sortes de défis insolites.
Les PNJ me mettent au défi avec de simples courses contre la montre ainsi qu’avec toutes sortes de défis insolites.

Pas de bullshit, juste de l’amour

J’adore le système de progression de Kirby Air Riders. Quel que soit le mode auquel je joue, je suis récompensé même pour des exploits banals comme « rester en tête pendant 60 secondes » ou « utiliser la capacité spéciale 20 fois ». Je débloque sans cesse de nouveaux bolides, de nouveaux pilotes ou de nouveaux éléments de décoration. Ces derniers me permettent de personnaliser à la fois mes véhicules et mon permis virtuel en ligne.

Celles et ceux qui aiment les objets décoratifs peuvent passer des heures à décorer. Voici mon titre de transport virtuel.
Celles et ceux qui aiment les objets décoratifs peuvent passer des heures à décorer. Voici mon titre de transport virtuel.

Je n’ai pas à m’inquiéter des monnaies en jeu, des microtransactions ou d’autres trucs de service en direct. Kirby Air Riders est un jeu fini sans extensions. Le directeur M. Sakurai explique pourquoi il en est ainsi dans le deuxième Nintendo Direct (sous-titres automatiques disponibles) consacré au jeu :

Nous n’avons pas prévu de DLC. Tout le contenu est là. Je n’ai pas non plus l’intention de poursuivre cette série. Tout ce que j’avais, je l’ai mis dans ce jeu.
Masahiro Sakurai

C’est une sacrée déclaration. C’est rafraîchissant de jouer à un jeu multijoueur qui ne veut pas m’attacher « pour toujours » à la manette. Pas de bullshit de jeu sans fin, mais un projet passionné empreint d’amour.

Même si je salue cette démarche, je ressens une légère tristesse. Le jeu est tellement captivant que j’en souhaiterais davantage, comme du contenu solo supplémentaire dans les modes de course et de nouvelles cartes pour le mode « City Trial ».

N’abandonnez pas !

Pour finir, voici une petite anecdote tirée d’une session multijoueur avec trois collègues que j’avais organisée après ma séance d’entraînement Rocky. J’ai pris beaucoup de plaisir à observer leurs réactions lors de leur premier contact avec le jeu. Choc, étonnement, accablement : exactement les mêmes émotions que j’ai ressenties.

Kirby utilise son attaque spéciale. Mes collègues sont étonnés.
Kirby utilise son attaque spéciale. Mes collègues sont étonnés.

Au fil du jeu, les avis au sein du groupe ont commencé à diverger de plus en plus, en fonction de ceux qui avaient eu le « déclic » et de ceux qui ne l’avaient pas encore. Un collègue s’amuse malgré la surcharge de stimuli, un autre veut acheter le jeu au lancement, et le troisième le trouve, je cite « tout simplement complètement nul ».

Il est clair que Kirby Air Riders va polariser et ne plaira pas à tout le monde. Si cet article a éveillé votre curiosité, je vous conseille de prendre le risque. Procurez-vous le jeu ! Mais surtout, ne baissez pas les bras, même si vous vous surprenez à vous poser sans cesse la même question pendant les premières heures de jeu : c’est quoi ce jeu ?

Nous parlerons de ce jeu en détail dans le podcast Tech-telmechtel (en suisse allemand).

Bilan

Le chaos à la perfection

« Kirby Air Riders » est sans doute le jeu le plus anarchique auquel j’ai jamais joué. Il brille par ses commandes minimalistes qui m’obligent à réfléchir. Les courses sur les circuits déjantés sont ultrarapides et addictives, même dans l’adorable mode « Top Ride » en vue aérienne.

Le mode le plus important du jeu, « City Trial », incarne le chaos à la perfection. Je prends énormément de plaisir à collecter des bonus et à éliminer des ennemis sur le champ de bataille ouvert. Le sentiment d’avoir construit un bolide extrêmement puissant, que j’arrive à peine à contrôler, n’a pas de prix.

La décision de s’affranchir des aspects frustrants des jeux en service continu est tout à fait louable. Le revers de la médaille, c’est que j’aimerais voir davantage de contenu dans certains modes et que cela n’arrivera jamais.

Pro

  • concept de jeu et commandes uniques
  • mode « City Ride » génial
  • bande-son accrocheuse
  • pas de DLC, pas d’extension, « Kirby Air Riders » est un jeu fini
  • performance de haut niveau...

Contre

  • ... mais graphismes médiocres
  • j’en attends plus, surtout en modes solo et « City Trial »
Nintendo Kirby Air Riders (Switch 2, Allemand, Français, Italien)
Jeu vidéo
Nouveau
CHF69.90

Nintendo Kirby Air Riders

Switch 2, Allemand, Français, Italien

Photo d’en-tête : Nintendo

Cet article plaît à 19 personne(s)


User Avatar
User Avatar

Ma passion pour les jeux vidéo s'est éveillée au jeune âge de cinq ans avec la Gameboy originale et a grandi à pas de géant au fil des ans.


Gaming
Suivez les thèmes et restez informé dans les domaines qui vous intéressent.

Critique

Quels sont les films, séries, livres, jeux vidéos ou jeux de société qui valent vraiment la peine ? Recommandations basées sur des expériences personnelles.

Tout afficher

Ces articles pourraient aussi vous intéresser

  • Critique

    Test de « The Outer Worlds 2 » : le meilleur d’Obsidian

    par Domagoj Belancic

  • Critique

    "Légendes Pokémon : Z-A" à l'essai : moyen, mais je m'amuse quand même

    par Cassie Mammone

  • Critique

    « Hyrule Warriors : Les Chroniques du Sceau » : un spectacle d’action pour les super fans

    par Domagoj Belancic

10 commentaires

Avatar
later