
Blackberry KeyTwo: une stratégie mûrie?

Le Blackberry KeyTwo, le dernier né de l'entreprise TCL Communications, s’affiche au grand jour. Ce téléphone ne s’adresse pas à n’importe qui, mais plutôt aux inconditionnels d’une marque qui, aux yeux de certains, est finie, même si elle n’a pas encore dit son dernier mot.
Berlin, hôtel Marriot. Il n’y a rien qui distingue cette entrée de celles d’autres établissements hôteliers. Le premier étage arbore discrètement deux bannières à l’effigie d’une marque qui a son public: il s’agit de Blackberry. Cette marque culte, revenue sur le devant de la scène l’an dernier grâce au KeyOne, présente son tout dernier né: le BlackBerry KeyTwo, écrit «Key²» par le fabricant, pour plus de style.
Et il fallait s’y attendre, le clavier est fidèle à son poste.
Une progression assumée
François Mahieu, Global Head of Sales chez Blackberry, tire le bilan de l’année dernière: l’histoire du KeyOne est un succès, même s’il est considéré comme un produit de créneau uniquement. Selon lui, les fans l’ont adopté et Blackberry a beaucoup appris du passé.
Logan Bell, Senior Product Manager chez Blackberry depuis 2011, évoque la marque. De nos jours, le temps constitue la ressource la plus précieuse. «Nous vivons dans une société qui optimise l’emploi du temps», déclare-t-il. Dans les files d’attente, on lit ses messages, on consulte ses profils sur les réseaux sociaux, etc.

Par ailleurs, la sécurité joue un rôle de plus en plus important. À l’instar du design naturellement. Il emboîte ici le pas à de nombreux modèles de cette année. Honor présente une surface qui se décline dans 36 couleurs différentes, Huawei se démarque par un effet de dégradé. OnePlus est proposé en «Silk White», une sorte de blanc mate. Le KeyTwo est disponible, quant à lui, en deux coloris:
- noir mat;
- métal.
Le noir mat ressemble à un smartphone tel qu’on se l’imagine: c’est-à-dire noir et mat. Même s’il est beau et élégant, cela ne suffira pas à décrocher un quelconque prix du design. De ce fait, la star est bel et bien ce téléphone couleur métal.

Le métal est très beau – même si les touches de l’emblématique clavier restent noires – et l’arrière est recouvert de plastique noir profilé, ce qui est censé optimiser sa prise en main.
Le KeyTwo: la crème de la crème des Blackberries?
Si le KeyOne s’apparentait à un coup d’essai, le KeyTwo est, quant à lui, une réussite, explique Logan. La coque en métal n’y est pas pour rien, que ce soit d’un point de vue optique ou haptique. L’arrière présente un relief et les lignes sont élégantes.
D’une épaisseur de 8,5 millimètres et d’un poids de 168 grammes, cet appareil pourra sans problème rivaliser avec ceux des grandes marques. Les boutons deviennent plus faciles d’accès au pouce d’un droitier dans la mesure où ils sont placés sur la tranche droite.

