
Microsoft Surface Studio 2
Intel Core i7-7820HQ Intel Core i7-7820HQ, 32 Go, 1000 Go, GeForce GTX 1070
Le nouveau Surface Studio est d’ores et déjà disponible. Il est certes plus rapide que le modèle précédent et l’écran est meilleur, mais peine à convaincre totalement en raison de la vétusté de ses composants.
J’ai fait l’expérience du Surface pour la première fois en 2009. 2009? Microsoft n’a-t-il pas attendu 2012 pour lancer sa gamme Surface? me direz-vous. C’est vrai, mais avant cela, le Surface existait déjà sous forme de table basse tactile. Le Surface version 1.0 est sorti en 2008. La deuxième version commercialisée en 2012 a été rapidement rebaptisée Pixelsense par Microsoft pour éviter toute confusion avec le Surface d’origine. Mais pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela? Parce qu’en travaillant avec le Surface Studio 2, j’ai un peu eu le sentiment de revenir en 2009. L’écran s’incline tellement que j’avais l’impression de travailler sur une table.
Le Surface Studio 2 s’adresse aux esprits créatifs spécialisés dans le graphisme. C’est pourquoi j’ai demandé à notre photographe officiel Thomas Kunz d’essayer aussi ce produit. Il vous donnera ses impressions dans cet article. Quant à moi, je me concentrerai sur les tests de performance et l’écran.
Microsoft Surface Studio 2
Intel Core i7-7820HQ Intel Core i7-7820HQ, 32 Go, 1000 Go, GeForce GTX 1070
En matière de design, Microsoft n’a rien changé par rapport à la version précédente. Oui, vous avez bien lu: absolument rien n’a changé. Même pas les dimensions. Ok, j’exagère un peu. Le Mini DisplayPort a été remplacé par un port USB Type-C 3.1. Les modifications extérieures s’arrêtent là, mais ce n’est pas si grave. Le modèle précédent était une réussite et son successeur attire lui aussi tous les regards. Microsoft a créé un design emblématique pour le Surface Studio, pourquoi le modifier?
Comme je l’ai dit, la connectique n’a pas beaucoup changé. En plus du port USB Type-C 3.1 cité plus haut, le Studio 2 dispose de quatre ports USB Type-A 3.0, 1 port Gigabyte Ethernet, un emplacement pour carte SD et une prise jack 3.5. On notera l’absence de port Thunderbolt 3. Les technologies Wi-Fi 802.11ac et Bluetooth 4.0 permettent les communications sans fil.
Le Surface Studio 2 est livré avec le Surface Pen, un clavier et une souris. Cette dernière est tellement désagréable à utiliser et peu fiable que je recommande de l’échanger sans attendre. Pour le prix du Studio 2, Microsoft aurait pu fournir une souris digne de ce nom, après tout, la marque en fabrique aussi. Le clavier est tout à fait acceptable, mais si vous préférez les claviers mécaniques, n’hésitez pas à le changer aussi.
En tant qu’utilisateur de longue date des tablettes graphiques Wacom, j’aime travailler avec un stylet. Je tenais absolument à tester le Surface Studio. Voilà ce que j’en dis:
le grand écran s’incline facilement. Ma position préférée est à plat sur le bureau. C’est confortable. Je peux poser toute la main avec le stylet sur l’écran et la surface n’enregistre que les mouvements du stylet. J’apprécie aussi la possibilité de faire pivoter et de zoomer par de simples mouvements des doigts. La courte période du test ne m’a pas vraiment permis d’apprivoiser pleinement le Dial. Travailler avec a été une expérience pour moi. Je pense que le workflow peut nettement s’accélérer et gagner en précision par rapport à la souris. C’est une belle machine rapide facile à utiliser.
L’écran du Surface est à couper le souffle. Vous ne pourrez qu’être émerveillé par cet écran de 28 pouces en format 3:2. Les couleurs et le contraste sont superbes. L’écran multitactile 10 points offre une définition de 4500 × 3000 (192 ppi).
Pour l’instant, aucune autre information n’a été communiquée. J’ai donc utilisé notre colorimètre pour effectuer quelques mesures. Concernant l’espace chromatique, j’ai obtenu les mesures suivantes:
Ce sont des valeurs honorables. Dommage qu’elles ne suffisent pas pour obtenir autour de 100 % de l’espace chromatique Adobe RGB. Cela risque en effet de disqualifier l’écran pour certains graphistes qui élaborent des supports destinés à la phase finale d’impression. Je mesure ensuite la luminosité de l’écran. Microsoft l’a améliorée par rapport à la version précédente. J’ai obtenu 519 à 606 nits avec la luminosité réglée au maximum. Cela signifie que l’écran n’est pas éclairé de manière tout à fait homogène, mais avec des valeurs aussi élevées, je n’ai remarqué aucune différence à l’œil nu. Les valeurs mesurées révèlent toutefois que la luminosité diminue dans la partie inférieure et que la valeur la plus basse a été relevée en bas à gauche.
Avec la luminosité réglée au maximum, j’ai aussi relevé un niveau de noir de 0,44 nit. Cela donne un contraste de 1377:1.