Le KeyTwo embarque une puce Qualcomm Snapdragon 660, 6 Go de RAM et 64 Go de mémoire interne avec un emplacement pour carte SD.
Le public cible de Blackberry aimant passer des appels, le téléphone est doté d’une fonction de réduction du bruit permettant d’améliorer les échanges verbaux. On y trouvera également toute la suite Google, Google Assistant et Google Lens. Le KeyTwo est doté de deux capteurs photo de 12 mégapixels, dont un en zoom deux fois.
«Il faut absolument préciser que le KeyTwo tourne sur Android», me lance un type en costard noir à l’issue de cette présentation, «car beaucoup pensent que Blackberry fonctionne encore sous son ancien système d’exploitation propriétaire». Ah, je vois. Ok. Je m’exécute donc: ce petit appareil tourne sous Android. On peut donc y installer toutes les applications du Google Play. Peut-on maintenant se parler comme deux adultes?
Jusqu’à maintenant, tout semble plutôt standard. Mais question batterie, le KeyTwo sort du lot. En effet, elle est intelligente. Laissez-moi vous donner un exemple: imaginons que vous ayez une réunion à 16 h, heure à laquelle un smartphone lambda arriverait vite à bout de souffle après avoir servi toute une journée. Son système intelligent de gestion de la batterie – qui apprend des habitudes de chargement – indique le meilleur moment pour recharger le téléphone afin d’avoir assez d’autonomie jusqu’au prochain rendez-vous. En somme, vers 15 h, vous saurez qu’il sera temps de le recharger, car vous avez un empêchement plus tard. Si ça fonctionne, alors le monde des smartphones devra une fière chandelle à Blackberry. Même sans cette option d’optimisation de la batterie, le téléphone dispose d’une autonomie pouvant aller jusqu’à deux jours dans des conditions normales d’utilisation.
L’essentiel: le clavier
Le KeyOne est la preuve qu’un clavier physique a encore de beaux jours devant lui. Le constructeur canadien fait dorénavant partie intégrante d’une holding détenant les droits et les brevets sur la marque. En 2016, la société TCL Communication reprend à BlackBerry la licence de fabrication matérielle. Après quelques tentatives infructueuses, Blackberry a retrouvé son souffle avec le KeyOne.

Pour le KeyTwo, TCL/Blackberry s’est appuyé sur le KeyOne, dans la mesure où il n’existe encore aucun point de référence pour les smartphones modernes avec clavier physique, à l'exception du Blackberry Priv, le flop de 2015. C’est pourquoi les ingénieurs de Blackberry ont considéré ce qui a été fait précédemment. En effet, les téléphones de référence sont le Blackberry 10, ainsi que ses prédécesseurs, tels que ceux de la série 9900 et le KeyOne. BlackBerry en a tiré des enseignements et propose dorénavant:
- touches 20% plus grosses;
- bords moins épais pour un écran plus large et légèrement décalé vers le haut;
- nouvelle police d’écriture des touches;
- configuration de l’éclairage du clavier;
- clavier faisant office de pavé tactile avec mouvement de balayage.
Certes, il n’y a rien d’inédit ici, mais ces caractéristiques ont de quoi séduire.
Blackberry a intégré la fameuse Speed Key qui permet d’activer des raccourcis personnalisables: SK+W ouvre WhatsApp. SK+Q compose le numéro de votre maman ou toute autre personne que vous aurez préalablement configurée. Les utilisateurs avertis seront aux anges.
De plus, on peut définir des raccourcis à pression longue. Autrement dit, en maintenant la touche Q enfoncée, le KeyTwo ne compose non pas le numéro de votre maman, mais celui de votre papa par exemple.
Grâce à cette fonctionnalité, on peut en théorie enregistrer sur deux plans – pression courte et pression longue – un maximum de 34 x 2 raccourcis, soit 68 au total, à condition de pouvoir également configurer les touches de fonction Sym, Retour arrière, Alt, Entrée, Maj, Espace et Microphone.
À la question: «Le KeyTwo Blackberry tient-il la route?», je ne peux pas répondre, car je l’ignore. J’ai eu l’appareil entre les mains une petite demi-heure, j’ai un peu testé les caractéristiques, visionné une vidéo et fait quelques photos. Je suis sûr que le KeyTwo fonctionnera comme il se doit et que Blackberry, avec le chemin qu’il empreinte, exploitera au mieux le créneau choisi.
De ce fait, si vous vous décidez pour un KeyTwo, je serais curieux de connaître votre avis sur la question.


Journaliste. Auteur. Hackers. Je suis un conteur d'histoires à la recherche de limites, de secrets et de tabous. Je documente le monde noir sur blanc. Non pas parce que je peux, mais parce que je ne peux pas m'en empêcher.