En tant que gamer, on a de quoi faire la tête à la vue des composants installés sur le Studio 2. L’Intel Core i7-7820HQ est un processeur de notebook de septième génération qui a déjà deux ans. L’unité graphique est une GTX 1070 mobile. Avec ses deux ans et demi, elle est encore plus ancienne que le processeur. Encore heureux, il s’agit de la version mobile 1070 complète et non du design Max-Q allégé pour les notebooks ultrafins. Il faut dire que le Studio 2 n’est pas pensé pour les gamers, mais pour les créateurs. C’est pourquoi le système embarque aussi 32 Go de RAM dont ont besoin les programmes graphiques exigeants. Il a abandonné le disque hybride du modèle précédent au profit d’un SSD de 1 ou 2 To.
Pour les tests de performance, j’opte pour Cinebench R15, Geekbench 4 et Adobe Photoshop CC Benchmark de Puget Systems.
Je commence tout de suite avec le test Photoshop. Un script fait effectuer à Photoshop plusieurs actions. Les temps sont enregistrés et comparés à un système de référence, ce qui donne un score. J’effectue le test standard. Le système de référence comprend l’équipement suivant: Intel Core i9 9900K, NVIDIA GeForce RTX 2080, 64 Go de RAM et un SSD Samsung 960 Pro. Vous trouverez plus d’informations sur ce test ici.
Sur toutes les actions, Studio 2 atteint un score de 738 sur 1000. Lorsque je pense que le système de référence possède des composants très récents et que ceux du Studio 2 sont relativement anciens, c’est un résultat respectable. Avec la charge de travail, le bruit du ventilateur est assez fort. Comme j’ai l’habitude des PC de gamer avec beaucoup de ventilateurs, cela ne m’a pas particulièrement dérangé. Mais je peux imaginer que d’autres personnes seront gênées par le bruit.
Ces bons résultats sont toutefois vite ternis par le Cinebench R15. Là, j’obtiens un CPU Score de 758 et un OpenGL Score de 105 fps. Au point de vue de la performance, le Studio 2 est comparable à celui du Lenovo YOGA (730-15IKB) testé l’année dernière par mon collègue Martin Jud. Ce résultat est dû au même problème que sur l’ultrabook. La construction compacte du Surface Studio 2 empêche un bon refroidissement. Les composants sont très proches les uns des autres et la fente d’aération ne permet pas une circulation de l’air suffisante.
Passons maintenant au Geekbench 4. Il s’agit d’un test de performance multiplateforme. Il fonctionne sur Windows, MacOS, Linux, Android et iOS. Dans la version 4 du test de performances CPU, la valeur de base de 4000 points reflète les performances d’un Intel Core i7-6600U cadencé à 2,60 GHz. En plus des scénarios réels simulés, utilisés pour tester les CPU (single core et multi core), Geekbench peut aussi déterminer les performances GPU dans le domaine du traitement d’image et de la vision par ordinateur. Vous pouvez aussi comparer les résultats avec d’autres systèmes en utilisant Geekbench-Browser. Voici les résultats du Surface Studio 2:
Si vous souhaitez voir les résultats du benchmark en détail:
Le Microsoft Surface Studio 2 est hors compétition. Pourquoi? Parce qu’il n’existe aucun produit comparable. Aucun AiO n’est aussi polyvalent que le Studio 2 compatible avec le stylet et la molette appelée Dial. L’écran est une merveille, même s’il n’atteint pas 100 % de l’espace chromatique Adobe RGB. Les esprits créatifs trouveront d’innombrables possibilités de travailler avec cet outil.
Côté performances, on peut toutefois trouver bien mieux, surtout à ce prix-là. Je sais que le Surface Studio 2 s’adresse à une clientèle spécifique pour laquelle les performances proposées suffisent. Je ne comprends cependant pas pourquoi Microsoft intègre des composants dépassés. Pas besoin d’un processeur ou d’une carte graphique de toute dernière génération, mais s’il vous plaît, pas non plus des composants déjà âgés de deux ans ou plus. Si Microsoft avait au moins intégré un port Thunderbolt 3, il aurait été possible de raccorder un eGPU et, si besoin, de booster les performances du produit. La machine aurait été ainsi un peu plus durable.
L’achat du Surface Studio 2 en vaut-il la peine pour les possesseurs du précédent? Non, le gain de performance pour les créatifs n’est pas assez important pour justifier l’investissement de 4300 francs que représente le nouveau modèle.
L’achat du Surface Studio 2 en vaut-il la peine pour les créatifs qui n’ont pas encore de Surface Studio? Seulement s’ils en ont les moyens et qu’ils accordent plus d’importance au design qu’à la performance.
Mais alors, à qui conseiller cet achat? A ceux qui ont le budget, veulent posséder un bel objet et qui travaillent dans la création pour véritablement utiliser l’écran. Ou les personnes qui ne remplissent que les deux premiers critères.
Tous les autres ont plutôt intérêt à acheter ou à assembler un PC puissant. Comme le Studio 2 possède des composants aussi utilisés dans les notebooks, ils peuvent se tourner vers des processeurs ou des cartes graphiques plus petits, mais modernes. Ceux-ci seront de toute manière plus efficaces grâce à la meilleure ventilation des PC. Ajoutez à cela un écran et une tablette graphique et la facture sera toujours moins élevée que pour un Surface Studio 2. L’ensemble aura juste l’air un peu moins élégant.
La technologie et la société me fascinent. Combiner les deux et les regarder sous différents angles est ma passion.